L'association Utopia 56 aide près de 150 mineurs non accompagnés à Lille, dont une grande partie est contrainte de vivre dans la rue. Pour les soutenir, deux coordinatrices ont lancé un appel aux dons afin de créer un lieu "de répit", un espace pour accueillir et soutenir ces jeunes pendant la journée.
"On a besoin d'un coup de main." Avec un simple appel aux dons posté sur Instagram, Marie et Lucille, coordinatrices de l'association Utopia 56 Lille, ont réussi à collecter 7600 euros sur leur objectif de 20 000. Le tout, en seulement quelques jours.
Au moins 150 mineurs non accompagnés à Lille
Il faut dire que leur projet a de quoi toucher et concerner les internautes. Les deux femmes avancent étape par étape depuis plusieurs mois pour créer un lieu d'accueil destiné aux mineurs non accompagnés (MNA) de la MEL, la métropole européenne de Lille. Toutes deux le rappellent : l'association, qui vient en aide aux personnes migrantes, s'occupe de plus de 150 mineurs non accompagnés dans la MEL, dont la plupart sont contraints de vivre dans la rue car considérés "ni mineurs, ni majeurs" tant que le recours pour faire valoir leur minorité n'aura pas été validé par la justice.
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L'année dernière, 80% des procédures ont finalement permis de reconnaître ces enfants et adolescents comme mineurs. Mais en attendant, "ces jeunes n’ont accès à aucun dispositif d’hébergement d’urgence institutionnel", rappellent les coordinatrices.
Une situation précaire pour ces enfants de nationalité étrangère, seuls, et en situation irrégulière, mais légalement autorisés à vivre sur le sol français sans titre de séjour jusqu'à leurs 18 ans. Surtout, une situation toujours plus alarmante puisque le nombre de mineurs non accompagnés recensés en France ces dernières années est en hausse constante. "Leur nombre a été multiplié par quatre entre 2014 et 2023, passant de 5 033 à 19 370 ; l'augmentation entre 2022 et 2023 était de 31 % !", faisait savoir le ministère de l'Intérieur lors d'une séance publique en mars dernier.
Leur nombre a été multiplié par quatre entre 2014 et 2023, passant de 5 033 à 19 370.
Ministère de l'Intérieur
Leur suivi et leur accueil par des structures compétentes sont donc une nécessité. Et c'est en ce sens que Marie et Lucille ont lancé ce projet, pour "leur offrir un lieu de répit dans leur quotidien, qui est franchement compliqué."
20 000 euros
Les coordinatrices sont toujours en quête d'un lieu. Mais déjà, Marie et Lucille ont pu théoriser un budget de référence, qui porte leurs dépenses prévisionnelles à 20 000 euros. "Pour remettre en état un bâtiment inoccupé, faire des travaux d'aménagement et pouvoir payer le loyer", expliquent-elles.
Heureusement, les jeunes femmes soulignent que leur financement participatif a pour seul objectif de dépasser la barre des 10 000 euros : la plateforme Les Petites pierres (sur laquelle est postée leur cagnotte) rajoutera directement les 10 000 euros restants, dès que la moitié de l'objectif sera atteinte. Un don considérable qui donne à Marie et Lucille l'espoir de voir l'initiative se concrétiser et ainsi répondre à la présence grandissante de mineurs non accompagnés à Lille.
Créer un repère et un lieu de soutien
"Jusqu’au printemps 2024, nous accueillions et hébergions une petite dizaine de jeunes dans notre maison de répit", racontent les coordinatrices dans le texte qui accompagne leur cagnotte. "Mais face au nombre croissant de jeunes à la rue et notre incapacité matérielle à les accueillir et héberger tous·tes, nous souhaitons restructurer nos activités afin de leur fournir un accompagnement équitable, à travers l’ouverture d’un lieu dédié en journée."
Face au nombre croissant de jeunes à la rue et notre incapacité matérielle à les accueillir et héberger tous·tes, nous souhaitons restructurer nos activités afin de leur fournir un accompagnement équitable.
Marie et Lucille, coordinatrices Utopia 56 Lille
Dans ce lieu, les jeunes pourront bénéficier d'un large panel d'activités et d'accompagnements, entre rencontres, prévention et informations sur leurs droits. Surtout, le bâtiment fera office de refuge, dans lequel les bénéficiaires pourront se reposer, souffler et recevoir du soutien. "Les jeunes pourront charger leurs téléphones, récupérer des nouveaux vêtements, participer à des activités, du soutien scolaire, des permanences de suivi, d'accès aux soins... Bref plein de choses qui rendraient leur quotidien un petit peu plus simple", développe Lucille.
Un centre névralgique pour ces jeunes qui permettra de réduire leur errance pendant la journée et de répondre à certains de leurs besoins de première nécessité. Même si Marie et Lucille le rappellent : l'accueil de nuit doit rester la priorité.
