Lille : l'enquête sur la mort de Sélom et Matisse classée sans suite

L'enquête judiciaire sur la mort de Matisse, 18 ans, et Sélom, 20 ans, percutés par un TER, le 15 décembre 2017, a été classée sans suite par la procureure de la République de Lille.

Ce 15 décembre 2017 à 20h43, ils sont quatre à être happés par le TER Lille/Calais qui circulait en bordure du quartier Saint Maurice Pellevoisin à Lille. Deux d'entre eux, Sélom et Matisse, décéderont après le choc. Depuis, l'incompréhension règne autour de la présence des jeunes sur les voies du train. 

La responsabilité des policiers est écartée

Dans un premier temps, la présence de policiers à proximité du lieu n'avait pas été révélée par le parquet. Selon la procureure de la République, le même jour, à 20h20, soit quelques minutes avant le drame, un équipage de la brigade spécialisée de terrain (BST) intervient au 16, cité Saint-Maurice à Lille pour une rixe, qui n'a aucun lien avec la présence de Sélom et Matisse. "Une fois sur les lieux, les fonctionnaires ne trouvaient personne, la riverain qui avait signalé l'agression ayant quitté les lieux sans se faire connaître après avoir vu arriver le véhicule de police", raconte le communiqué. 

L'hypothèse, selon laquelle ces policiers, ou d'autres dont la présence n'aurait pas été révélée, ont poursuivi les jeunes "doit être écartée", selon Carole Etienne. "La localisation et l'activité de l'ensemble des effectifs de police de service ce soir-là ont été étudiées et seul cet équipage de la BST était présent", justifie le parquet.

Il paraît établi qu'à la simple vue du gyrophare de l'équipage de police, ces derniers ont pris la décision de quitter les lieux, sans y être contraints par quiconque.

Carole Etienne, la procureure de Lille

Il ajoute : "il est également établi par le témoignage d'une résidente que ces policiers n'ont pas pu poursuivre les quatre jeunes gens puisqu'ils frappaient à sa porte pour demander si elle était l'auteure de l'appel signalant l'agression au moment où elle assistait, par sa fenêtre donnant sur la voie ferrée, à la suite des intéressés escaladant un mur et grimpant sur les toits de garage pour y accéder".

Quelle est donc la raison de la fuite des quatre jeunes ? "Il paraît établi qu'à la simple vue du gyrophare de l'équipage de police, ces derniers ont pris la décision de quitter les lieux, sans y être contraints par quiconque", assure Carole Etienne.

La reconstitution demandée par les familles n'a pas eu lieu

Me Florent Regley, l'avocat de la famille de Sélom et de celles des deux autres blessés, regrette ce classemment qu'il n'a pas appris par les voies officielles mais par la presse : "tout n'a pas été vérifié, l'enquête passe à côté de gros pans de l'histoire". Une reconstitution avait notamment été demandée par les famille, sans succès. "On nous a répondu que c'était trop coûteux et que l'on connaissait déjà les causes de la mort des jeunes", affirme le conseil lillois.

L'avocat juge aussi que la présence, ou non, d'autres policiers n'avait pas pu être vérifiée par la consultation des balises placées sur les voitures car celles-ci ne marchaient pas. "On se dit qu'il y a quelque chose à cacher", ajoute-t-il. Florent Regley va étudier les possibilités qui peuvent être données : "contester le classement sans suite, saisir un juge avec une qualification différente ou voir s'il y a une faute administrative du côté des policiers".  

On se dit qu'il y a quelque chose à cacher.

Florent Regley, avocat de la famille de Sélom et des deux autres blessés.

Le sentiment est le même pour Audrey Jankielewicz, avocate de la mère de Matisse. "Il y a énormément de questions qui se posent, matériellement, sur ce qui a pu se passer, sur ce qu'ils (les victimes) faisaient à cet endroit-là (sur la voie ferrée), à cette heure-là. Ce serait très étonnant qu'ils aient été là par hasard. Aujourd'hui, on n'a aucune réponse", a-t-elle expliqué à l'AFP.

Cette affaire, qui avait provoqué une vive émotion dans la ville et la région, a également fait réagir les députés LFI du Nord Ugo Bernalicis et Adrien Quatennens. Dans un communiqué, ils estiment que "le sujet des violences policières qui est au coeur de cette affaire ne peut être ainsi clôturé et la mort de deux adolescents ne peut-être classée sans suite".

 

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