"Les 3/4 des élèves sont partis parce qu'ils étaient choqués" : Après la mort de Nadir pendant le bac, un élève témoigne

Nadir est décédé d'une crise cardiaque à l'âge de 19 ans en pleine épreuve de spécialité du bac. Un élève du lycée Gaston Berger de Lille qui a assisté au drame mardi 21 mars dernier a accepté de témoigner.

En pleine épreuve de spécialité du bac mardi 21 mars, Nadir, 19 ans, est décédé d'une crise cardiaque devant ses camarades au lycée Gaston Berger, à Lille. 

Depuis, une enquête administrative de l'Inspection générale a été ouverte par le ministre de l'Education Pap Ndiaye. La procureure de la République de Lille, de son côté, a également ouvert une enquête.

Lucas*, présent lors du drame, a accepté de livrer son témoignage. 

"Ils le laissent comme ça et on a le droit de rien faire"

Lucas se rappelle vivement de cet après-midi qui a tourné au drame. Son épreuve de spécialité du bac débute à 14 heures. "On reçoit les sujets et 5-10 minutes après, il fait son malaise". À ce moment-là, "un professeur appelle un surveillant qui va voir un CPE, je crois, et ils appellent les secours".

En attendant, Lucas explique que les élèves n'auraient pas eu le droit de s'approcher de Nadir et selon le jeune homme : "les professeurs n'auraient rien fait pour lui". Jusqu'à l'arrivée des secours, "qui auraient mis au moins 10 minutes selon Lucas, les professeurs auraient laissé Nadir comme ça et auraient interdit aux autres élèves de faire quoi que ce soit". Selon lui, les élèves qui ont manifesté leur mécontentement auraient été "bloqués". 

"Moi, j'étais mal. De là où j'étais, j'ai vu sa tête quand il tombait. Mais les 10-15 minutes où il était au sol, quand sa tête était bleue et qu'il bavait, je ne l'ai pas vu. Ça m'a moins choqué que les autres", reconnaît-il.

Les profs disaient : on ne peut pas vous autoriser à partir mais on comprend si vous partez.

Lucas, présent lors de la mort de Nadir

"Les 3/4 des élèves qui passent le bac s'en vont parce qu'ils sont choqués"

C'est seulement à leur arrivée, en pleine épreuve chamboulée, que les élèves sont déplacés dans une autre salle pour continuer l'épreuve du bac. C'est là que Lucas voit les pompiers faire un massage cardiaque à Nadir.

En arrivant dans la nouvelle salle, "ça part en vrille, les 3/4 des élèves qui passent le bac s'en vont parce qu'ils sont choqués", souligne Lucas qui précise que les bacheliers qui sont partis pourront repasser l'épreuve le 6 avril prochain. 

Lucas est mis au courant du décès de Nadir "l'après-midi, vers 16 heures" grâce à la soeur d'une de ses amies. Deux jours après, lui et ses camarades apprennent "de la part de la CPE que l'élève avait un pacemaker et les pompiers lui ont dit de ne pas intervenir tant qu'ils n'étaient pas là". 

Une cellule psychologique ouverte

Le lendemain, mercredi 22 mars, "il n'y a pas eu cours et jeudi, quelques élèves sont allés au lycée. On leur a dit qu'ils pouvaient repartir car il n'y avait pas cours". Les lycéens ont "vraiment" repris les cours ce mardi 28 mars. 

"Lundi, il y a eu deux heures où les profs devaient nous écouter avec notre classe habituelle". Les enseignants ont "parlé de la situation et ont dit qu'ils étaient tous choqués mais qu'il fallait repartir à la vie normale". Lucas note néanmoins que "des élèves étaient encore énervés". 

Une cellule psychologique a été ouverte pour recueillir la parole des élèves touchés de près ou de loin par cette mort brutale. 

"J'ai des potes qui ne sont vraiment pas bien"

Quant à Lucas, il ne connaissait pas "du tout" Nadir. "Même de vue, je ne pense pas que je le connaissais", explique-t-il. Il n'en est pas moins resté choqué. Mais le jeune adolescent pense surtout à ceux qui étaient amis avec lui. 

"Moi ça va, mais j'ai des potes qui ne sont vraiment pas bien encore", constate-t-il avant de conclure : "j'ai un pote qui était très ami avec lui, il était très en colère ce jour-là. Il y a aussi des élèves choqués qui ont encore les images dans la tête". 

Contacté, le lycée Gaston Berger informe qu'il ne communique pas sur la mort de Nadir. 

(*le prénom a été modifié)

L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité