La ville de Lille présentait ce 4 février son budget 2022 et sa politique de réduction des inégalités. La municipalité concentre particulièrement ses efforts sur la transition écologique. Elle s’engage même à produire une "notation climat" pour ses partenaires bancaires.
La ville de Lille a affiché ses hautes ambitions sur le sujet de la transition écologique, lors de la présentation de son budget 2022, ce 4 février. Marion Gautier, la conseillère municipale déléguée au Budget, a ouvert la conférence en présentant un nouveau dispositif que la mairie compte instaurer prochainement : la notation des prêteurs.
Comme toutes les grandes villes, Lille emprunte chaque année une somme conséquente auprès des banques, afin de financer ses projets. En 2022, on parle d'emprunts à hauteur de presque 73 millions d'euros. Cette opération financière de haute voltige nécessite une consultation des partenaires bancaires, pour comparer les offres. C'est là que la mairie de Lille compte bien imposer ses exigences écologiques.
Pas d'efforts pour le climat, pas de partenariat
"On souhaite demander à nos partenaires bancaires de s'engager sur le volet extra-financier, notamment en leur demandant la part de projets d'énergies fossiles qu'ils financent. Nous voulons les sélectionner en fonction des engagements qu'ils prennent et des choix qu'ils font, a détaillé Marion Gautier. L'idée est de voir comment la ville, en tant qu'utilisateur du système bancaire, peut inciter les autres à s'engager sur les sujets liés à l'urgence climatique. Des associations ont déjà engagé ce travail de notation des prêteurs, et on souhaite aller vraiment plus loin avec notre propre questionnaire à adresser aux banques."
Ce dispositif, encore très peu exploré en France, s'inscrit dans une démarche plus globale menée par la mairie de Lille. Le budget "pour la transition écologique et la justice sociale" a augmenté de 26%, pour atteindre 115 millions d'euros. Dans ce cadre, la ville a été en mesure de contracter de nouveaux "emprunts verts", auprès de la banque des territoires et de la NEF. Pour être débloqués, ces fonds doivent être investis dans une action favorable à l'environnement.
En 2022, Lille compte par exemple financer l'entretien de ses jardins publics et de ses nouveaux arbres, ou encore engager un travail de filière afin de viser 50% d'aliments issus de l'agriculture biologique dans les cantines scolaires.
Les prix de l'énergie compliquent la donne
Mais le chantier le plus massif est sans doute celui de la rénovation énergétique. Sur les 6 ans du mandat, une enveloppe de 54 millions d'euros y est consacrée. En plus d'améliorer le bilan carbone de la ville, la disparition progressive des passoires thermiques a un autre bénéfice. "Plus on rénove de bâtiments, moins ils consomment en énergie, moins on est dépendants des prix de l'énergie. on est contents d'avoir déjà mené ces actions. On arrive à maîtriser cette hausse des prix conjoncturelle par des actions structurelles", s'est félicitée Audrey Linkenfeld, première adjointe en charge de la transition écologique.
"Il n'empêche qu'on paie du chauffage, de l'électricité, à des prix qui fluctuent car nous ne bénéficions pas du bouclier tarifaire. Dans le budget 2022, la part de nos dépenses favorables à l'environnement a augmenté parce qu'on a acheté de l'électricité verte dans des volumes beaucoup plus conséquents. Il nous coutait déjà plus cher, parce qu'il est plus vert. C'est un choix politique délibéré, mais c'est une dépense importante et aujourd'hui nous avons une visibilité minimale. C'est l'une des incertitudes de ce budget" a-t-elle ensuite détaillé.
Concernant le gaz, la municipalité bénéficiera encore en 2022 d'un prix fixe dans le cadre d'un contrat déjà signé, qui expirera en décembre. Pour l'électricité et les autres dépenses énergétiques "il est difficile de donner un chiffre précis, mais on s'oriente vers 1,5 millions d'euros de frais supplémentaires." Les collectivités auraient engagé un dialogue avec l'Etat pour tenter d'alléger cette charge financière.