L'association Paz interpelle la SNCF sur ses méthodes à Lille et estime que la capture et le gazage des pigeons n'est plus acceptable. Elle appelle la SNCF à "réfléchir à la condition animale". Mais quelles seraient les autres solutions ? Voici nos éléments de réponse.
"Je ne comprends pas qu'une entreprise publique comme la SNCF fasse appel à de telles méthodes. Nous les interpellons -ainsi que les élus- pour qu'ils changent ces pratiques, certes légales, mais qui ne nous empêcheront pas de nous battre contre des façons de faire que nous estimons coûteuses, inefficaces et cruelles" assène Amandine Sanvisens co-fondatrice de l'association Paz, fondée en 2017, qui se donne pour mission de défendre les intérêts des animaux, sans distinction d’espèce. "Nous devons cohabiter avec ces animaux liminaires", ajoute-t-elle.
A la gare Lille Flandres, on rappelle que la présence de pigeons est une source de nuisance : " leurs déjections causent des dégradations quand elles se déposent sur les équipements de la gare (assises, écrans, mobiliers) et peuvent provoquer des chutes quand elles sont présentes au sol. Au quotidien, nous privilégions les mesures préventives pour éloigner les pigeons de la gare et limiter les nuisances ", explique la communication de la SNCF avant de poursuivre, " Cependant, de manière ponctuelle et pour éviter une trop grande prolifération des pigeons, nous faisons appel à une société agréée pour réaliser une campagne de capture. Cette intervention est réalisée par des agents disposant d’un agrément de piégeur et formés en conséquence ".
"Quasiment pas d'autres solutions"
Nous avons contacté l'entreprise qui a réalisé les captures. Le responsable qui préfère rester discret explique, néanmoins, que plusieurs solutions sont mises en place à la gare Lille Flandres. Pose de pics anti-pigeons, pose de filets, de clôtures électriques, de birdfree (coupelle dans laquelle une pâte fait croire au pigeons qu'il y a le feu dans cette coupelle)... Mais face à la présence d'une soixantaine de pigeons, dans un endroit peu accessible de la toiture de la gare, l'entrepreneur a proposé une capture des pigeons.
Selon la loi, les pigeons capturés sont ensuite, quand ils sont bagués, rendus aux colombophiles, ou, s'ils ne le sont pas, endormis, gazés puis expédiés à l'incinération et à l'équarrissage.
Pourtant d'autres solutions existent : l'éloignement des pigeons d'au moins 25 km de leur lieu de nidification (les pigeons des villes sont des pigeons Biset mais ne se repèreraient pas comme les pigeons des colombophiles qui retrouvent facilement leur pigeonnier à longue distance). Mais notre entrepreneur remet en cause cette méthode : " Non seulement la moitié des pigeons vont retrouver leur chemin jusqu'au nid, mais l'autre moitié va polluer l'église du village voisin où ils ont été relâchés ".
Des pigeonniers pour contrôler la reproduction
Un point de vue que ne partage pas David Kato, gérant de DKMexperts, qui dispose de deux techniciens sur Lille, implanté également dans les villes de toute la partie Est de la France. Selon lui, les pigeons déplacés se perdent dans la nature et c'est une "méthode efficace" même s'il estime que la "meilleure idée est de créer des pigeonniers pour ensuite réguler et contrôler la population de pigeons" en secouant ou enlevant régulièrement les œufs des pigeonniers. Ce qui se fait par exemple à Grenoble ou à Béthune, selon nos informations.
Selon l'entrepreneur qui a proposé la capture à la gare de Lille Flandres, les pigeonniers sont une bonne idée mais malheureusement relativement peu efficace : "dans 5 ou 6 m² on va mettre 50 pigeons qui pourront nicher et dont on empêchera la reproduction, mais pour des villes qui ont des milliers de volatiles, cela ne suffira pas".
Maïs contraceptif
On peut y arriver, estime Amandine Sanvisens de l'association Paz. Il faut des pigeonniers " en nombre, là où ça ne gène pas, et surtout les entretenir : nettoyer, nourrir, et remuer les œufs à la période de ponte. "
Enfin, en ce qui concerne les graines contraceptives : si certains assurent que la loi française l'interdit pour protéger les autres oiseaux, Amandine Sanvisens rappelle qu'à Barcelone, en Espagne, des agents municipaux mandatés ont distribué à des endroits où cela ne gênait pas, tous les jours, du maïs contraceptif, divisant ainsi la population de pigeons de la ville par deux ou trois en quelques années.