Grève à Emmaüs : la Halte Saint-Jean fermée sur décision du préfet, les compagnons mobilisés "ne lâcheront rien"

C'est officiel : le préfet du Nord a annoncé la fermeture de la communauté Emmaüs de Saint-André, à compter de ce mercredi 3 janvier 2024, en raison d'anomalies concernant la sécurité du bâtiment. La question du relogement des travailleurs, toujours en suspens.

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Sous les tambours et la pluie, les 21 compagnons grévistes d'Emmaüs Saint-André ont entamé leur 187e jour de grève ce mardi 2 janvier 2024. "Emmaüs y'en a marre, l'esclavage c'est fini !" Les banderoles accrochées devant la Halte Saint-Jean (autre nom de la communauté Emmaüs de Saint-André-lez-Lille) ne laissent place à aucun sous-entendu.

Depuis six mois, les grévistes se mobilisent pour dénoncer leurs conditions de travail et accusent la direction de ne pas régulariser leurs titres de séjour. Une situation particulièrement tendue, qui semble avoir atteint un point de non-retour ce mercredi 3 janvier 2024, alors que la préfecture du Nord vient de publier un arrêté confirmant la fermeture du site à compter de ce jour.

Des installations à mettre aux normes

Dans son communiqué, le préfet Georges-François Leclerc fait état "d'anomalies" relevées le 27 octobre 2023 lors d'une visite de la commission d'arrondissement de Lille, pour vérifier les risques d'incendie et de panique dans l'établissement. Le préfet du Nord fait notamment part "d'installations et d'équipements techniques non vérifiés", ainsi que d'une "absence d’un système incendie adéquat".

Selon Georges-François Leclerc, la réouverture du site ne pourra survenir qu'une fois la "mise en conformité de l’établissement" établie et le après le passage d'une nouvelle commission de sécurité.

Après des années lors desquelles il n'y a eu aucune commission de sécurité, brusquement on découvre qu'il faut rapidement faire sortir des personnes.

Saïd Bouamama, responsable du collectif de défense des sans-papiers 59

Une décision qui ressemble plutôt à un "prétexte" pour mettre un terme à la grève, selon  Saïd Bouamama, responsable du collectif de défense des sans-papiers 59. "Après des années lors desquelles il n'y a eu aucune commission de sécurité, brusquement on découvre qu'il faut rapidement faire sortir des personnes, comme par hasard au moment où ils sont en grève."

Le relogement des grévistes encore opaque

La lettre du préfet du Nord s'attarde également sur la question du relogement des compagnons, et notamment des grévistes, un des points d'accroche principaux liés à la fermeture du site. Georges-François Leclerc souligne que sa décision est une "mesure de protection" et non pas "d'expulsion" et exhorte l'exploitant, soit la direction de la Halte Saint-Jean, "d’assurer le relogement des personnes concernées le temps".

Contacté le 19 décembre dernier, Pierre Duponchel, directeur d'Emmaüs Saint-André, nous indiquait avoir trouvé "des solutions pour les non-manifestants", mais ne pas avoir "de solutions pour les manifestants", s'en remettant à la préfecture pour le cas de ces derniers. De nouveau contacté ce mercredi 3 janvier, le directeur affirmait ne pas encore avoir reçu l'arrêté et ainsi, ne pas pouvoir y réagir. L'avenir des compagnons en grève semble donc encore incertain, aucune solution concrète n'ayant encore été apportée à ce jour.

La grève continue

En amont de cette annonce, syndicats et associations sympathisantes des grévistes se sont rassemblés ce mardi 2 janvier 2024 dès 9 heures devant la Halte Saint-Jean, pour confirmer leur intension "de ne rien lâcher" et montrer leur opposition à la décision du préfet. "S'il y a un arrêt de fermeture ça ne changera rien à la mobilisation, les grévistes ne seront plus logés ici mais ça ne changera rien, la grève continuera", affirme Pierre Rouffaud, représentant de la CGT depuis le premier jour de grève.

On attend de voir ce qu'il va se passer, mais qu'à cela ne tienne on n'est pas près de partir d'ici tant que nos titres de séjour n'auront pas été régularisés.

Alixe, compagnonne d'Emmaüs Saint-André

Pour Alixe, compagnonne de la Halte Saint-Jean depuis 3 ans, il n'est pas non plus question de mettre un terme à la grève, bien au contraire, la travailleuse sans-papiers compte bien lutter pour obtenir gain de cause. "On attend de voir ce qu'il va se passer, mais qu'à cela ne tienne on n'est pas près de partir d'ici tant que nos titres de séjour n'auront pas été régularisés." Une référence à la promesse qu'aurait fait la direction d'Emmaüs Saint-André, laissant miroiter des titres de séjour une fois trois années de travail accomplies. "Ils veulent se débarrasser de nous comme de simples chiffons ? Désolée mais ça ne va pas se passer comme ça."

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