L'avocat Frank Berton a accepté de défendre les parents de Matisse et Sélom, les deux jeunes décédés après avoir été happés par un TER, vendredi soir. Il réclame une enquête en bonne et due forme, afin de déterminer s'il y a eu, oui ou non, un contrôle de police précédant l'accident.
Il défendra les parents de Sélom et Mathis, les deux jeunes de 18 et 20 ans qui ont perdu la vie vendredi dernier, à Lille, après avoir été happés par un TER. L'avocat pénaliste Frank Berton annonce qu'il déposera plainte pour eux jeudi, pour "homicide involontaire", "mise en péril de la vie d'autrui" et "non-assistance à personne en danger".
Les deux derniers motifs visent à confirmer, ou non, l'existence d'un contrôle de police qui aurait précédé l'accident, comme l'affirme Aurélien, l'un des quatre jeunes présents sur les lieux. "On veut qu'il y ait une enquête en bonne et due forme, avec des analyses judiciaires, des bornages téléphoniques, avec l'Inspection générale des services", indique Me Frank Berton, qui estime que le communication du Procureur de Lille, qui réfute l'hypothèse d'un contrôle de police, a été trop hative.
Contrôles au faciès
"Le communiqué de presse a été extrèmement rapide, c'est terrible. Le Procureur dément une "rumeur", mais il est censé prendre appui sur les éléments d'une enquête, or à ce moment-là, l'enquête n'en est qu'à ses balbutiements. En moins de 48h, communiquer ça, c'est d'une imprudence particulièrement suspecte", poursuit l'avocat. "D'ailleurs l'appel à témoins qui conclut le communiqué montre bien que l'enquête n'en est qu'à ses débuts. Et peut-on parler d'une "rumeur", quand on a le témoignage d'un rescapé qui affirme qu'il y avait des policiers de la BAC avec des matraques ?"
Selon lui, Mathis et Sélom étaient d'ailleurs inconnus des services de justice, jamais inquiétés par la police. "En revanche, Sélom s'était plaint à sa mère de faire l'objet de nombreux contrôle au faciès parce qu'il était métisse", précise Me Berton. "Aujourd'hui la mère de Sélom est effondrée. Ce n'était pas des voyous."
L'avocat revient également sur l'hypothèse selon laquelle les jeunes auraient voulu prendre un "raccourci" en se rendant sur les voies, évoquée par le Parquet de Lille dans le même communiqué. "Il n'y a aucun raccourci à cet endroit-là. Les jeunes ont escaldé un mur de deux mètres parce qu'ils ont pris peur, ce n'est pas anodin."
Une enquête confiée à d'autres services
Avec ce dépot de plainte, l'avocat va demander à ce qu'un juge d'instruction soit saisi. "Si ce n'est pas déjà fait, c'est inquiétant et il va falloir savoir pourquoi ça n'a pas été fait." Il exige également que l'enquête soit confiée à d'autres services, comme la PJ ou la gendarmerie.
"Le rescapé met en cause des agents de la BAC, qui sont directement liés au commissariat central de Lille. Et là, les familles des victimes sont auditionnées dans ce même commissariat. C'est inconcevable !" Le Parquet de Lille n'a pour le moment pas répondu à nos sollicitations.
Le dépot de plainte sera effectué jeudi. Les funérailles des deux garçons auront lieu samedi.