Ouverte en 2012, la librairie lilloise L'Affranchie peine à joindre les deux bouts. Après plusieurs années de difficultés, ce 20 septembre 2024, la propriétaire lance finalement un appel à l'aide : il manque 15 000 euros dans les caisses de cette boutique indépendante, sous peine de fermeture définitive.
C'est malheureusement le lot de nombreuses librairies indépendantes. La propriétaire de la librairie L'Affranchie, boutique indépendante de Lille aux œuvres textuelles féministes et poétiques, est sortie du silence ce vendredi 20 septembre 2024 pour lancer un appel à l'aide sur ses réseaux sociaux.
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"On n'a pas eu les moyens de payer nos factures. La banque nous a un peu aidées mais notre découvert autorisé vient de se terminer", témoigne Soazic Courbet, fondatrice de ce temple du livre militant, qui évoque à regret les répercussions que de telles restrictions auront sur son stock.
On n'a pas eu les moyens de payer nos factures. La banque nous a un peu aidées mais notre découvert autorisé vient de se terminer.
Soazic Courbet, fondatrice de L'Affranchie
Deux sorties notamment, particulièrement attendues dans le monde de la littérature féministe, risquent d'en pâtir : l'essai Résister à la culpabilisation de la journaliste féministe Mona Chollet (formée à l'École supérieure de journalisme, ESJ, de Lille), ainsi que Le Déni lesbien de Sarah Jean-Jacques et Sophie Pointurier, que la libraire risque de ne pas recevoir.
Deux grands stress pour cette petite librairie qui réalisait un chiffre d’affaires de 300 000 euros en 2023. Un chiffre inférieur à la moyenne nationale estimée par le Syndicat de la librairie française, qui, lui, stagne aux alentours de 450 000 euros.
Une librairie féministe en danger
Les difficultés budgétaires que rencontre L'Affranchie ne datent pas d'hier. Celles-ci reviennent régulièrement pour faire tomber ses comptes en banque dans le rouge. Mais cette fois, la situation menace réellement l'existence de la boutique.
"Pour la première fois j'ai peur pour L'Affranchie." Avec deux salariées à temps plein payées au SMIC et un loyer de 2 600 euros par mois, L'Affranchie peine à trouver l'équilibre. "Ça fait douze ans que la librairie survit parce que je ne lâche pas l'affaire, mais je ne comprends pas pourquoi il nous manque toujours 15 000 euros."
Ça fait deux ans que la librairie survit parce que je ne lâche pas l'affaire, mais je ne comprends pas pourquoi il nous manque toujours 15 000 euros.
Soazic Courbet
Le constat est sans appel : sans ces 15 000 euros, la petite librairie ne survivra pas à 2024. Une existence pourtant nécessaire par la place que la boutique réserve aux femmes dans la littérature. Poésie, théâtre, essais, bande dessinée... Féministe et engagée, la fermeture de cette librairie à la façade turquoise - emblématique voisine du théâtre Sébastopole - serait une grande perte pour l'offre culturelle de la capitale des Flandres.
Soutenue par des subventions de la Région Hauts-de-France, la trésorerie de L'Affranchie repose cependant en majeure partie sur les ventes de livres, de papeterie et de goodies. "Nos engagements nous coupent l'accès à d'autres subventions", relate Soazic dans une publication sur Instagram, sans expliciter davantage.
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Mobiliser sa communauté
Mais la partie n'est pas encore jouée. "Vous êtes presque 13 000 ici, si chacun·e d'entre vous nous achète un livre, on est sauvées." Une méthode "miracle", en laquelle Soazic veut croire. Jusqu'à présent, c'est grâce au soutien de sa communauté et à sa mobilisation financière que la libraire a pu conserver son lieu de travail. C'est d'ailleurs sur celle-ci que la professionnelle du livre espère compter une nouvelle fois, notamment pour repenser la gestion du lieu ainsi que sa trésorerie.
Vous êtes presque 13 000 ici, si chacun·e d'entre vous nous achète un livre on est sauvées.
Soazic Courbet
"C’est un problème structurel, si vous êtes un·e spécialiste de la gestion ou de la trésorerie et que vous avez le temps de m’aider, contactez-nous", écrit-elle.
En attendant, de nouveaux tee-shirts et carnets seront proposés dans la boutique pour booster les ventes. Et évidemment, les entrepreneuses appellent à penser aux libraires indépendants pour étoffer sa bibliothèque et craquer sur de nouveaux chefs-d’œuvre.