C’est ce que démontre une étude réalisée par l’université de Lille département des sciences cognitives et affectives : quand votre interlocuteur porte un masque, vous vous sentez plus en sécurité et vous vous rapprochez de lui, au mépris des règles de distanciation sociale.
C’est une conclusion très inattendue à laquelle ont abouti les travaux de chercheurs lillois. Yann Coello et son équipe du laboratoire Scalab ont essayé de comprendre comment les Français vivaient aujourd’hui leurs interactions sociales avec des masques, « ces protections qui rappellent la pandémie, le danger et la contamination à la fois », explique ce professeur des universités. « On s’attendait à ce que les sujets testés s’éloignent lorsqu’ils croisaient quelqu’un portant un masque. C’est l’inverse qu’on a observé. »
450 personnes testées à travers la France
« On a demandé aux personnes testées de réagir devant leur ordinateur à des personnages qui exprimaient soit de la joie, soit de la colère,. soit rien de particulier ». Chacune des 450 personnes testées devait indiquer à quelle distance convenable le personnage devait se tenir pour interagir socialement avec lui.
Cette méthode est souvent utilisée aujourd’hui dans les sciences cognitives pour comprendre comment les individus ajustent leur distances interpersonnelles. Ainsi, vous vous rapprochez plus d’une personne accueillante et souriante que d’une personne en colère, voire agressive. Des modèles arrivent même à déterminer la distance qu’une personne va mettre entre elle et son interlocuteur en fonction de ce qu’il va susciter en elle.
Résultats étonnants
« Cette étude démontre qu'on se rapproche plus d’une personne masquée que de quelqu’un qui sourit, commente Yann Coello. La distance physique diminue de 15 % ». Pourquoi ? Les réponses des questionnaires envoyés aux sondés montrent que les gens masqués suscitent … la confiance. « Un biais cognitif, pour Yann Coello. Comme ces personnes masquées n’ont pas d’expression faciale, on peut difficilement les interpréter donc on se rapproche. »
Difficile de gérer en parallèle l’intégralité des gestes barrière : ce faux sentiment de sécurité est déjà connu et dénoncé en Suède ; là bas le port du masque n’est pas recommandé depuis le début, afin de mieux faire respecter les distanciations sociales.