Le taux de réussite du bac en baisse dans le Nord et le Pas-de-Calais : "C'est une forme de retour à la normale"

Le taux de réussite définitif du baccalauréat 2022 est tombé pour le Nord et le Pas-de-Calais, en baisse de deux points par rapport à l'an dernier. C'est la première année que le bac nouvelle formule entre en application mais cette baisse doit surtout à un retour à la normale après les années de pandémie.

C'est l'heure des comptes : après les résultats de la session de rattrapage du baccalauréat, le taux de réussite dans le Nord et le Pas-de-Calais est affiché à 89.8%. C'est 1,3 points de moins que la moyenne nationale, et 2.9 points de moins qu'en 2021, note l'académie de Lille. Au niveau national, on constate une baisse identique du taux de réussite.

  • Bac général : 95,9 % (taux national : 96,1 %)
  • Bac technologique : 89,7 % (taux national : 90,6 %)
  • Bac professionnel : 80,1 % (taux national : 82,3 %)

"Les chiffres sont légèrement en baisse, c'est assez logique puisqu'on a eu deux années de réforme et surtout de covid, avec l'enseignement à distance. Il est vrai que nous avions eu des consignes claires d'indulgence, de bienveillance, ce qui était tout à fait normal étant donné les conditions dans lesquelles les élèves avaient composé" explique Florence Delannoy, proviseure du lycée Montebello de Lille et représentante du syndicat SNPDEN. Une analyse encore relative, puisque la session 2022 servira de nouvelle année de référence. "Il faudra attendre l'année prochaine pour voir où on en est, on va revenir à quelque chose de normalement exigeant."

 "C'est difficile de comparer avec l'an dernier, on regarde plutôt un comparatif avec 2019, abonde Valérie Cabuil, rectrice de l'académie de Lille. Cela me semble être des résultats qui reflètent notre population, et c'est très bien. Les résultats du bac général sont quasiment identiques à la moyenne nationale. C'est un peu moins pour les séries techno et pro. Peut-être que ces élèves ont été plus fragilisés par la crise. Nous allons analyser ces résultats très précisément."

L'année 2022 marque en effet la première mise en application réelle de la "réforme Blanquer", entérinée en 2019 et perturbée par deux années de covid. La réforme, très décriée, prévoyait un changement profond du cursus lycéen et de l'examen, avec 40% de la note finale dépendant du contrôle continu. Réforme  conduite aussi dans une logique budgétaire. Le ministre de l'Education d'alors, Jean-Michel Blanquer, avait d'ailleurs présenté de nouveaux ajustements en mai 2022. La baisse constatée des résultats va plutôt dans le sens de la communication du gouvernement sur son nouveau bac : Jean-Michel Blanquer estimait nécessaire de "restaurer la crédibilité" du baccalauréat, critiqué pour sa supposée facilité

Avoir le bac, le "résultat normal d'un parcours normal"

Pierre Mathiot, directeur de Sciences Po Lille et artisan de la réforme Blanquer, relativise cette crainte récurrente. "On parle tout de même de 89,1%, c'est une forme de retour à la normale et ceux qui craignaient que l'instauration d'un contrôle continu signifie un bac bradé ont eu faux, défend-il. Le grand débat, c'est la "valeur" du bac. Mais depuis qu'on donne les chiffres de réussite au bac, c'est la déploration. Je rappelle souvent qu'en 1840, quand on a introduit les épreuves écrites au bac, déjà, des observateurs disaient : ça y est, la France va s'effondrer, ironise le politologue. Le bac n'a pas nécessairement vocation à être une barre de saut en hauteur que la plupart rateraient, c'est un point de passage. Obtenir le baccalauréat, c'est le résultat normal du parcours normal d'un lycéen de filière générale en France."

Pour Pierre Mathiot, la véritable efficacité ou non de la réforme du bac, qui introduisait les enseignements de spécialité, ne se mesurera que plus tard. "La meilleure appréciation du sens et de la valeur du bac, c'est savoir ce que deviennent les étudiants un an après. S'ils ont franchi avec succès leur première année dans le supérieur, c'est que leur bac avait du sens et que leur orientation était bien travaillée et accompagnée. Je serai même favorable à une enquête, six mois après, pour leur demander s'ils sont satisfaits ou déçus, s'ils se sont réorientés ou non. On a encore un peu de mal en France à faire des études qualitatives", regrette-t-il.

Dans les Hauts-de-France, plus de 20 400 élèves désormais diplômés pourront bientôt passer à cette étape suivante. 

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