En mars 1915, débutait ce qu'on appela "le rapatriement des bouches à nourrir". Il s'agissait d'évacuer des civils indésirables aux yeux des Allemands de la zone occupée vers la France libre.
Au printemps 1915, les Allemands se trouvent affaiblis économiquement par le blocus allié en mer du Nord. Pour l'occupant, les vieillards, femmes, enfants, malades deviennent des "bouches inutiles" à nourrir. Il désigne ceux qui doivent être évacués : les 21 et 22 avril, des convois partent
de Lille mais aussi du Bassin Minier du Pas-de-Calais soit environ 3500 personnes sur le seul mois d'avril.
Mais le poids des privations pèse sur la population. Certains civils décident alors avec l'autorisation des Allemands de se porter volontaires pour rejoindre la zone libre via la Suisse. Les postulants doivent payer leur voyage qui s'effectue parfois dans des wagons à bestiaux, ils n'ont droit qu'à 30 kilos de bagage et abandonnent leur maison réquisitionnée. Régulièrement, l'occupant continue à procéder à des rapatriements forcés ; en avril 1918, 1 200 vieillards de l'Hospice de Lille doivent laisser la place aux blessés allemands.
Ces rapatriés sont en général, envoyés dans les départements du Tarn et de la Haute-Garonne. Sur place, ils sont pris en charge par des organisations charitables et logés chez l'habitant. Sur place, leur présence crée de l'hostilité : choc de culture et de langage, chômage qu'ils occasionnent. Ils subissent la terrible insulte de "Boches du Nord" pour s'être accommodé de l'occupant allemand. En 3 ans, 1 habitant sur 10 du Nord occupé sera ainsi évacué.