Drogues : une députée conteste l'emplacement de la future salle de consommation à moindre risque de Lille

A Lille, une salle de consommation à moindre risque doit s'implanter le 26 octobre, dans le quartier du Faubourg de Béthune. La députée LREM Florence Morlighem juge l'emplacement problématique, quand la mairie de Lille défend un choix mûrement réfléchi.

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L'affaire semblait entendue, mais une contestation de dernière minute vient de prendre sa place dans le débat. Florence Morlighem, députée LREM du Nord, a adressé ce mardi 12 octobre une lettre aux ministres de la Santé et de l'Intérieur, pour protester contre l'emplacement de la future salle de consommation à moindre risque de Lille. Celle-ci devrait ouvrir le 26 octobre, boulevard de Metz, dans le quartier du Faubourg de Béthune.

"Le faubourg de Béthune, on en fait la poubelle de Lille !"

L'élue, dont la circonscription couvre une partie de Lille-Sud, n'est pourtant pas une opposante de ce dispositif encore en expérimentation. "Je suis tout à fait favorable à l'ouverture d'une salle à Lille, je pense même que c'est absolument indispensable, avertit-elle en préambule. Cela étant, je pense que la localisation est extrêmement mal choisie au vu de l'historique du quartier et des tensions qui y règnent déjà. Jusqu'à récemment, il y avait des gros problèmes de logement sur ce boulevard de Metz. Aujourd'hui, on a des améliorations au niveau de l'habitat, on a donné un espoir et on va le reprendre. On est vraiment dans un quartier hyper sensible, il ne faut pas oublier qu'encore au mois d'avril, une école prenait feu. J'ai un peu l'impression qu'on met ça chez les pauvres, parce que de toute façon ils n'ont rien à dire. Le faubourg de Béthune, on en fait la poubelle de Lille !"

La députée Morlighem s'inquiète : le lieu pourrait-il être lui aussi endommagé par des habitants mécontents ? la présence d'une salle de consommation ne risque-t-elle pas de déstabiliser le travail de la police, dans un quartier prioritairement visé par la lutte contre les trafics ? "Il y a un manque de respect des gens quartier, une sous-considération de la sensibilité de ce quartier, estime-t-elle. Comment on ouvre cette salle alors qu'on construit, en même temps, une crèche sur le même trottoir, à 100 mètres ? Il y en a déjà une en face !"

L'établissement de petite enfance le plus proche, le multi-accueil de la Concorde se trouve non pas en face mais à proximité, à 700m de la future adresse de la salle de consommation. Cet équipement municipal doit effectivement être remplacé par une nouvelle crèche, dans le cadre des grandes rénovations du secteur Concorde, mais l'adresse précise du nouveau dispositif n'est pas communiquée. La mairie de Lille, contactée pour confirmer l'exact emplacement de la future crèche, n'a pas pu donner suite à nos sollicitations dans les délais impartis à la publication de cet article. 

Dans le voisinage immédiat du futur lieu, on retrouve une médecin généraliste, des espaces verts, une blanchisserie, le centre social du Faubourg de Béthune, et l'arrière du lycée Montebello. Précision importante : la salle sera abritée dans un ensemble de locaux appartenant au CHRU de Lille, et plus spécifiquement à son centre d'addictologie, situé au 57, boulevard de Metz. 

Lieu clos, proximité du CHRU : la mairie défend son choix

Beaucoup de questions trouvent réponse dans le visionnage le conseil municipal du 29 juin, où la question de l'emplacement, mais aussi de la concertation avec les habitants, a été posée. Martine Aubry y ouvre elle-même ce volet du dossier : "Je veux d’emblée poser la question de l’implantation, en me basant sur l’expérience parisienne et la contestation associée. Le sujet n’est pas l’efficacité du dispositif, mais le lieu choisi, qui a posé problème. Les queues, les bagarres devant la salle ont conduit à des désagréments, même si les effets positifs sur la santé et la sécurité ont été évidemment notés, notamment par l’INSERM" retrace la maire PS de Lille.

Trouver un lieu jugé "adapté", n'a pas été évident, reprend l'élue, qui détaille certains critères importants : pas trop loin des transports, pour que les consommateurs puissent rejoindre facilement la salle, mais pas au coeur d'une zone d'habitatioon ; suffisamment excentrée de la route pour éviter les files d'attente... Le travail a impliqué les associations d'accompagnement et de rééducation, le CHRU de Lille, mais aussi la procureure et la police. 

La proximité immédiate du centre de lutte contre les addictologies mais aussi de l'établissement public de santé mentale du CHRU est présentée comme déterminante, pour proposer une transition progressive vers un parcours de soin complet. Autre avantage du local adjacent au 57 boulevard de Metz : il est isolé de la rue, grâce à un ancien parking intérieur, entre les deux structures. Même avec des salles pleines, le dispositif devrait permettre d'éviter de surpeupler les rues adjacentes de toxicomanes en attente. "Nous pourrons aussi supprimer d’autres nuisances, par exemple les seringues jetées un peu partout, la consommation devant le public", complète la maire.

Concernant la concertation avec le public, la majorité municipale assure que les quelques riverains directs, le lycée Montebello et les comités de quartier ont été consultés lors du processus. "Martine Aubry, on va être clairs, personne ne va lui apprendre son métier. Trouver des éléments qui vont dans son sens, ce sera toujours possible. Mais la concertation, je ne sais pas avec qui elle a eu lieu, car moi, j'ai été sollicitée par plusieurs dizaines d'habitants" moque de son côté la députée Morlighem. Le compte-rendu de juin, publié par le comité de quartier du Faubourg de Béthune, atteste d'au moins une réunion sur le sujet.

Florence Morlighem assure qu'elle ne créera pas de scandale inutile : "Moi, je fais un travail de prévention. Si l'autorisation est accordée, je ne la contesterais pas, je n'irais pas contre mon ministre. Cela étant, j'aurais prévenu les autorités compétentes en amont, je ne peux pas être plus claire."

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