Yannick Noah a estimé que "certains joueurs de l'équipe de France n'étaient pas assez prêts par le passé", dimanche dans un entretien auprès de l'AFP à Marcq-en-Baroeul, lieu de préparation avant la finale de Coupe Davis contre la Belgique.
Comment se déroule la préparation?
"La semaine a été très intense et chargée, avec quatre joueurs (Tsonga, Pouille, Benneteau, Gasquet) au départ. Cela s'est vraiment très bien passé. Physiquement, ils ont assimilé des doses de travail assez importantes. Mentalement, ils étaient bien. On est vraiment largement dans les temps. Nico (Mahut) et Pierre-Hugues (Herbert) sont arrivés avant-hier (vendredi après leur élimination au Masters). Ils ont pris le train en marche. Pierre-Hugues (touché au dos) a recommencé doucement aujourd'hui (dimanche)."
Considérez-vous que tout va bien au niveau de l'état d'esprit?
"Il faut toujours être vigilant. Avec une échéance aussi importante, l'état d'esprit compte forcément. L'atmosphère doit être studieuse mais aussi sereine. Il y a forcément une tension due à l'événement, à l'attente de la sélection. Aujourd'hui, cela se passe très bien, sachant que l'on va monter en puissance au niveau de la pression."
- La France a perdu ses trois dernières finales et l'attente est grande. Comment faites-vous pour mettre les joueurs dans les meilleures conditions au niveau de la pression?
"On essaie de se servir des expériences des uns et des autres. Certains ont fait partie de ces aventures, d'autres pas. L'idée, c'est de voir s'il y a des différences dans les préparations lorsqu'on a gagné et perdu, s'il y a des choses à modifier. Il y a une grosse différence entre être content d'être en finale et se préparer pour la gagner."
- La France a le statut de favori contrairement aux finales gagnées de 1991 et 1996. Cela change-t-il votre manière d'aborder celle-ci ?
"Oui. Toutes les données sont importantes. Souvent, la pression peut venir du fait que l'on se retrouve surpris par l'événement, par la qualité de l'adversaire. Aujourd'hui, on se dit que l'on va jouer un match difficile non pas parce que l'on est favori mais parce que l'équipe en face est forte. Nos adversaires savent très bien qu'ils ont leurs chances. La Belgique n'a pas la même structure que la nôtre mais son joueur N.1 (David Goffin) est certainement en train d'accomplir le meilleur tournoi de sa carrière (au Masters à Londres). Il va être très fort. Quand on regarde de près, on s'aperçoit que l'on n'est pas si favori que cela. Pour nous, c'est clair! On ne l'est pas. Il ne faut pas que le public pense que la France va gagner quoi qu'il arrive. Il faut aussi qu'il participe à la baston."
- Durant vos deux campagnes, cela s'est révélé compliqué d'impliquer tous les joueurs, en particulier Gaël Monfils, qui ne sera pas là pour la finale. Pensiez-vous que ce serait plus simple ?
"Non. Cela a toujours été comme ça pour toutes les équipes de Coupe Davis de tous les pays. Ça l'est de plus en plus. Avec du recul, on est plutôt bien lotis. La majorité de nos joueurs sont motivés. Il ne s'agit pas de se dire que l'on fait partie du groupe. Cela dépend aussi de l'état dans lequel on est, si on est préparé. Par le passé, certains joueurs n'étaient pas suffisamment prêts. Il faut essayer de faire marcher l'émulation parce qu'on a un réservoir de joueurs importants. On parle de Gaël mais d'autres joueurs ne sont pas là. Il y a Adrian Mannarino, qui était remplaçant pour la demi-finale, Benoît Paire qui est aux portes de l'équipe de France. Édouard Roger-Vasselin l'est aussi pour le double."
- Trouvez-vous cette génération plus individualiste que les précédentes?
"Je ne le ressens pas lors des rassemblements, quand on entre sur le court à l'entraînement. Il y a un décalage entre ce que les gens perçoivent et ce qui se passe à l'intérieur de l'équipe. Il y a une vraie camaraderie et une vraie envie de remporter le trophée ensemble."