Malgré l'interdiction préfectorale, quelques dizaines de manifestants se sont rassemblés en hommage aux victimes palestiniennes, place de la République, à Lille, ce jeudi 12 octobre. Ils ont vite été dispersés par un important dispositif policier. La préfecture a annoncé 10 interpellations.
"Il y a une injustice au niveau des hommages". Saliha arbore un tee-shirt avec le drapeau palestinien, maculé de sang. Malgré l'interdiction, cette Roubaisienne de 20 ans comptait faire entendre sa voix lors du rassemblement de soutien au peuple palestinien, lancé notamment par l'association France Palestine solidarité du Nord Pas-de-Calais.
"On est là pour rendre hommage aux victimes et pour pointer du doigt les injustices, explique la jeune femme. Il y a quelques jours, il y a eu une manifestation pour les Israéliens, et il n'y avait pas tous ces policiers pour nous dire de partir." Alors qu'elle répète que sa présence n'est en rien une menace à l'ordre public - en réponse au préfet - des membres des forces de l'ordre lui ordonnent de "quitter la place".
Évacuation sans heurt
Comme elle, ils sont quelques dizaines de manifestants à s'être retrouvés place de la République à Lille, dès 18 heures, ce jeudi 12 octobre 2023. Certains portaient des tee-shirts à l'effigie de la Palestine, d'autres des écharpes ou encore du maquillage. Autour de la place, un important dispositif était mis en place pour éviter tout débordement.
Dès 18h20, alors qu'une poignée de personnes commençait à se regrouper près de la fontaine, les forces de l'ordre ont repoussé tout le monde aux abords de la place. Quelques invectives ont été échangées, mais nous n'avons constaté aucun heurt. Toutefois, la préfecture annonce l'interpellation de dix personnes, pour "rébellion" et "refus de se disperser".
"On pense aux petits de la bande de Gaza"
Fayçal, franco-algérien de 34 ans, porte son tee-shirt comme un étendard. Dessus, une carte de l'évolution de la colonisation de la Cisjordanie. "On veut simplement défendre la cause palestinienne, témoigne le jeune homme, venu spécialement de Libercourt en train pour l'occasion. Parce qu'on sait que c'est encore le peuple arabe qui va prendre. On pense aux petits de la bande de Gaza."
"On n’est pas là pour des trucs de politique ou de gouvernement, ajoute Sofia, lilloise de 36 ans, d'origine algérienne et polonaise. On est là pour les civils." Et d'ajouter : "on n’est pas là pour dire qu'il faut laisser mourir les Israéliens, mais est-ce qu'ils peuvent comprendre que nous aussi on peut être triste ?"
Dans son arrêté, la préfecture justifiait l'interdiction de cette manifestation en évoquant des risques de "trouble à l'ordre public et la possibilité que des propos d'incitation à la haine à la violence et là la discrimination" soient tenus. En fin de journée, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, interdisait tous les rassemblements pro palestiniens en France.