Hommage à Nicolas, fauché par un train il y a 8 ans, ses parents continuent leur combat "pour qu'il n'y ait pas d'autres victimes"

Nicolas est décédé le 17 octobre 2016, percuté par un TER au passage à niveau de Wavrin (Nord). Depuis, ses parents œuvrent pour que leur fils soit reconnu comme victime d’un laisser-aller de la part de la SNCF Réseau, Mobilités et des pouvoirs publics. Le procès en correctionnelle contre la SNCF aura lieu le 25 mars 2025.

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Dans un pochon blanc, une mère a placé une petite figurine de tortue, taillée dans du bois, qu'elle tend à Denis Cottin. Ce père de famille, touché, explique la symbolique qui se cache derrière cet humble cadeau : "C'était l'animal préféré de Nico, j'en fais collection."

Le 17 octobre 2016, ce nordiste a perdu son fils, Nicolas, fauché par un TER alors qu'il traversait le passage à niveau de Wavrin (Nord). Le jeune garçon de 15 ans traversait à la hâte pour prendre son train - qu'il craignait de manquer - direction Lille et son lycée. Les demi-barrières du passage à niveau se baissent, mais le lycéen traverse les voies pour rejoindre son TER, stationné de l’autre côté du quai. Nicolas est percuté à 100km/h par le train qui arrivait et décède sur le coup.

Huit ans plus tard, ses parents se battent toujours pour que ce passage à niveau soit sécurisé et que les possibles manquements de la SCNF Réseau et Mobilités, mais également de la Métropole européenne de Lille (MEL) et de la mairie de Wavrin soient reconnus.

Ce sont même les gendarmes en charge de l'enquête qui nous ont donné l'idée de porter plainte et de mener ce combat, parce qu’ils en ont marre de ramasser des gens sur les voies.

Denis Cottin, père de Nicolas

"On a vite compris que ce n’était pas de sa faute, que c’était dû à un problème de sécurisation", argumente Denis avec assurance. "Ce sont même les gendarmes en charge de l'enquête qui nous ont donné l'idée de porter plainte et de mener ce combat, parce qu’ils en ont marre de ramasser des gens sur les voies."

► À lire aussi : Plus de 6 ans après la mort de Nicolas, un renforcement de la sécurité au passage à niveau n'est toujours pas prévu à Wavrin

Des installations toujours "parfaitement insuffisantes"

Ce samedi 19 octobre 2024, le collectif Nicolas Forever a donc organisé un rassemblement d'une quarantaine de personnes, pour alerter sur les négligences supposées concernant ce passage à niveau et tenter d'accélérer la mise en sécurité de l'intersection où passent 91 trains et 12 000 véhicules chaque jour. Car depuis 2016, seule une barrière piétonne a été installée, à côté des demi-barrières qui concernent les automobilistes. De plus, des dizaines de piétons contournent quotidiennement l'installation, mise en place à l'automne 2019.

Ça reste très dangereux, notamment pour les gens se retrouveraient piégés entre les rails et la barrière piétonne.

Muriel Danel, mère de Nicolas

Muriel Danel, mère de Nicolas, fait le tour des installations du passage à niveau en compagnie des personnalités politiques venues les soutenir. Des picots en béton ont été installés pour dissuader les piétons de traverser hors des clous, des panneaux de signalisation ont été ajoutés... La Wavrinoise découvre même que des grilles sont sorties de terre il y a peu, autour de la barrière piétonne, pour éviter aux piétons un peu trop pressés de la contourner. Elle rit en secouant la tête. "C'est du recollage. Elles ne tiennent pas bien." Muriel joint le geste à la parole et donne un petit coup dans l'une des grilles, qui vacille de gauche à droite. La mère de famille fait une moue et ajoute : "Ça reste très dangereux, notamment pour les gens se retrouveraient piégés entre les rails et la barrière piétonne. C'est-à-dire dans la "zone grise", la zone la plus dangereuse, sans plus pouvoir en sortir à cause de ces grilles."

Pour Muriel et Denis, les installations seront réellement suffisantes lorsque tous les usagers du TER pourront accéder à leur quai en toute sécurité. Depuis huit ans, ils militent donc pour l'instauration de quatre demi-barrières au lieu des deux actuellement présentes, et surtout pour la création d'une passerelle souterraine ou d'un pont. Solutions plus coûteuses, mais plus sécurisantes.

Le risque zéro n’existe pas, il y aura toujours des hurluberlus qui traverseront de manière insensée mais on veut essayer de limiter ces risques au maximum.

Denis Cottin

"Le risque zéro n’existe pas, il y aura toujours des hurluberlus qui traverseront de manière insensée, mais on veut essayer de limiter ces risques au maximum", explique le père de Nicolas.

Selon le sénateur du Nord Franck Dhersin, présent au rassemblement, chaque année trois accidents impliquant un piéton ont lieu sur des passages à niveau dans les Hauts-de-France en raison d'une défaillance des installations.

► À lire aussi : Mort de Nicolas au passage à niveau de Wavrin : la SNCF mise en examen pour homicide involontaire

Les suites du procès le 25 mars 2025

Parallèlement à leurs prises de position locales, les parents de Nicolas mènent une bataille plus globale. Notamment au pénal : tous deux souhaitent que leur fils soit judiciairement reconnu comme une victime d’un laisser-aller, d'un abandon des petites gares et des lignes secondaires par la SNCF, les pouvoirs publics et les gestionnaires de voirie. Depuis 7 ans et demi, les nordistes ont donc déposé plainte contre la SNCF, mise en examen il y a deux ans, avant que l'affaire ne soit renvoyée devant le tribunal correctionnel l’année dernière pour "homicide involontaire par personne morale". Selon l'enquête, il leur est reproché d'avoir "involontairement causé la mort" du lycéen, notamment par "négligence" ou "manquement à une obligation de sécurité".

On ne se bat pas que pour nous mais aussi pour toutes ces personnes qui auront des enfants qui devront aller dans une gare du réseau secondaire, pour qu'il n'y ait pas d'autres victimes.

Muriel

Après plusieurs mois d'attente, la suite du procès a finalement une date : celui-ci se déroulera le 25 mars 2025. Une date que Muriel et Denis voient avec beaucoup d’appréhension : "Il va falloir se replonger dans l’horreur de ce 17 octobre", relate Denis. "Mais on est déterminés à aller jusqu’au bout." Et Muriel d'acquiescer : "On ne se bat pas que pour nous mais aussi pour toutes ces personnes qui auront des enfants qui devront aller dans une gare du réseau secondaire, pour qu'il n'y ait pas d'autres victimes."

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