Très critiqué par les élus locaux, le projet d'arrêté ministériel visant à légaliser les dark stores a fait réagir Martine Aubry qui s'y oppose.
Paris, Nice, Toulouse... Et maintenant Lille. Les élus locaux montent au créneau face au projet d'arrêté ministériel qui a pour but de légaliser les dark stores, ces supermarchés immatériels qui stockent les produits dans des magasins uniquement accessibles en ligne et qui permettent de faire des courses en quelques clics.
Martine Aubry s'y oppose fermement. Dans un tweet, la maire de Lille écrit que "le Gouvernement prépare deux textes réglementaires qui légalisent les #darkstores tout en les encadrant, malgré nos demandes d'interdiction faites aux Ministères". Elle ajoute qu'aux "dark stores, nous préférons son contraire : un commerce local, indépendant et de proximité".
Elle a également signé avec d'autres Maires de grandes villes un courrier destiné à la Première ministre Elisabeth Borne pour l'alerter sur le projet des deux décrets sur les dark stores.
Selon Martine Aubry et les signataires, ces deux projets "feraient courir le risque aux communes que nous représentons de voir se démultiplier sur nos territoires ces établissements qui, même dotés d'un comptoir d'accueil, n'en resteraient pas moins des entrepôts ou des cuisines opaques".
Ils notent que cette nouvelle règlementation cautionne "le modèle de 'dark city' et retire aux communes le principal levier qu'elles pouvaient actionner pour réguler ces implantations".
Le commerce "local, indépendant, de proximité" mis en avant
La position de l'édile n'a pas bougé d'un iota. Défenseure du commerce local, elle interpellait déjà l'Etat en début d'année pour "réguler l'implantation des dark stores/dark kitchen dans les centres villes".
Elle s'exprimait dans le cadre de la mise en place de la stratégie Commerce & Artisanat 2022/2026 et d'une "boîte à outils pour innover, renforcer" la digitalisation des commerçants et "aller vers des pratiques plus responsables".
En janvier 2021, Arnaud Deslandes, l'adjoint à la maire en charge du commerce et de la solidarité se disait déterminé avec la municipalité "à encadrer le développement des Dark stores qui sont la négation du commerce que nous défendons : local, indépendant, de proximité."
"Des entrepôts et non des commerces"
Depuis quelques années, les dark stores pullulent dans la métropole de Lille. Frichti, Gorillas, Getir, Cajoo ou encore Picnic et Flink, nos confrères d'Actu Lille avaient déjà répertorié ces supermarchés invisibles qui permettent de recevoir en quelques minutes des courses en ligne.
En février dernier, au cours d'un conseil municipal, Arnaud Deslandes fustigeait ce type de commerce "déshumanisé" qui ne respecterait pas "les droits sociaux" et provoquerait "une fantomisation du commerce avec ces vitrines opaques".
L'adjoint à la Maire soulignait également le statut ambiguë de ces magasins, "qui sont des entrepôts et non des commerces". Il proposait la mobilisation d'outils et la limitation de "la rotation permanente des livraisons" pour "favoriser autant que possible les livraisons en mode doux".