On le connaît grâce à sa célèbre trilogie "Les Fourmis". Bernard Werber sort son 33e roman mais, le saviez-vous ? Il est aussi en tournée avec un spectacle de méditation, qui passera par Lille le 25 mars 2024. L'occasion pour cet auteur prolifique de répondre à toutes les questions que vous vous posez sur lui.
Il est l'un des auteurs français les plus lus à travers le monde. Traduit dans 35 langues, il a vendu plus de 30 millions d'exemplaires, dont la célèbre trilogie des Fourmis. Bernard Werber publie son 33e roman, Le temps des chimères. Il est aussi en tournée avec son tout premier spectacle, VIE (Voyage Intérieur Expérimental), qui passera par Lille le 25 mars 2024.
"Je fais une sorte de guidance de méditation, précise l'auteur, et le public voyage dans des pays extraordinaires, se retrouve en enfance, part dans le futur... Et je le vois. Ce spectacle, c'est une prolongation du métier d'écrivain. Quand on raconte une histoire, on fabrique des images dans l'esprit du lecteur et là, ce qui m'a amusé, c'est de le faire en direct et de voir la réaction des gens."
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"J'ai découvert la méditation enfant, se souvient Bernard Werber, en colonie de vacances. J'ai alors compris qu'on pouvait faire un film directement dans la tête des gens rien qu'en leur racontant une histoire. Je n'ai pas arrêté, depuis, de rechercher ces sensations."
"Aujourd'hui, je passe un cap pour proposer aux gens d'aller carrément visiter leurs vies antérieures, et de me raconter ce qu'ils ont vu. Il y a beaucoup de détails et même des choses très troublantes."
En parlant de détails, à Bernard Werber de nous en divulguer quelques-uns en répondant aux questions que les internautes se posent le plus sur lui et sur son parcours !
Quand les gens tapent votre nom sur un moteur de recherche, ils veulent d'abord savoir comment il se prononce.
Werber, comme un réverbère. Je pense que ça vient des pays de l'Est. Mon grand-père est venu de Pologne en 1900 pour s'installer à Toulouse et ouvrir un magasin de vêtements, les vêtements Silva. La devise était : "Un vêtement Silva vous va".
On cherche votre âge.
Je suis né en 1961, j'ai 62 ans. Je vais bientôt faire 63. Dans ma tête, j'ai autour de quinze, et mes propres enfants essaient de me raisonner pour que je devienne adulte...
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Combien mesurez-vous ?
Je fais 1m80 et je fais très attention à mon poids par rapport à ma taille, c'est un truc qui m'obsède. J'essaie de faire 70 kilos. Mais au moment où je vous parle, je fais 73 kilos et je suis effondré.
Quelle est votre religion ?
Je définirais plutôt une spiritualité. Ce qui m'intéresse, c'est de comprendre la dimension au-dessus. Et la différence entre la spiritualité et la religion, c'est que la religion est remplie de certitudes alors que la spiritualité est remplie de questions.
Disons que je suis agnostique. C'est-à-dire que je ne sais pas et que j'essaie de me renseigner, à tous les niveaux, sur la dimension au-dessus et sur le sens de la vie.
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Vous avez d'abord été journaliste.
Quand j'étais jeune, j'espérais être avocat pour avoir un métier tranquille. Et puis un jour, j'ai écrit un journal de lycée et je me suis aperçu que ça m'amusait beaucoup. Je suis devenu journaliste à La Voix du Nord, puis au Nouvel Observateur.
Le problème, c'est qu'au sein d'une rédaction, je suis toujours limité. En nombre de pages, en sujets, il y a tout le temps des gens qui m'empêchent de déployer mes ailes. J'ai donc trouvé le seul métier où je pouvais le faire : écrivain. C'est une prolongation de mon métier de journaliste, si ce n'est que je n'ai pas de limites.
Ancien journaliste à La Voix, vous ressentez un attachement particulier à Lille...
Oui, c'est vrai. D'abord, c'est le premier endroit où je me suis retrouvé face à une foule, quand j'ai sorti Les Fourmis. J'ai compris qu'ici le message passait bien... Quand je suis venu présenter Le livre du voyage à la fac de Lille en 1994, j'ai annoncé au public que plutôt que d'en parler, on allait le vivre. Je les ai incités à fermer les yeux, on l'a fait, et tout le monde a adoré. Aujourd'hui, j'en ai fait un spectacle.
Spectacle qui a d'ailleurs connu un tournant l'an dernier... au Sébastopol de Lille ! C'est dans ce théâtre que pour la première fois, j'ai essayé de faire chanter la salle pour produire une onde de son.
On se demande si vous êtes franc-maçon.
J'aime beaucoup la franc-maçonnerie, et dans La prophétie des abeilles, je parle d'ailleurs du temple de Salomon, qui est à l'origine de la maçonnerie. C'est un sujet qui m'intéresse. La symbolique des nombres par exemple m'a inspiré pour L'empire des anges.
Les gens cherchent pourquoi vous avez écrit Les Fourmis.
Les fourmis, je leur dois tout. C'est une passion d'enfance. Quand j'étais petit, je jouais dans le jardin de mes grands-parents et je restais à les observer - puis à les mettre dans des pots ! Par la suite, c'est comme si elles m'avaient toujours guidé. L'essentiel de mon travail est issu d'observations de la nature, spécialement des fourmis.
L'avenir de l'humanité, je le comprends mieux en réfléchissant sur les fourmis. Tout simplement parce qu'elles ont 120 millions d'années de vie sur terre et que nous, nous en avons au mieux trois millions. Donc c'est l'espèce aînée. Et en même temps, c'est une espèce qui a réussi puisqu'elle est adaptée à tous les milieux et qu'elle ne dérange pas l'écosystème, contrairement à nous.
Vous êtes fasciné par la Corée du Sud, qui vous le rend bien. En 2013, un sondage vous plaçait à la deuxième place des auteurs étrangers les plus appréciés derrière Haruki Murakami et devant Ernest Hemingway.
C'est un coup de foudre. La première fois que j'ai pris l'avion pour y aller, je ne savais que vaguement où se trouvait ce pays, que je situais mal, entre la Russie, la Chine et le Japon. Et quand j'ai débarqué là-bas, j'ai découvert un peuple, une culture, une intelligence, une volonté de se surpasser... L'énergie des Coréens est extraordinaire.
Pour moi, c'est un peuple d'avenir, et en même temps c'est un peuple résilient parce que leur passé est terrible. Ils ont souffert de l'occupation japonaise, de la Corée du Nord et de ses expériences nucléaires, de la pression de la Chine... C'est un peuple courageux, un peuple héroïque. À chaque fois que je débarque là-bas, je sens une connexion avec cette énergie.
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De quoi parlera votre prochain roman ?
Ce sera la suite de La prophétie des abeilles, dans la mesure où je réutilise mon personnage de René Toledano, à travers sa fille. Le thème, c'est les familles d'âmes. Pourquoi des gens se retrouvent, vie après vie, pour être ensemble, faire des choses ensemble, vibrer ensemble et former ce que j'appelle des égrégores.
Je suis en pleine écriture et ce matin, dans le TGV, j'ai passé la page 600. C'est comme une graine, je ne sais pas jusqu'où elle va pousser et là, ça a l'air d'être énorme donc il est possible que je le coupe en deux. Ça risque d'être un projet monumental et je peux vous dire qu'il me fascine autant qu'il me fait peur.
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En attendant, Le temps des chimères, l'histoire d'une scientifique qui, en croisant de l'ADN humain et animal, crée de nouvelles espèces capables de voler, nager et vivre sous terre, est publié aux éditions Albin Michel. Un livre de philo fiction, thématique chère à Bernard Werber, entre polar, science-fiction, spiritualité, biologie et mythologie. Quant au spectacle VIE, il sera joué au théâtre Sébastopol de Lille le lundi 25 mars 2024.