Connaissez-vous Movember ? Partout dans le monde, pour manifester leur soutien à leurs pairs souffrant d'un cancer masculin ou de maladie mentale, les hommes arborent une moustache durant tout le mois de novembre. À Lille, le CHU et une entreprise textile ont décidé d'aller plus loin depuis le 1er novembre 2024, avec une campagne choc en partenariat avec le LOSC, incitant les hommes à se tâter les testicules, en prévention d'un cancer encore méconnu.

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Dans le cadre de Movember, depuis le 1er novembre 2024, le centre hospitalier universitaire de Lille et l'entreprise textile Lemahieu collaborent, en partenariat avec le LOSC, pour inciter les hommes à pratiquer l'autopalpation systématique des testicules avec le hashtag "Je me tâte". Ensemble, ils ont créé un caleçon dont les bénéfices de la vente serviront pour la recherche.

"On est parti du principe qu'on communique beaucoup sur Octobre rose, mais peu sur ce qu'on appelle Novembre bleu, ou le Movember, constate Nicolas Thébaud, responsable marque et e-commerce chez Lemahieu et instigateur de ce projet. Voilà plus de vingt ans que Movember existe et que des hommes se laissent pousser la moustache pendant un mois à travers le monde. Mais la plupart d'entre eux ne savent pas vraiment qu'il s'agit de sensibiliser l'opinion publique sur les maladies masculines."

Le cancer de la prostate, le plus fréquent chez les hommes

L'enjeu de la campagne mise en place par le CHU de Lille, Lemahieu et le LOSC est d’ouvrir le dialogue, d'atteindre le plus grand nombre d’hommes avec un message fort et de lever des fonds pour soutenir la lutte contre les cancers masculins.

Parmi ceux-ci, il y a bien sûr celui de la prostate. 60 000 nouveaux cas sont découverts chaque année en France et le CHU de Lille est un expert dans la prise en charge de la maladie. Il préconise d'ailleurs aux hommes de demander un dépistage individualisé sous forme de prise de sang à partir de 50 ans, 45 s'il y a des antécédents familiaux.

Le cancer du testicule, une maladie taboue qui touche les jeunes

Mais les créateurs du hashtag #JeMeTâte ont décidé de faire un focus sur celui du testicule, plus fréquent chez les hommes jeunes. "C'est un cancer rare mais c'est celui qui a le plus fort taux de croissance. Chez les femmes, c'est acté, elles savent qu'elles doivent s'autopalper. Chez les hommes, c'est complètement tabou.", déplore l'entrepreneur.

"Alors que les femmes assez tôt dans leur vie consultent un gynécologue, complète Gautier Marcq, urologue à l'hôpital Huriez, les hommes ne vont pas voir d'urologue avant 50 ou 60 ans. Or l'incidence majeure du cancer du testicule arrive au début de la vie adulte voire à l'adolescence."

Il faut briser les tabous sur l'autopalpation testiculaire.

Docteur Gautier Marcq

Urologue à l'hôpital Huriez de Lille

"Il faut briser les tabous sur l'autopalpation testiculaire et communiquer sur ce sujet à l'école, au collège, au lycée. On n'éduque pas assez nos jeunes à ça. Or, c'est une maladie qui est à 85% diagnostiquée entre 15 et 35 ans."

L'urologue estime qu'à cause du tabou, les adolescents attendent souvent d'avoir mal avant d'en parler à leurs parents. "L’autopalpation des testicules est un geste simple et normal que chaque homme devrait réaliser une fois par mois, entre 14 et 45 ans. Si on sent une petite boule dure et pierreuse qui déforme le testicule, il faut consulter. C'est un cancer qui se traite très bien même à une phase métastatique débutante. Il ne faut pas avoir peur du diagnostic."

C'est vrai que c'est tabou, mais je n'ai pas de honte alors je vais dire les mots : j'en avais une plus dure que l'autre.

Julien Capelle, 42 ans

Opéré d'un cancer du testicule en 2009

"Moi, je n'ai pas eu peur, se souvient Julien Capelle, 42 ans aujourd'hui. C'est plutôt que j'ai cru que ce n'était rien de grave, que ça passerait. Quand j'ai compris ce qui m'arrivait, je me suis dit qu'on en faisait beaucoup pour les femmes, mais que nous, on n'était pas au courant des dangers."

Il raconte : "C'était en 2009, j'avais 27 ans. Les hommes ont du mal à en parler, c'est vrai que c'est tabou, mais je n'ai pas honte alors je vais dire les mots : j'en avais une plus dure que l'autre. Je croyais m'être pris un coup, pas que c'était grave."

"Quand ma fille est née en novembre, ça faisait déjà quatre mois que j'avais cette sensation bizarre. En décembre, j'ai fini par consulter mon médecin traitant à Wasquehal. C'était une femme donc c'était gênant mais il a bien fallu lui montrer. Je l'ai vue changer de couleur. Très inquiète, elle m'a orientée vers le CHU de Lille."

Radiothérapie et chirurgie, Julien est rapidement pris en charge. "Ils m'ont expliqué que j'avais eu de la chance que ça ne se soit pas propagé ailleurs. Franchement, ça fait réfléchir et ça fout les boules. Je ne pouvais pas imaginer ça. Je n'étais pas malade du tout, je n'avais mal nulle part, aucun bleu, rien. Moi cette campagne, je la trouve formidable."

Un cancer au pronostic très favorable

En cas d'anomalie détectée lors de la palpation, le médecin prescrira une échographie et une prise de sang. En fonction des résultats, un acte d'orchidectomie pourra être réalisé, une ablation du testicule. Chaque année, le CHU de Lille effectue 35 à 40 opérations de ce genre.

Selon Santé publique France et l'Institut national du cancer, en 2018 en France parmi les 2769 hommes traités pour un cancer du testicule, 86 sont décédés. "C'est un cancer au pronostic très favorable avec une survie à cinq ans qui dépasse 93%.", insiste Gautier Marcq.

"Certes, c'est une maladie assez rare, concède-t-il, qui représente 1 à 2% des cancers de l'homme, mais ce qui compte avec cette campagne au hashtag drôle et provocateur, c'est vraiment de briser un tabou. Dans le cas où c'est pris tôt, on peut même éviter l'ablation et entreprendre une chirurgie de préservation de l'organe."

#JeMeTâte, deuxième édition

C'est déjà la deuxième édition de ce Movember au hashtag humoristique mais percutant. "Palpez-vous, tâtez-vous... On ne peut pas être plus clair ! insiste Nicolas Thébaud de chez Lemahieu. On avait hésité à utiliser le symbole de la moustache, mais pour frapper fort, on a créé ce hashtag à double sens. Si on a de l'humour, c'est cool, si on n'en a pas, ça passe quand même. Les médecins du CHU ont tout de suite été fans."

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Pour l'occasion, le fabricant nordiste Lemahieu a cette année créé un boxer bicolore en coton bio, 100% français - matière, confection et expédition - disponible en édition limitée dans un coffret vendu 29 euros. Les bénéfices d'une quinzaine d'euros par article seront intégralement reversés au Fonds de dotation du CHU de Lille pour la lutte contre le cancer.

"On a fait appel à un artiste international, Petites luxures, qui dessine des scènes légèrement érotiques et est suivi par plus d'un million de followers sur Instagram. Il a créé la broderie pour le caleçon, une carte postale collector et le guide d'autopalpation."

En partenariat avec le LOSC

Le LOSC, également partenaire, a donné le coup d'envoi de cette campagne le 1er novembre 2024 en marge de la rencontre LOSC - Olympique Lyonnais à la Decathlon Arena Stade Pierre Mauroy. Des messages de prévention au dépistage des cancers masculins ont notamment été diffusés sur les écrans géants.

"La santé est l’un des axes majeurs de l’engagement social et sociétal du LOSC, avance le club lillois, notamment parce que la région Hauts-de-France est l’une des plus touchées par les cancers. Engagé depuis plusieurs années auprès d’acteurs sanitaires locaux, le LOSC souhaite renforcer la sensibilisation de sa communauté masculine aux enjeux du dépistage et accroître la valeur des dons qu’il génère par ses actions chaque année au profit de la recherche."

Des stands de prévention seront également installés le 7 novembre 2024 de 14h à 16 dans le hall pédiatrie de l'hôpital Jeanne de Flandre et le 28 novembre de 14h à 16h30 dans le hall de l'hôpital Huriez.

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