Selon le syndicat FSU, l'université de Lille a perdu en décembre son dernier médecin du travail. Environ 7200 personnes sont sans suivi. La carence passe mal parmi les syndicats, alors même que le gouvernement envisage de confier plus de responsabilités aux médecins du travail dans le cadre de sa réforme des retraites.
L'alerte a été lancée par le syndicat FSU adressé à l'ensemble du personnel. "L'université n'a désormais plus du tout de médecin du travail. Il n'en restait déjà plus qu'un en 2022, pour 7200 personnels environ, qui a démissionné en fin d'année dernière" annonce le syndicat.
"La surveillance obligatoire de la santé des personnels, en particulier sur les postes à risque, ne sera donc plus effectuée dans l'immédiat, de même que les préconisations d'aménagement de poste pour les collègues dont la santé est déjà déficiente... Espérons qu'il vous reste au moins un médecin traitant, en cette période d'extension des déserts médicaux !" ironise le FSU.
Selon la CGT, un appel à candidatures a été lancé en décembre après la démission du dernier titulaire du poste. "Pour l'instant, on est dans le flou. Apparemment, des professionnels nous auraient approchés mais rien ne nous a encore été présenté officiellement. A l'heure actuelle, beaucoup de choses sont suspendues" résume Dominique Scheers, représentant syndical.
L'université de Lille a cependant trouvé une mécanique de compensation temporaire pour les visites obligatoires de reprise du travail après une longue période d'absence. Pour ce cas de figure, l'université a passé une convention avec un médecin du CHR de Lille, nous renseigne la CGT.
La médecine du travail en crise
Cette carence est d'autant plus critiquée par le FSU dans le contexte de la réforme des retraites. En effet, le gouvernement veut leur confier l'évaluation de "l'usure professionnelle" permettant un départ à la retraite anticipé à taux plein à 62 ans, l'âge en vigueur actuellement.
Or, la médecine du travail est déjà en sous-effectif chronique, comme le souligne le cas lillois. En novembre 2022, Benoit Serre, vice-président de l'Association nationale des directeurs de ressources humaines estimait que la France avait perdu "près de 1 000 [médecins du travail] en dix ans."