Football et foulard : l'action des "Hijabeuses" essaime à Lille, un match organisé sur le parvis de l'hôtel de ville

Le collectif des "Hijabeuses" proteste pacifiquement contre la volonté d'interdire les terrains de football aux joueuses qui portent le voile. Ce 16 février, les sportives étaient à Lille, espérant rendre visible leur lutte contre cette discrimination.

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Sous les fenêtres de Martine Aubry, ce 16 février à 16h, un groupe de femmes s'est retrouvé pour jouer au football. Pour montrer qu'elles veulent simplement jouer au football. Le collectif de joueuses musulmanes "Les Hijabeuses" se mobilise de nouveau, face aux sénateurs français, et face à la Fédération Française de Football. "On veut organiser des actions partout en France, pour faire valoir le droit des joueuses et l'absence de discrimination dans le sport", clame Leila Salhi, membre de l'association Alliance citoyenne, organisatrice de ces manifestations pacifiques. 

Port du voile pour les footballeuses : une cacophonie politique

Tout commence lorsque le Sénat introduit, à la mi-janvier, un amendement dans la future loi sport afin de prohiber le port de "signes religieux ostentatoires" lors des compétitions sportives. C'est une deuxième tentative, après avoir essayé de l'introduire dans la loi séparatisme.

L'amendement est rejeté une première fois par l'Assemblée le 9 février, et marqué d'un avis défavorable de la part du gouvernement. Pourtant, depuis, plusieurs ministres se sont positionnés pour interdire le voile aux footballeuses. "Le gouvernement est contre le voile sur les terrains de football, mais, en même temps, contre les sénateurs qui veulent élargir cette interdiction à tous les sports" résument nos confrères de BFM.

"On espère que les mentalités vont changer. On nous parle de 'Liberté, Egalité, Fraternité', mais on ne le ressent pas dans notre quotidien. On veut nous refuser l'accès au sport parce que nous sommes musulmanes", constate amèrement Leila Salhi. 

Droit français d'un côté, règlement de la FFF de l'autre

Les lois françaises étant adossées à la déclaration des Droits de l'Homme, qui dispose clairement que "Nul ne peut être inquiété pour ses opinions, même religieuses, sauf si l’expression de ces opinions porte un trouble à l’ordre public", qui n'est pas caractérisé dans ce cas de figure.

De plus, si les agents de l'Etat sont concernés par une obligation de neutralité, ce n'est pas le cas pour les citoyens. Une telle mesure pourrait donc s'avérer inconstitutionnelle. Un paradoxe de plus s'invite dans le débat : pour les JO 2024, la France a bel et bien autorisé les athlètes voilées à concourir, une décision que le comité olympique laisse aux pays organisateurs.

Le cas des footballeuses est en fait assez particulier. Le port du voile est officiellement autorisé, par exemple, pour les handballeuses, ou toléré pour les basketteuses. Dès 2014, la FIFA avait donné son feu vert aux joueuses souhaitant se présenter "la tête couverte". Mais c'est la Fédération Française qui résiste : elle a adopté officiellement, la même année, la politique inverse au nom de la "laïcité".

Le collectif des Hijabeuses a dores et déjà attaqué cette réglementation devant le conseil d'Etat et continue inlassablement de rendre visibles les sportives qui ont fait le choix de porter le voile. "C'était notre première action à Lille et on espère que, comme à Lyon, les pouvoirs publics pourront nous soutenir" lance Leila Salhi. La nouvelle loi relative au sport repassait ce 16 février devant le Sénat. L'acte final de la bataille législative se tiendra le 24 février. 

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