Une chercheuse de l'université de Lille a été brièvement placée jeudi en garde à vue dans le cadre de l'enquête sur l'envahissement d'un amphithéâtre en novembre qui avait abouti à l'annulation d'une conférence que devait donner François Hollande, a-t-on appris de sources concordantes.
Suite à la plainte déposée contre X par l'université de Lille pour intrusion, dégradations et violences physiques, plusieurs personnes ont été convoquées par la police ces derniers jours.
Jeudi, au moins deux chercheurs et une étudiante ont été convoqués pour être entendus par la police dans le cadre d'auditions libres. Une chercheuse en sciences politiques, convoquée dans la matinée, a été placée en garde à vue après avoir refusé de se soumettre à un prélèvement d'empreintes digitales.
"Je refuse d'être fichée et criminalisée pour des faits minimes et dérisoires", a-t-elle déclaré à l'issue de sa garde à vue au commissariat central de Lille. "Je n'aurais jamais imaginé que l'envahissement d'un amphithéâtre puisse donner lieu à des poursuites judiciaires".
Des étudiants et des enseignants, réunis devant le commissariat pour soutenir leur collègue, ont dénoncé une plainte "disproportionnée par rapport aux événements".
Livres déchirés
"L'enquête se poursuit, notamment par l'audition des mis en cause, à l'issue de laquelle le parquet décidera des suites à donner", a déclaré un porte-parole du parquet.
"Le groupe de manifestants qui s'était introduit dans l'amphithéâtre où devait avoir lieu la conférence était composé en bonne partie de personnes extérieures à l'établissement", a affirmé l'université dans un communiqué. "Il faut rappeler qu'en plus des livres déchirés, au moins un agent de l'université a été victime de violence".
Le 12 novembre, l'ancien président François Hollande avait été empêché de donner une conférence à l'université par des manifestants dénonçant la précarité étudiante. Il n'était pas dans l'amphithéâtre lorsqu'une centaine de personnes l'avaient envahi. Certains avaient déchiré des pages de son livre.
Cet incident s'était déroulé quatre jours après l'immolation à Lyon d'un étudiant. Il avait posté une lettre sur les réseaux sociaux dénonçant la précarité étudiante, et citant nommément François Hollande.