Le Conseil municipal de Lille s'est prononcé jeudi pour un retrait progressif des animaux sauvages des cirques. Un vœu de l'élue écologiste Vinciane Faber. Le vote a provoqué la colère des professionnels du cirque. Mais juridiquement, interdire les animaux sauvages dans les cirques est compliqué.
Le Conseil municipal de Lille s'est prononcé jeudi 4 avril en faveur d'un retrait progressif des animaux sauvages des cirques. Un vœu adopté à l'unanimité. Le texte était présenté par l'élue écologiste Vinciane Faber, mais la version votée a été largement réécrite : les élus ne se prononcent plus pour l'interdiction mais pour un retrait progressif des animaux sauvages dans les cirques.
"Bien sûr, j'aurai préféré que le texte initial soit adopté mais c'est une première étape", se réjouit Vinciane Faber.
#Lille @eluEs_eelvlille a déposé un vœu #CirqueSansAnimaux parce que la place des animaux sauvages n'est pas dans un cirque @eelv_lille pic.twitter.com/s5alhedTS2
— Stef Baly ? ?? (@StefBaly) 3 avril 2019
"On retient surtout que Lille appelle le gouvernement à légiférer, c'est le point clé du voeu pour nous", explique Amandine Sanvisens, qui dirige la campagne pour un cirque sans animaux de l'association Paris Animaux Zoopolis.
Les arrêtés d'interdiction retoqués ailleurs
Fin mars, le Conseil municipal de Toulouse avait refusé un vœu similaire, à une voix près : celle du maire Jean-Luc Moudenc.Non-contraignant juridiquement, le vœu de Lille a pourtant déclenché la colère des professionnels du cirque. "Nous avons 13 à 15 millions de spectateurs par an, une minorité veut imposer sa voix à la majorité", s'indigne Jean-Louis Boutroy, président du Club du Cirque dans le département du Nord.
Présent depuis plus de trente ans sur l'Esplanade de Lille, le cirque Arlette Gruss, "regrette" aussi cette décision dans un communiqué de son directeur, Gilbert Gruss.
Mais les professionnels du secteur soulignent surtout que l'objectif initial du vœu, l'interdiction des animaux sauvages dans les cirques, est juridiquement impossible. Des arrêtés établissant cette interdiction ont été retoqués dans plusieurs villes comme à Luc dans le Var.
Une tendance juridique que rappelait Gilbert Gruss dans son communiqué. "Toutes les villes ayant interdit les cirques avec animaux ont été déboutées par le tribunal administratif".
Un texte de mars 2011 réglemente en effet les conditions d'hébergement des animaux sauvages dans les cirques. Parmi les obligations imposées aux professionnels du secteur, leurs animaux doivent pouvoir se déplacer dans les installations extérieures du cirque, chaque jour, si le temps le permet.
"Une ville peut interdire les cirques qui ne respectent pas la loi, pas ceux qui accueillent des animaux sauvages. S'il y a un arrêté pour interdire les cirques avec animaux sauvages, il sera rejeté. ", rappelle Jean-Louis Bourtoy. "On ne va pas prendre d'arrêté, on sait qu'il sera retoqué", confirme Vinciane Faber.
Vers un dialogue avec les cirques
Face à ce risque juridique, l'élue écologiste préfère jouer la carte du dialogue. "On veut rencontrer les cirques, voire ce qu'ils peuvent faire la prochaine fois qu'ils viennent à Lille". Présent en mars sur l'Esplanade, le cirque Arlette Gruss avait notamment présenté un numéro avec des otaries.
Mais pour l'association Paris Animaux Zoopolis, dialoguer ne suffira pas. "On veut bien discuter avec les cirques mais à un moment il faudra trancher. Les cirques peuvent exister sans animaux", explique Amandine Sanvisens. L'association demande une loi pour interdire les cirques avec animaux sauvages.
Selon un sondage de la Fondation 30 millions d'amis réalisé en février 2018, 67% des Français étaient favorables à l'interdiction des animaux sauvages dans les cirques.
En attendant une loi, les associations demandent aux villes d'utiliser d'autres moyens pour écarter les cirques avec animaux sauvages. "Si vous avez un terrain municipal que vous louez à un cirque avec animaux sauvages, vous pouvez le louer à un autre cirque sans animaux sauvages", propose Amandine Sanvisens.
Un scénario auquel le cirque Arlette Gruss ne veut pas croire. "Nous espérons que la ville de Lille continuera à nous faire confiance pour les prochaines années", écrivait Gilbert Gruss dans son communiqué.
De leur côté, les militants animalistes ont déjà donné rendez-vous au cirque. "Quand le cirque Arlette Gruss reviendra à Lille, on sera là, pour accueillir les spectateurs, leur dire qu'ils vont assister à de la souffrance animale", explique l'actrice Charlotte Talpaert, militante pour Europe-Ecologie Les Verts.
Après huit jours de spectacle à Lille fin mars, le cirque Arlette Gruss continue sa tournée dans la région. Il termine sa tournée de cinq jours à Lens ce soir.