Depuis quelques années, Monsieur Alex poste des sketchs sur les réseaux sociaux, mettant en scène ses parents Bernard et Sylvie, et plus généralement leur famille originaire du Nord. Des vidéos humoristiques devenues une véritable affaire de famille, que le créateur de contenu espère continuer à développer.
Comédien, scénariste, réalisateur, influenceur... Du haut de ses 32 ans, Alexandre Sallio multiplie les casquettes, comme un Shiva de l'audiovisuel. Le Lillois possède une énergie difficile à canaliser, qu'il tente de rediriger dans ses productions, qu'il diffuse sur les réseaux sociaux depuis neuf ans.
C'est certainement grâce à ce dynamisme que "Monsieur Alex" (pseudo du créateur de contenu) peut avoir dix idées à la seconde et alimenter ses réseaux sociaux, qui cumulent près de 2 millions d’abonnés et plus de 800 millions de vues.
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Les plus anciens de la génération Z l'auront peut-être connu à ses débuts sur YouTube, en 2015, lorsqu'il postait plutôt des "pranks", des caméras cachées à la François Damiens ou à la Jean-Yves Lafesse. Ou des vidéos type "podcast", devenues tendances dans les années 2010 grâce à Cyprien, Natoo ou encore Le Rire jaune.
L'influence des années 2010
Aujourd'hui, Alexandre a fait un petit virage dans ses formats, qui continuent de miser sur l'humour, mais plutôt sous forme de sketchs courts ou de mini-web séries mettant souvent ses parents en scène. "On va dire que 80% de mes sketchs sont inspirés de ma vie réelle, les trois personnages : ma mère, mon père et moi, sont plutôt fidèles à leur vraie personnalité", avoue le réalisateur.
On va dire que 80% de mes sketchs sont inspirés de ma vie réelle, les trois personnages : ma mère, mon père et moi, sont plutôt fidèles à leur vraie personnalité.
Alexandre Sallio, comédien et vidéaste
Heureusement, contrairement au personnage principal de ses histoires également prénommé Alexandre, le YouTubeur est loin d'être un "Tanguy", jeune adulte qui peine à quitter le domicile de ses parents. Parti de leur maison de Bugnicourt (Nord) lorsqu'il avait 18 ans, Alexandre (le vrai cette fois) s'est d'abord lancé pendant cinq ans dans des études de droit, au cours desquelles il postait ses vidéos sur YouTube de façon sporadique.
À 21 ans, il s'est finalement découvert une passion pour le théâtre, en prenant des cours avec des associations de Lille, qui l'ont mené jusqu'au conservatoire de Roubaix et aux ateliers du Sudden à Paris. "Mais je suis vite retourné à Lille. Le Nord me manquait, je n'étais pas aussi heureux en étant loin d'ici et de ma famille."
Une affaire de famille
Il faut le dire, même si Alexandre s'est rapidement émancipé de ses parents, ils n'en restent pas moins très fusionnels. "On a toujours été proches, c'est rare qu'on passe 15 jours sans se voir", précise le vidéaste, justement au téléphone dans le salon de ses parents, Bernard et Sylvie. "Même si on n'habite plus ensemble, une fois par an on part en vacances à quatre, avec mon frère qui habite à Orléans. On est une famille vraiment unie."
On a toujours été proches, c'est rare qu'on passe 15 jours sans se voir.
Alexandre Sallio
Alors dès qu'Alexandre a mentionné de son projet de web série à ses parents, ils ont tout de suite été partants pour l'aventure. Sa mère, assistante maternelle, tenait déjà des petits rôles dans son contenu posté sur YouTube, faisant une apparition dès sa deuxième vidéo. Son père par contre, a mis plus de temps à passer de l'autre côté de la caméra.
@monsieuralexoff Aujourd'hui, c'est au tour de mes parents de répondre à vos questions
♬ son original - Monsieur Alex
"Au début il travaillait encore, donc il n'était souvent pas là quand on filmait. Il faisait des voix, tenait le téléphone mais à force d'accompagner il s'est pris au jeu et maintenant je ne pense pas qu’il se voit arrêter", plaisante Alexandre, en expliquant que Bernard et Sylvie se font désormais reconnaître même lorsqu'ils font leurs courses. "Un jour mon frère les a accompagnés au supermarché et en revenant il m'a dit : «T'aurais dû me dire que je me baladais avec Beyoncé et Jay Z ! »".
Des sketchs qui se prennent au sérieux
Si ces sketchs tournés au téléphone représentent l'activité professionnelle principale d'Alexandre Sallio, ses tournages restent encore artisanaux. Sans aucune formation en cinéma ou en audiovisuel, le jeune homme explique avoir beaucoup appris grâce aux tutos sur internet. "Quand je revois mes premières vidéos je me dis « qu’est-ce que c’est que ça ?! »... Et j’espère que je dirai la même chose de mes vidéos actuelles dans cinq ans."
Quand je revois mes premières vidéos je me dis « qu’est-ce que c’est que ça ?! »... Et j’espère que je dirai la même chose de mes vidéos actuelles dans cinq ans.
Alexandre Sallio
En neuf ans, il est vrai que ses vidéos sont devenues plus professionnelles, lui permettant de gagner un véritable salaire à partir du contenu qu'il produit. Mais pour ce faire, pas de place à l'improvisation, tout doit être plus encadré : Alexandre se rend tous les mercredis chez ses parents pour filmer trois vidéos avec eux. "Ma mère travaille encore, mais elle a réussi à dégager son milieu de semaine, ça permet de mieux nous organiser. Là on a des vidéos prévues jusqu'à fin avril !"
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Écriture, tournage, montage. Pour suivre ce rythme, Monsieur Alex a créé sa propre boîte de production en août 2023, une société au sein de laquelle il continue de s'autoproduire, embauchant même une salariée à plein temps. De quoi préparer l'avenir pour ses productions, qu'il espère continuer de faire évoluer.
Sortir de la case humour
En plus des réseaux sociaux, Alexandre, en touche-à-tout qui se respecte, a de grands projets en tête pour se renouveler : depuis un an, il espère se lancer dans le cinéma et les courts métrages. Il a donc entamé plusieurs formations, pour en apprendre plus sur le métier de scénariste ou sur le découpage technique. Des bases qui lui ont par exemple été utiles lors de la réalisation de son premier court, qui sera diffusé dans le cadre du festival 1minute2court.
Bien évidemment, Monsieur Alex ne compte pas oublier sa web série, continuant de proposer de nouveaux concepts chaque année, mais il espère ne pas s'être enfermé dans une case dont il ne pourra jamais sortir. "Je n'ai pas envie d'être collé à la case sketch, j'ai aussi envie de jouer des rôles plus sombres... C'est important de le marquer rapidement pour pas être trop catalogué. Pour moi je n'en suis qu'au début et j'ai encore beaucoup à donner."