A Lille, les Galeries Lafayette baissent définitivement leurs grilles ce dimanche 20 décembre. Entre amertume et stupéfaction, la clientèle est tout de même venue en nombre pour profiter des dernières promotions.
Ce soir à partir de 19 h, les Galeries Lafayette de Lille ne seront plus. Le grand magasin, implanté dans la rue de Béthune depuis 2007, ferme définitivement ses grilles au public. Les signes de cette fin de règne sont visibles partout, des rayons à moitié vide à l'affluence des clients venus profiter des derniers rabais.
"Où je vais aller maintenant ?"
"Quel gâchis. Où je vais aller maintenant ?" s'exclame Véronique, 49 ans, à son entrée au deuxième étage des Galeries Lafayette. Cette chef d'entreprise est accompagnée de son fils qui trouve lui aussi "glauque" le spectacle de cette dernière journée de vente de la grande enseigne commerciale.Du rez-de-chaussée au second étage, le tableau est le même : des étagères vides, quelques vêtements rescapés réunis pêle-mêle sur des portants, des cartons, des mannequins en plastique dénudés et des sections entières du magasin bouclées par un ruban jaune et noir qui rappelle la délimitation d'une scène de crime dans les séries policières.
Et crime il y a, pour de nombreux clients complètement désemparés par la fermeture des Galeries. "Je suis stupéfait", explique Carl en écarquillant ses yeux bleus. Originaire de Mouscron, ce Belge de 53 ans fidèle client n'était pas au courant de la fermeture irrévocable et immédiate du magasin."C'est une enseigne mythique. Je suis dégoûté. En plus quand je vois l'état des rayons, je ne pense pas trouver grand chose à acheter."
L'incompréhension se lit aussi sur le visage d'Evelyne, 64 ans. Cette retraitée lilloise vient aux Galeries Lafayette depuis son ouverture il y a huit ans. Elle connaît bien une partie du personnel à qui elle a fait ses adieux samedi. "C'est une partie de nous qui disparaît. Ça fait un pincement au coeur", affirme-t-elle.
Dénicher la bonne affaire malgré tout
L'annonce de la fermeture, Evelyne l'a prise comme un choc, ce qui ne l'a pas empêchée de passer son week-end aux Galeries pour dénicher les dernières bonnes affaires pour ses petits-enfants. A ses pieds trône un sac rempli à ras bord de linges de maisons, vêtements, parfums et autres cadeaux de Noël. "J'en ai pour plus de 300 euros d'achats", confirme-t-elle avec malice.Pour ses dernières semaines, les Galeries Lafayette ont cherché à vider leurs stocks avec des remises de 30 à 70% sur une collection d'articles. De quoi attirer les foules à la veille des fêtes. Sophie et sa mère Marie-Christine se sont déplacées pour profiter de ces réductions et à voir les deux sacs en cuir au bras de la jeune fille, on peut être certains qu'elles ne repartiront pas bredouille. C'est aussi le cas, des nombreux clients qui errent dans les allées, leurs yeux cherchant frénétiquement la perle rare parmi les derniers articles disponibles
"C'est dur mais nous sommes soudés"
Autre son de cloche du côté du personnel des Galeries Lafayette. L'effervescence du dernier jour n'est pas très bien vécue par cette responsable de rayon : "La plupart des clients sont désagréables. Ce n'est pas la clientèle habituelle", se désole-t-elle.Cette vendeuse n'est là que depuis septembre et retournera au chômage après la fermeture des Galeries. "C'est dur mais nous sommes soudés", explique-t-elle en croisant les bras. Une autre employée, présente depuis plusieurs années dans le magasin, évoque à demi-mot "des mois de déception" avant de s'interrompre et de refuser de répondre à d'autres questions.
"Ils savent que le magasin ferme depuis le mois de mars, détaille Patrick Lafond, responsable syndical à Force Ouvrière, certains sont reclassés dans d'autres magasins Lafayette dans d'autres villes mais beaucoup vont être au chômage."
Après la fermeture du magasin à la clientèle, les 134 employés et les 140 démonstrateurs de marques devront rester pour un récurage final. Une page se tourne.