Le conseil municipal de Lille adopte un moratoire sur la 5G, une "tartufferie incompréhensible" pour le gouvernement

Le conseil municipal de Lille a adopté dans la nuit de vendredi à samedi un moratoire sur le déploiement de la 5G, jusqu'à la publication d'un rapport attendu de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Cédric O, secrétaire d'Etat au numérique, dénonce une "tartufferie incompréhensible".

"Parce que nos doutes persistent tant du point de vue sanitaire que de la sobriété numérique sur le déploiement de la 5G, nous avons voté (...) un moratoire. Il est urgent d'attendre !" Au terme du conseil municipal vendredi 9 octobre, la maire de Lille Martine Aubry a résumé dans un tweet la position de la majorité sur le déploiemenent de la 5G.

La motion adoptée prévoit de surseoir, sur le territoire de la commune, "à toute autorisation d'implantation ou d'allumage d'antennes test liées à la technologie 5G" jusqu'à la publication au printemps 2021 d'un rapport attendu de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

"Avant de pouvoir affirmer que la 5G représente à coup sûr un progrès pour nos villes et leurs habitants, il nous semble que plusieurs zones d'ombre (...) doivent encore être éclaircies", expliquent les élus dans la motion, présentée par la majorité municipale, le groupe Lille en commun.

"Plusieurs zones d'ombre"

Parmi celles-ci, la santé publique, la dimension économique, la sobriété numérique ou encore l'opportunité d'un tel déploiement. 

"Les rapports officiels publiés ces derniers mois sur l'impact sanitaire de la 5G ne permettent toujours pas aux instances les plus compétentes d'exclure tout risque réel sur les populations en lien avec l'exposition à cette nouvelle technologie."

Elus du groupe Lille en commun

Les élus s'interrogent aussi sur "le haut niveau des investissements induits", dans le "contexte financier difficile" lié à l'épidémie de Covid-19, ou encore sur "l'utilité réelle" de cette technologie qui contraindra particuliers et professionnels "à renouveler leurs produits électroniques en dépit de toute considération liée à leur durabilité".

Stéphane Baly, conseiller municipal EELV et ex-candidat à la mairie de Lille, s'est félicité du moratoire adopté par la majorité municipale, tout en rappelant qu'il était le seul candidat à en avoir fait un argument de campagne.  Dans la délibération votée lors du conseil municipal, Martine Aubry demande également l'organisation d'un "grand débat métropolitain" sur ce sujet de société avant la fin de l'année 2020.

"Un moratoire de posture" pour l'opposition

"La majorité se cache derrière les peurs et critique le gouvernement en gesticulant plutôt que d'argumenter et d'écouter nos scientifiques lillois. Un moratoire de posture, sans effet juridique", a tweeté dans la soirée l'une des principales opposantes à Martine Aubry au conseil municipal, Violette Spillebout (ex-candidate LREM à la mairie).

Mme Spillebout en veut pour preuve que la mairie de Lille a déjà rendu "20 avis défavorables au passage d'antennes de la 4G à la 5G l'année dernière", qui sont restés sans effet car seulement consultatifs. Une commune n'a pas la compétence de "réglementer de façon générale l'implantation des antennes relais de téléphonie mobile", pouvoir réservé aux autorités nationales, avait établi le Conseil d'Etat en 2011.

"Le principe de précaution ne permet pas à une autorité publique d'excéder son champ de compétence", affirmait également le juge administratif. Toutefois, le gouvernement et le principal opérateur français ont donné des gages ces derniers mois, assurant qu'ils prendraient en compte les réticences locales.

"Une tartufferie incompréhensible" pour le secrétaire d'Etat au numérique

Le moratoire voté par la ville de Lille sur le déploiement de la 5G est une "tartufferie incompréhensible" venant d'une ancienne ministre, Martine Aubry, estime dimanche le secrétaire d'Etat au numérique, Cédric O, dans le Parisien.

M. O annonce néanmoins une augmentation des contrôles des émissions d'ondes électromagnétiques pour rassurer maires et collectivités.

"Dire qu'il y a encore des incertitudes sur les fréquences utilisées pour la 5G, c'est mentir aux Français."

Cédric O, secrétaire d'Etat au numérique

"On ne va pas forcer les Français, et les maires en particulier, à accepter quelque chose dont ils ne veulent pas", avait de son côté assuré en juillet le patron d'Orange Stéphane Richard. "Orange prends acte de ce vote que nous allons étudier", a indiqué samedi l'opérateur. "Pour autant, dans le cadre de la loi et de ses engagements (...), l'opérateur se doit de préparer au mieux l'arrivée de la 5G et souhaite continuer à travailler en bonne intelligence avec les collectivités locales pour engager les déploiements", a-t-il poursuivi.
 
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