Depuis l'annonce surprise de la dissolution de l'Assemblée nationale, les électeurs s'organisent et les demandes de procuration pour les élections législatives du 30 juin et 7 juillet 2024 explosent. Au niveau national, on comptabilise 6,4 fois plus de demandes qu'aux législatives de 2022. Dans beaucoup de commissariats de France, des files d'attente se forment. Exemple dans celui de Lille.
Les dates des élections, 30 juin et 7 juillet 2024, coïncident avec celles des départs en vacances, mais nombre de Français sont décidés à faire entendre leur voix. Les demandes de procuration sont en hausse par rapport au premier tour des législatives 2022 : 1 055 067 au 20 juin soit à 10 jours du scrutin, selon la communication du ministère de l'Intérieur. Alors qu'en 2022, il y en a eu en tout 1 021 350. Nous avons souhaité donner la parole aux électeurs pour qu'ils nous expliquent les raisons motivant leur mobilisation.
À Lille, une file d’attente se prolonge jusqu’à l’extérieur du commissariat central. Les habitants attendent pour valider leur procuration. Car avec ces législatives en plein été, impossible d’être présent les jours de vote.
Saïd-Tamim, 36 ans, vote pour la première fois en France. Citoyen français depuis peu, il regrette que les étrangers soient montrés du doigt. Il estime que ces derniers paient les frais de la situation internationale et du contexte économique.
On se dit souvent : "Qu'on vote ou pas, de toute façon ils font ce qu'ils veulent". Si tout le monde pense comme cela, on n'avance pas [...] Moi j'y crois encore !
Lee, 22 ans
Lee, 22 ans, souligne : "50% des personnes ont voté lors des dernières élections. Ça ne représente pas vraiment l'avis des Français. On se dit souvent : « Qu'on vote ou pas de toute façon, ils font ce qu'ils veulent ». Si tout le monde pense comme cela, on n'avance pas. Est-ce qu'on laisse tomber ou on y croit encore, c'est à chacun de se positionner. Moi j'y crois encore".
Également dans la file d'attente, à l'intérieur du commissariat cette fois, Clément, 27 ans, explique avoir "voté à toutes les élections depuis que je vote, c'est la première fois où je ne serai pas présent, à Douai. C'est important de donner sa voix, notamment en ce moment face à la montée de l'extrême droite. J'étais assez terrifié aux résultats des européennes, c'est assez angoissant. Pour moi, ce sera le Nouveau Front Populaire."
"100 à 150 demandes de procuration par jour"
Louis, adjoint administratif accueil du commissariat central de Lille, confirme une forte tendance à la hausse des demandes de procuration. "On doit être à 100 voire 150 demandes la journée, la file est longue et on essaie de faire au mieux pour que les gens n’attendent pas trop".
"6,4 fois plus de procurations qu'en 2022, en France"
Pas de communication des préfectures du Pas-de-Calais et du Nord concernant les chiffres départementaux. Néanmoins, le ministère de l'Intérieur assure qu'au niveau national, au 20 juin, soit à 10 jours du 1er tour, "nous comptabilisons 1 055 067 procurations établies depuis le 10 juin. Par rapport aux élections législatives de 2022, entre J-20 et J-12 avant le 1er tour, on comptabilise 6,4 fois plus de procurations". (1)
Mais contrairement à ces élections provoquées par la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale, les dates du scrutin de 2022 étaient connues longtemps à l'avance et les demandes de procuration avaient pu s'étaler dans le temps. Par ailleurs, les législatives avaient eu lieu les 12 et 19 juin, tandis que le second tour se déroulera cette année le premier week-end des vacances scolaires.
Pas de date limite pour les procurations, mais mieux vaut faire la démarche le plus tôt possible - les documents doivent ensuite être envoyés en mairie pour que cette dernière communique aux assesseurs le nom de celui qui viendra voter à votre place.
(1) À noter que ces chiffres comprennent à la fois les demandes de procuration faites aux commissariats et celles faites exclusivement en ligne grâce aux nouvelles cartes d'identité.