La Fête de la musique, initiée en France il y a 34 ans a désormais éssaimé dans le monde entier. Mais cette année, avec l'Euro 2016 et la menace terroriste, les forces de l'ordre sont mises à rude épreuve. Certaines villes ont décidé de limiter les célébrations.
De plus en plus internationale depuis sa création en 1982, la Fête de la musique sera célébrée mardi dans 120 pays, mais elle sera mise en sourdine en France, son pays fondateur, pour cause d'Euro de football et de menace terroriste.
Sécurité avant tout
Cette 35e édition, dont le thème sera cette année "la musique plus forte que...", "tombe dans une période où les effectifs policiers sont particulièrement mobilisés", explique-t-on au ministère de la Culture. "Les discussions menées avec le ministère de l'Intérieur ont privilégié la sécurité du public, quitte à annuler ou décaler certains événements".Ainsi le grand concert prévu mardi soir place Denfert-Rochereau, à Paris, a-t-il dû être annulé après l'avis défavorable de la préfecture de police. La plateforme de streaming Deezer ne rééditera pas non plus le concert qu'elle avait organisé l'an passé sur l'emblématique Place de la République, devenue un lieu de recueillement après les attentats parisiens.
Les forces de l'ordre à rude épreuve
"Mais il y aura de toute façon beaucoup de monde dans les rues, que ce soit pour l'Euro ou pour la Fête de la musique qui sont deux grands événements populaires", assure-t-on au ministère. Une difficulté supplémentaire pour les forces de l'ordre mises à rude épreuve par les attentats de 2015, puis les manifestations contre la loi Travail et qui doivent à présent veiller au bon déroulement de l'Euro.La fête aura également lieu une semaine après l'assassinat, dans les Yvelines, d'un couple de policiers par un homme se revendiquant de l'organisation Etat islamique (EI).
L'an passé, elle avait donné lieu à 17.000 concerts dans toute la France, rassemblant 10 millions de personnes dans les rues, musiciens amateurs, professionnels ou simples mélomanes.
17 000 concerts en France
"C'est un événement qui, notamment dans le contexte de menace terroriste élevée que nous traversons, est pris en considération" avec un "renforcement très conséquent des forces de l'ordre", souligne une source gouvernementale. En régions, plusieurs villes ont également revu leur dispositif musical à la baisse.Comme à Toulouse où la soirée animée mardi soir par le chanteur Garou Place du Capitole et diffusée en direct sur France 2 et TV 5 Monde, sera réservée aux seules personnes inscrites via une plateforme internet.
De Vancouver à Hong-Kong
Un dispositif qui n'est pas du goût de tous les Toulousains: le collectif "Culture à Toulouse, vite reviens"!" a lancé un appel au boycott de la fête car l'accès contrôlé n'est pas à leurs yeux dans l'esprit de la manifestation. Après les affrontements violents de samedi dernier en marge de la rencontre Russie-Angleterre, la mairie de Marseille a, quant à elle, opté pour un report de 48 heures de la fête, la rencontre Ukraine-Angleterre (jugée à haut risque) étant programmée mardi soir au stade Vélodrome.C'est donc jeudi, journée où aucun match n'est prévu, que les rues de la cité phocéenne résonneront aux sons des guitares, pianos et autres chorales.
Pas de grand changement, en revanche, à Bordeaux qui procèdera simplement à une "redisposition" hors du centre ville des scènes officielles, la célèbre place des Quinconces, coeur habituel de la Fête, étant cette année réservée à la fan zone de l'Euro.
A Lille, pas de mesure de sécurité supplémentaire
Lille a choisi pour sa part d'installer la scène principale au sein même de la fan zone, raison pour laquelle "il n'y aura donc pas de mesure de sécurité supplémentaire", selon la mairie. Si elle réduit sa voilure cette année en France, la Fête de la musique continue à essaimer dans le monde, 34 ans après sa création par Jack Lang.L'ex-ministre de la Culture, aujourd'hui patron de l'Institut du monde Arabe (IMA), sera lui-même au Liban, pour la 16e édition dans ce pays. Mais les notes de musique résonneront aussi à Yaoundé, Vancouver, Buenos Aires ou Hong-Kong... Même s'il a "conscience des contraintes de sécurité liées au football", Jack Lang déplore toutefois l'annulation de certains grands événements en France. "En 35 ans de Fêtes de la musique, les citoyens et les musiciens ont constamment fait la preuve qu'ils savaient s'auto-organiser pacifiquement dans un esprit de tolérance et de respect".