Lille : Nightline, la nouvelle ligne d'écoute à destination des étudiants

L'association Nightline a ouvert à Lille une ligne d'écoute pour les étudiants qui souhaitent bénéficier d'un accompagnement psychologique.

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"C’est dur d’avoir 20 ans en 2020". La phrase, signée Emmanuel Macron, fait écho à ce que racontent de nombreux étudiants. Fatime, 20 ans justement, et étudiante en master de management stratégique, abonde : "à cause du Covid, j’ai perdu mon emploi, j’ai quatre loyers de retard. Je suis nouvelle dans ma fac et je ne vois mes camarades de classe qu’à travers les réunions vidéo".

Il y a quelques semaines, poussée par sa situation personnelle et celle d’un proche en détresse, elle se décide à joindre Nightline, une plateforme d’écoute téléphonique (et par chat) gratuite tenue par des étudiants à destination des étudiants.

Présente jusqu’ici uniquement à Paris, l’association vient d’ouvrir une ligne lilloise, jeudi 12 novembre, joignable au 03 74 21 11 11 (ou au 03 74 21 11 12 pour les étudiants anglophones en France). "C’est une grosse ville étudiante et le CROUS nous met à disposition des locaux pour nos bénévoles", explique Simon Lottier, président de Nightline Lille.

Depuis jeudi, dix bénévoles se relaient pour assurer une permanence de 21h à 2h30, "l’heure où les étudiants sont encore plus seuls" selon le jeune homme de 23 ans. D’autres devraient les rejoindre d’ici la fin de l’année universitaire en juin 2021, mais le Covid-19 a mis un coup d’arrêt aux formations de nouveaux bénévoles.

 

"Dans l’imaginaire collectif, la vie étudiante c’est ne rien foutre et aller en soirée. Ce n’est pas vrai, beaucoup rencontrent des difficultés" 

Le but de Nightline est de proposer une écoute "anonyme, confidentielle, sans jugement et non directive" aux étudiants qui en auraient besoin. "Il n’y a pas de petits problèmes", juge Simon Lottier qui cite pêle-mêle les raisons des appels estudiantins : "difficultés amoureuses, amicales, financières, deuils, viols, pensées suicidaires". Lui, et son association, ont à cœur de changer l’image de la vie des vingtenaires. "Dans l’imaginaire collectif, la vie étudiante c’est ne rien foutre et aller en soirée. Ce n’est pas vrai, beaucoup rencontrent des difficultés".

Et l’accompagnement psychologique à l’université laisserait à désirer. En France, selon un rapport que l’association va sortir très prochainement, il existe un psychologue équivalent temps plein pour 30 000 étudiants. Trop peu, estime Nightline, alors que les recommandations internationales plaident pour un rapport de 1 pour 1500. Trop peu, aussi, étant donné que la résolution des problèmes psychologiques, et de la mortalité qu’elle engendre, ne bénéficie pas d’une communication gouvernementale comme, par exemple, pour les dangers de la route.

Quand on a une blessure au doigt, on y met un pansement. Il faut faire pareil avec la santé mentale.

Simon Lottier, président de Nightline

Pourtant, prendre soin de sa santé mentale, définie par l’OMS comme "un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité", est tout aussi important que de soigner son corps. "Quand on a une blessure au doigt, on y met un pansement. Il faut faire pareil avec la santé mentale. Ce n’est pas parce qu’on a pas de gros problèmes mentaux qu’il ne faut pas tenter de les soigner", assure le président en précisant que les bénévoles ne sont ni psychologues ni psychiatres, seulement des personnes formées à l’écoute. L’épidémie aurait permis "une prise de conscience de la nécessité de parler de la santé mentale". Et de la destigmatiser.

L’association, créée en 2017 à Paris, a recensé 3.200 appels entre septembre 2019 et mai 2020 et ce chiffre devrait grossir avec l’ouverture de la ligne lilloise et celles, prochainement, de Lyon et Saclay. Mais pourquoi ouvrir des bureaux locaux quand tout se passe par téléphone ou en ligne ? "Pour recruter des nouveaux bénévoles et mener des actions de communication locale dans les facultés", répond Simon Lottier.

Une nécessité à en croire le témoignage de Fatime : "lors d’une soirée, je n’ai pas réussi à les joindre car la ligne était saturée. Une autre fois, j’ai eu quelqu’un au bout du fil et j’ai pu parler avec lui pendant au moins 45 minutes. Un proche de ma famille est alcoolique et cela m’atteint indirectement. Je me suis sentie écoutée et j’ai reçu des renseignements, des numéros d’associations spécialisées. Puis, on a parlé de l’actualité, de tout et de rien pour me changer les esprits".

La version anglaise de Nightline est née en 1970 dans une université d’un comté proche de Londres. C’est un étudiant irlandais qui a ramené le concept en France quand, étudiant à l’université Paris-Dauphine, il s’est rendu compte qu’il n’existait pas ce genre de structures. Il aura fallu 50 ans à Nightline pour traverser les 260 kilomètres qui séparent Lille de Londres.
 

 

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