Difficile aujourd'hui d’imaginer le drame qui s’est noué il y a cent ans à la gare Saint-Sauveur de Lille, dans ce lieu maintenant dédié à la culture : en 1916, des centaines de femmes et de jeunes filles entassées dans des wagons à bestiaux, furent déportées par les troupes allemandes.
1916 : l’Allemagne jette toutes ses forces dans la bataille de Verdun. Les femmes remplacent les hommes à l’usine et aux champs. L’effort de guerre est intense, le pays est rationné. La campagne manque de bras. Les Allemands imaginent donc utiliser les civils du Nord occupé pour faire les récoltes. Ils demandent dans un premier temps des volontaires, c’est un échec. Ils passent alors aux travaux forcés.
Avril 1916, jour du Vendredi Saint, à 3 heures du matin, l’armée allemande boucle le quartier de Lille-Fives. Les soldats, baïonnette au canon fouillent les maisons et sélectionnent « les partants ». Au total, entre le 22 et le 29 avril, à Lille, Roubaix, Tourcoing, 20 000 personnes seront déportées dans les territoires occupés : Picardie, Champagne, Ardennes. La bourgeoisie s’émeut du sort réservé à ses jeunes filles, la dureté des tâches et la promiscuité sont pour elles un choc terrible.
Sources d'archives :
- NARA
- Gallica BNF
- Archives départementales du Nord
- Pathé Gaumont
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©France 3
Finalement, l’Allemagne devra faire machine arrière. Le gouvernement français alertera les pays neutres, c’est une intervention du roi d’Espagne qui mettra un terme à ces déportations. A partir d’août 1916, les évacués seront de retour dans la région lilloise.
Mais le répit sera de courte durée. En octobre,
Les Allemands vont instaurer le travail obligatoire et généralisé dans les territoires occupés.