Législatives 2024. "Je n'ai pas voté depuis 2005" : au commissariat, les électeurs s'activent pour faire leur procuration

Le 9 juin dernier, Emmanuel Macron annonçait la dissolution de l'Assemblée nationale et la tenue d'élections législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet prochains. De quoi perturber les projets de nombreux électeurs en cette période de début de vacances d'été. Cette proclamation surprise a entraîné bons nombres d'électeurs à effectuer une demande de procuration.

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Ce samedi 15 juin, l'un des commissariats de police d'Amiens accueille un défilé permanent de personnes. Un phénomène observé sans discontinuité depuis le début de semaine, selon l'un des policiers qui enregistre les demandes de procurations pour les prochaines élections législatives anticipées, les 30 juin et 7 juillet prochains.

Deux tables ont été spécialement installées afin de rendre les démarches rapides. En moins d'une minute, après un préenregistrement fait en ligne, munie d'une carte d'identité et du numéro de référence, chaque électeur voit sa demande validée.

Les prochaines échéances électorales tombent pendant les vacances pour les uns, ou durant des impératifs pour les autres. La seule solution pour ces derniers est d'envoyer quelqu'un déposer leur bulletin dans les urnes. 

Je suis sur la liste électorale de chez mes parents, dans l’Oise.

Lucas, 23 ans

Étudiant

Comme Lucas, 23 ans, étudiant. Celui qui se décrit comme assidu pour chaque scrutin, ne peut enchaîner les allers-retours. C'est la première fois qu'il fait appel à ce mode de vote. "Je suis sur la liste électorale de chez mes parents, dans l’Oise".

Comme lui, Philippe, 60 ans, n'a jamais transféré son bureau de vote depuis qu'il est parti du sud-ouest de la France. "Je n'ai pas voté depuis 2005 ", révèle-t-il. Il a décidé de revenir aux urnes spécialement pour les législatives "parce que le pays va très mal. Il faut sortir de cette impasse politique, sociale et économique".

Lors des prochaines législatives, c’est sa mère de 90 ans qui remettra son bulletin. En 2005, habitant à l’étranger, il avait fait le déplacement lors du référendum du projet de traité constitutionnel européen.

Depuis, Philippe a déserté les isoloirs. Le système électoral ne le convient pas. Il dénonce "un problème de représentation de classes sociales". Il souhaiterait que les élections législatives françaises suivent "une proportionnelle intégrale comme en Belgique ou en Espagne" 

Le mode de scrutin jugé "un peu archaïque"

Venu accompagner sa copine faire une demande de procuration, Jordan, cadre de 32 ans, trouve le système de vote "un peu archaïque". L'Amiénois trouve dommage "qu’en 2024, on ne puisse pas voter à distance". Il estime que "50 % des personnes qui n’ont pas voté (l’abstention des Européennes 2024 a été de 48,51 %) ne sont pas forcément 50 % des personnes qui ne veulent pas voter". Un vote ligne permettrait donc selon lui de diminuer l'abstention.

Le couple n’était pas là pour les élections européennes. Morgane, 29 ans, explique avoir fait les démarches pour les prochaines élections afin "d’éviter des choses". Les deux se disent plus impliqués lors des élections à l’échelle nationale et locale.

Selon Jordan, "s’il y a un désintérêt des Français, ce sont aussi toutes les casseroles qu’il y a eues avant".  C'est pourquoi il "prend les infos au compte-goutte". Et là, "on était obligé d’avoir l’info sur la dissolution de l’Assemblée nationale" que ce soit à travers les médias traditionnels ou d'autres réseaux d'informations. Grâce à cette élection bien relayée et diffusée, "je pense qu’il y aura une participation record". 

Je lui ai demandé de voter pour éviter qu’une certaine faction arrive au pouvoir.

Alban, 68 ans

directeur de société

En une vingtaine de minutes, la porte du commissariat n'est jamais bien longtemps fermée. Durant ce temps passé devant l'établissement, à chaque fois que l'on demande la raison de leur venue, la réponse est la même : "c'est pour une procuration".

Parmi eux, des électeurs assidus comme Alban, 68 ans. "Je vote toujours. Mais je ne suis pas là dimanche prochain. Ce n’est pas un effet de liste prédominante", en soulignant les raisons de sa procuration. Il raconte également être "venu aussi pour ma mère qui se trouve en EHPAD. C’est plus moi qui ai envie qu’elle vote. Je lui ai demandé de voter pour éviter qu’une certaine faction arrive au pouvoir."

Il regrette de ne pas voir ses quatre enfants voter. "On va essayer de les mobiliser, mais s’ils sont en week-end, ils n’iront pas voter. Et la procuration, ils s’en foutent un peu", déplore-t-il. La réaction de ces derniers, le pousse à penser que "les jeunes sont moins concernés". Sur son site, Ipsos indique que plus de 60% des moins de 35 ans n'ont pas voté lors des élections européennes.

Au total, 60 750 procurations ont été validées, mercredi 12 juin, selon France Bleu. C'est plus de 30 000 par rapport aux législatives de 2022 à la même date.

Comment réaliser une demande de procurations ?

La demande de procuration peut se réaliser en remplissant un formulaire à la police, à la gendarmerie ou au tribunal judiciaire. Elle peut aussi se faire en ligne, sur le site du gouvernement Maprocuration.fr. Il faudra donc ensuite se rendre dans l'une des trois administrations pour faire valider la demande.

Si vous bénéficiez d'une identité numérique certifiée France Identité, vous n'aurez pas à vous déplacer. Pour rappel, il est possible de faire votre demande de procuration jusqu’au jour du scrutin, soit le 30 juin pour le premier tour et le 7 juillet en cas de second tour.

Cependant, il est conseillé, pour garantir la bonne prise en compte de la procuration, de la faire le plus tôt possible.

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