Entre 1 200, selon la préfecture, et 5 000 personnes, selon la CGT, ont défilé contre la réforme des retraites mardi à Lille, où la préfecture a interdit le centre-ville aux manifestants, une décision critiquée par la LDH et la France insoumise.
Mardi, comme samedi dernier, le préfet du Nord Michel Lalande a interdit par arrêté "les manifestations et rassemblements sur la voie publique tenus au titre de l'opposition au projet de réforme des retraites" dans le centre-ville de 8 heures à 20 heures.
Le préfet a proposé aux organisations syndicales "un itinéraire alternatif (...) en raison des risques importants de troubles à l'ordre public lié aux comportements des casseurs qui se mêlent en nombre croissant aux cortèges".
Pour la préfecture, "le caractère répétitif des violences survenues ces dernières semaines excède le cadre de la liberté de manifestation. Face à ce désordre organisé, le préfet fait le choix de préserver de manière proportionnée l'ordre public tout en permettant la tenue de la manifestation revendicative", détaille-t-elle dans un communiqué publié lundi soir.
"On est très inquiets, car en interdisant le centre et (...) confinant les manifestants dans des secteurs isolés de la ville", l'Etat "fait un pas de plus vers l'altération du droit de manifester et de la liberté d'expression !", a déploré auprès de l'AFP mardi Gérard Minet, secrétaire de la section lilloise de la LDH.
La LDH avait "déjà fait ce constat notamment lors de manifestations de gilets jaunes ces derniers mois", a poursuivi M. Minet, mais "il y a un pas de plus, car si les gilets jaunes étaient difficiles à cerner de par leur absence d'organisation, ce n'est pas du tout le cas des organisations syndicales".
Une volonté de l'Etat (...) d'ignorer totalement les corps intermédiaires
Pour lui, ces interdictions montrent "une volonté de l'Etat (...) d'ignorer totalement les corps intermédiaires" et de "liquider toute forme d'expression populaire".
Dans un communiqué publié lundi soir, la France insoumise (LFI) a dénoncé, elle, "l'attitude obtuse de la préfecture, qui bien loin de faire redescendre la tension, ne fait qu'exacerber l'opposition entre manifestants et forces de police".
"Est-il normal que notre centre-ville soit ainsi interdit de manifestation pour les soldes pendant que Macron solde nos retraites ?", écrivaient notamment les députés LFI Ugo Bernalicis et Adrien Quatennens.