HISTOIRE. Né à Lille un 22 novembre 1890, mort le 9 novembre 1970 : on vous raconte le général de Gaulle

Le 9 novembre 1970, c'est à Colombey-les-Deux-Églises que meurt le général de Gaulle. Né à Lille 79 ans plus tôt, il restera toute sa vie très attaché et fidèle à ses origines nordistes.

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Le 22 novembre 1890 à 3h30 du matin, Charles de Gaulle vient au monde rue Princesse à Lille, dans la maison de ses grands-parents maternels.

Il est baptisé l’après-midi même en l’église Saint-André juste à côté. Sa mère, Jeanne Maillot, est issue d’une famille d’industriels. Son père, Henri de Gaulle, est professeur de lettres. Il est aussi ancien combattant de la guerre de 70 contre la Prusse, lors de laquelle il a été blessé.

Charles de Gaulle a un frère et une sœur aînée, Xavier et Marie-Agnès. Il aura ensuite deux frères cadets, Jacques et Pierre.

De Gaulle, "petit Lillois de Paris"

La famille réside à Paris. De Gaulle effectue l'essentiel de sa scolarité chez les Jésuites à Paris, mais aussi à Lille et à Antoing près de Tournai en Belgique.  « Mon père, homme de pensée, de culture, de tradition était imprégné du sentiment de la dignité de la France. Il m’en a découvert l’Histoire. Ma mère portait à la patrie une passion intransigeante à l’égal de la piété religieuse. Mes trois frères, ma sœur, moi-même, avions pour seconde nature une certaine fierté anxieuse au sujet de notre pays.

Petit Lillois de Paris, rien ne me frappait davantage que les symboles de nos gloires : nuit descendant sur Notre-Dame, majesté du soir à Versailles, Arc de Triomphe dans le soleil, drapeaux conquis frissonnant à la voûte des Invalides. 

Charles de Gaulle

Mémoires de guerre.

Les vacances sur la Côte d'Opale

A Noël, à la Toussaint et à Pâques, Charles de Gaulle retrouve ses cousins dans la maison de ses grands-parents à Lille. Sa grand-mère Julia Maillot a aménagé une salle de jeux pour les petits-enfants, elle appelle cette pièce le "Hurloir".
 

L'ambiance des braderies, les ducasses, la Saint Nicolas et les gaufres achetées chez Meert, pâtisserie de la rue Esquermoise, rythment l'enfance de Charles de Gaulle.

L'été, la famille se retrouve sur la Côte d'Opale ; à Malo-les-Bains, puis à Wimille-Wimereux.

Charles de Gaulle est doué pour les lettres. A 14 ans, il écrit Campagne d’Allemagne. Dans ce texte d’une vingtaine de pages, il s’imagine général à la tête d’une armée de 200.000 hommes ayant pour mission de sauver l’Est de la France de l’invasion allemande. A 16 ans, il gagne un concours littéraire à Lille avec une pièce de théâtre : Mauvaise rencontre.

Sous les ordres de Pétain

Charles de Gaulle choisit de faire une carrière militaire. Il réussit le concours de Saint-Cyr en septembre 1909.


Un de ses camarades se souvient de l'arrivée au sein de l'Ecole : « De Gaulle, repéré par sa haute taille et son grand nez fut le premier interpellé.  « C'est bien vous, de Gaulle ? « Oui » répondit mon voisin qui, en trois secondes, fut hissé sur le piano et sommé de se manifester.  Nullement affolé, de Gaulle promène un regard calme sur l'assistance et, d'une voix un peu nasillarde, attaque la fameuse tirade du « nez de Cyrano de Bergerac » ! On devine le succès de cette spirituelle boutade ! Elle ne retarda que de quelques secondes une bousculade qui précipita notre Cyrano sur nos dos accroupis au parquet.» (Témoignage du Colonel Fulcran Soulet, Fondation Charles de Gaulle).

En octobre, de Gaulle fait son service militaire au 33ème régiment d’infanterie d’Arras.

Quatre ans plus tard, Charles de Gaulle termine Saint-Cyr, 13e de sa promotion. Il choisit l’Infanterie et retourne au 33ème régiment d’Arras avec le grade de sous-lieutenant. Un nouveau colonel vient d’arriver pour commander le régiment. Il s’agit du colonel Philippe Pétain, également homme du Nord, né à Cauchy-à-la-Tour près de Lillers. Le colonel Pétain apprécie de Gaulle, il le trouve très intelligent et digne de tous les éloges.


Le 2 août 1914, la première guerre mondiale éclate. Le lieutenant de Gaulle avance en Belgique avec son régiment. Le 15 août, c'est son baptême du feu : il est blessé lors des combats autour de Dinant dans les Ardennes et doit être évacué et hospitalisé à Charleroi. Le même jour, le colonel Pétain est félicité par ses supérieurs pour la manière dont il a mené ses troupes, il est promu général.

En février 1915, de Gaulle devient capitaine. Il combat au Mesnil-lès-Hurlus, lors de la première bataille de Champagne. Les affrontements sont si violents que le village est anéanti et ne sera jamais reconstruit. De Gaulle y est blessé une deuxième fois, à la main gauche. Les lourdes pertes de son régiment le font douter des choix stratégiques de ses chefs, lui, l'officier irréprochable.

Le 1er mars 1916, son régiment doit prendre position devant le village de Douaumont non loin de Verdun. De Gaulle est inquiet et l’écrit dans son rapport :  « Ni tranchées, ni boyaux, ni réseau de fil de fer ne défendent la première ligne, aucun croquis et aucun abri pour les troupes… N’existent que des entonnoirs de bombes et d’obus dans lesquels les hommes s’entassent ! ».

Le Général Pétain commande sur cette partie du front.

Prisonnier des Allemands

Le 2 mars à 6h30, les Allemands passent à l’offensive. L’artillerie se déchaîne sur les positions françaises jusqu’à 15 heures. Ensuite c’est l’assaut, les Français sont obligés de reculer. Les pertes sont effroyables parmi les soldats du régiment d’Arras.  Les Allemands s’emparent du village de Douaumont.

Encerclé avec ses hommes, le capitaine de Gaulle organise une défense mais sa compagnie est submergée par les fantassins allemands "L’un d’eux m’envoya un coup de baïonnette qui traversa de part en part mon porte-cartes et me blessa à la cuisse. […] Je restai un moment sur le carreau. Puis, les boches, me voyant blessé, me firent retourner d’où je venais" (cité dans "De Gaulle avant de Gaulle : La construction d'un homme", Michel Tauriac).

L’Etat-Major français pense le capitaine de Gaulle mort au combat. Une citation militaire le mentionne tombé au champ d'honneur. En réalité, il est fait prisonnier et hospitalisé à Mayence. De Gaulle tente à 5 reprises de s’échapper. Il finit par être enfermé dans la forteresse d’Ingolstadt en Bavière, un traitement réservé aux irréductibles et récidivistes de l’évasion.

Le 11 novembre 1918, il est libéré lorsqu’est signé l’armistice. Mais de Gaulle est marqué par sa captivité et regrette de n’avoir pas pu combattre davantage comme il l’écrit à sa mère le 1er novembre 1918 : « Il me semble qu’au long de ma vie – qu’elle doive être courte ou prolongée - ce regret ne me quittera plus »  (cité dans La première guerre de Charles de Gaulle, Frédérique Neau-Dufour).

En 1919, il est en mission militaire en Pologne. La France aide l’armée polonaise face aux Soviétiques.

Mariage à Calais

A son retour, en octobre 1920, il rencontre Yvonne Vendroux, issue d’une famille d’armateurs et d’industriels calaisiens. Le mariage est célébré le 7 avril 1921 dans l’église Notre-Dame de Calais.
 


Le couple aura trois enfants : Elisabeth, Philippe et Anne, née en 1928, atteinte de trisomie.

La famille revient sur la côte d'Opale pour les vacances, à Wissant. Charles de Gaulle restera fidèle à ce littoral, venant régulièrement marcher au Cap Gris-Nez, le long des falaises, jusqu'à la fin de sa vie.

Dans les années 30, il profite de ces moments de repos à Wissant pour écrire.

Sous les ordres du général Frère, un autre homme du Nord

Charles de Gaulle est convaincu de la nécessaire évolution de l’armée face à la mécanisation, au progrès des chars et de l’aviation. Il publie plusieurs essais : La discorde chez l'ennemi en 1924, l e fil de l'épée en 1932, vers l’Armée de métier en 1934, la France et son armée en 1938. Selon de Gaulle, les soldats doivent être des professionnels pour utiliser des armes de plus en plus sophistiquées. Les grandes masses de conscrits comme en 14/18 ne sont plus utiles. Ses livres et analyses rencontreront plus d’intérêt parmi les généraux allemands qu'au sein de l’Etat-Major français.

En 1931 il est nommé au secrétariat général de la Défense nationale à Paris. En 1937 il devient colonel et prend le commandement d’un régiment de chars à Metz.

En 1939, il est sous les ordres du général Frère, un autre homme du Nord né à Grévilliers près de Bapaume. Les deux officiers sont d'accord sur la manière dont il faut faire évoluer l'Armée, notamment en la dotant de divisions blindées. Par la suite, leur relation se détériorera.

Quand de Gaulle part à Londres pour lancer son Appel à résister, le général Aubert Frère considère cela comme une désertion. Il est le président du tribunal militaire qui condamne de Gaulle à mort par contumace en août 1940. Le général Frère résiste à l'occupant à sa manière, notamment en profitant de son rang pour cacher du matériel militaire à l'occupant allemand.

En 1942, il prend la tête de l'Organisation de Résistance Armée ORA. Surveillé par la Gestapo, il refuse de partir en Angleterre. Le 12 juin 1943, le général Frère est arrêté avec son épouse. Ils seront tous les deux déportés. Aubert Frère meurt d'épuisement le 13 juin 1944 dans le camp du Struthof en Alsace. Sa femme Pauline survivra à sa déportation à Ravensbrück.

La voie de la désobéissance

En 3 septembre 1939, la Seconde Guerre mondiale éclate. Le déroulement des combats donne raison au colonel de Gaulle. En France, à partir du 10 mai 1940, les Allemands bousculent les Alliés grâce à leurs panzers et leur aviation. L’Etat-Major français tente de réagir en s’obstinant à reformer un front linéaire comme en 1914. L’armée française est obligée de reculer, partout. Le haut commandement français donne enfin les moyens à de Gaulle de mettre en pratique sa conception de l'utilisation des chars. Il est nommé à la tête d'une division blindée, la 4ème division cuirassée.

Une première fois à lors de la bataille de Montcornet dans l’Aisne le 17 mai, puis à Abbeville du 28 au 31 mai, il bouscule les Allemands et fera douter l'Etat-Major de la Wehrmacht. Le Général allemand Guderian écrira dans ses mémoires 

Au cas où nous n’aurions pas pu tenir la tête de pont d’Abbeville, l’issue victorieuse de la plus grande bataille d’encerclement de tous les temps, en cours dans les Flandres, aurait été mise en question.

Dominique Lormier.

Les vérités cachées de la défaite de 1940.

A Abbeville, des unités de la Wehrmacht sont prises de panique et battent en retraite. Mais l’armée française est déjà trop affaiblie pour exploiter ce succès et les coups de boutoir de de Gaulle ne peuvent rétablir la situation.

A la suite de la bataille d’Abbeville, de Gaulle est nommé général à titre provisoire. Le Président du Conseil Paul Reynaud a confiance en lui et le fait entrer au gouvernement le 5 juin 1940. Il est sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la Guerre, aux côtés du Maréchal Pétain.

De Gaulle admire Pétain au début de sa carrière, mais en juin 1940 tout oppose les deux hommes. Le 14 juin, les Allemands entrent dans Paris. Le Gouvernement fuit à Bordeaux. De Gaulle est envoyé à Londres pour tenter d’obtenir davantage de renforts.

Il négocie avec Churchill, le premier ministre britannique, une union politique franco-britannique qui unirait les deux pays pour continuer la guerre. Pétain n’est pas de cet avis, il pense que la guerre est perdue. Les Américains refusent leur aide au chef du gouvernement français Paul Raynaud, qui démissionne.

Pétain lui succède et le 17 juin, prend la parole à la radio. Alors que les combats font encore rage un peu partout en France, le Maréchal propose de négocier un armistice et appelle les soldats français à déposer les armes.

De Gaulle retourne immédiatement à Londres pour y rencontrer Churchill. Il propose de continuer la lutte depuis l'Angleterre et l’Empire colonial français. Il sait que le conflit va devenir mondial et que la France a perdu une bataille, mais pas la guerre. 

Alors que la France sombre dans le chaos, Yvonne de Gaulle et ses 3 enfants fuient parmi les innombrables réfugiés. Ils parviennent à monter à bord d'un bateau à Brest. Ce 18 juin, ils rejoignent le général de Gaulle à Londres. A 18h30 puis à 22h, il lance son appel à résister sur les ondes de la BBC.

Le "petit Lillois" vient d'entrer dans l'Histoire.

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