Face à des niveaux d'hospitalisation sans précédent depuis 10 ans engendrés par l'épidémie de bronchiolite, le ministre de la Santé a annoncé le déclenchement du plan d'urgence national à l'hôpital.
C’est un signal qui en dit long sur la virulence de l’épidémie de bronchiolite. Ce mercredi 9 novembre, le ministre de la Santé a annoncé le déclenchement du plan d’urgence national à l’hôpital pour faire face à l’augmentation du nombre de cas de bronchiolite chez les enfants de moins de 2 ans.
Dans le dernier bulletin sanitaire publié ce jour, Santé Publique France pointe des "nombres de passages aux urgences et d'hospitalisations pour bronchiolite très élevés et à des niveaux supérieurs à ceux observés aux pics épidémiques depuis plus de 10 ans".
Prévu pour les situations exceptionnelles, ce plan va allouer à chaque agence régionale de santé (ARS) des moyens supplémentaires pour que les services pédiatriques puissent faire face à l’affluence enregistrée, alors que la bronchiolite contamine chaque année 30% des enfants de moins de 2 ans. Contactée, l’ARS des Hauts-de-France n’avait pas encore décidé des mesures qui allaient être mises en place dans les prochains jours.
L'épidémie présente depuis début octobre dans les Hauts-de-France
Dans les cinq départements de la région, l’épidémie est apparue depuis le début du mois d’octobre. Il y a deux semaines, une équipe de France 3 Hauts-de-France avait pu rencontrer François Dubos, chef du service pédiatrie du CHU de Lille.
Le professionnel alertait déjà sur la situation dans les services des établissements de la métropole lilloise, "complétement saturés", à cause notamment de la "fermeture de lits par manque de personnel". Avec 5 000 autres professionnels de santé, il avait alors écrit une lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron.
La situation est toujours "très très chargée", commente-t-on aujourd’hui au CHU de Lille, sans pour autant avoir de données chiffrées. Et la pression n’est pas prête de retomber. L’épidémie devrait se poursuivre jusqu’au mois de janvier.
216 enfants hospitalisés durant la dernière semaine d'octobre
Pour se rendre compte du phénomène, il faut se replonger dans les bulletins de surveillance sanitaire des années précédentes dans les Hauts-de-France, en comparant les hospitalisations enregistrées durant la dernière semaine d’octobre (derniers chiffres disponibles sur Santé Publique France).
- En 2021, 89 enfants de moins de deux ans avaient été hospitalisés à l’issue d’une consultation aux urgences pour bronchiolite cette semaine-là, soit 30% de la part totale des hospitalisations
- En 2020, alors que le pays faisait face à une vague de Covid, 18 enfants avaient été hospitalisés pour bronchiolite, soit une hospitalisation sur 10
Cette année, 216 enfants ont été hospitalisés pour soigner une bronchiolite durant la dernière semaine d’octobre dans les établissements des Hauts-de-France, représentant une hospitalisation sur deux. Un chiffre alarmant : 2,5 fois plus d’enfants ont été hospitalisés pour bronchiolite dans les établissements de la région par rapport à l’année précédente à la même période.
Quels sont les symptômes et quand s’inquiéter ?
La bronchiolite atteint les petites bronches et touche les enfants de moins de 2 ans. Elle se transmet facilement d’une personne à l’autre via la salive, la toux et les éternuements et peut rester sur les mains et les objets.
Cette maladie, qui se caractérise par une gêne respiratoire dont les signes sont une toux et une respiration sifflante et rapide. Dans la plupart des cas bénigne, elle peut évoluer plus gravement chez certains nourrissons.
Quand alors se rendre à l’hôpital ? "C’est plus grave chez les petits enfants de moins de 2 mois, précise le docteur Dubos. Les parents doivent s’inquiéter quand l’enfant ne boit pas bien, c’est-à-dire quand il boit moins de 50% de ses rations alimentaires sur une journée. Cela veut dire qu’il fait trop d’efforts pour respirer et qu’il est gêné pour s’alimenter. Enfin, la gêne respiratoire peut être importante et la coloration de l’enfant altérée. Ce sont des signes d’alerte".
Le chef du service pédiatrie du CHU de Lille rappelle enfin qu’il est primordial de respecter les gestes barrières - port du masque et lavage régulier des mains – lorsqu’un membre de la famille a un rhume. "Ça permet de limiter la diffusion de l’infection au bébé", conclut-il.