Cette piste de ski du Doubs au cœur d'un bras de fer judiciaire : le tribunal oblige la commune à la rouvrir, "c'est 700 000 euros en jeu"

Jeudi 26 décembre 2024, le tribunal administratif de Besançon a ordonné la réouverture de la piste de ski de Troupézy, à Jougne (Doubs). Ce secteur avait été fermé sur décision municipale au début du mois, pour des risques de coulées de neige. La préfecture du Doubs avait ensuite contesté cette fermeture, avec succès.

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C'est confirmé. Ce 26 décembre 2024, le tribunal administratif de Besançon a décidé que la piste de ski de Troupézy resterait bien ouverte cet hiver. Un nouveau rebondissement dans le bras de fer qui oppose la station de ski de Métabief et la commune de Jougne.

Pour comprendre l'origine du contentieux, retour en septembre 2024 lorsque le Syndicat mixte du Mont d'Or (SMMO), qui gère le domaine skiable de Métabief, prenait la décision de fermer cinq remontées mécaniques sur le secteur de Piquemiette, occasionnant la fin des pistes de ski du village de Jougne (Doubs).

"De la colère et du ressentiment"

Cette décision avait fait grand bruit, la commune de Jougne et ses commerçants se "sentant trahis" et contestant une "fermeture brutale" qui mettait fin, "sans concertation", à certaines activités économiques. Une seule piste restait néanmoins ouverte sur le village, la piste de Troupézy, essentielle à la bonne marche économique du domaine skiable de Métabief, mais qui ne descend pas jusqu'aux commerces de Jougne. Une petite portion skiable qui allait bientôt se retrouver à son tour au cœur des tensions.

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Ainsi, pour contester la fin de Piquemiette, la commune de Jougne avait décidé, le 13 décembre dernier, de fermer la piste de Troupézy, en invoquant des risques d'avalanches et de coulées de neige. Mais cette décision était aussi et avant tout l'expression de "la colère et du ressentiment qu'on a toujours après la mise à mort de Piquemiette" explique Michel Morel, maire de Jougne, joint par France 3 Franche-Comté.

Troupézy est une des pistes qui attire le plus de monde sur le domaine de Métabief, avec une partie sur notre commune. Bizarrement, c'est la seule portion skiable sur Jougne qu'ils ont laissée.

Michel Morel, maire de Jougne,

dans un article publié en septembre 2024

"On ferme cette portion de la piste, c'est notre droit" continuait l'édile. "Autrement, c'est trop facile : le syndicat peut faire ce qu'il veut et garder seulement ce qui l'arrange le plus. Ils ont fermé Piquemiette, qu'ils assument jusqu'au bout". Trois mois plus tard, le maire a joint les actes à la parole en fermant Troupézy, malgré des chutes de neige au rendez-vous.

La préfecture contre-attaque

Les autorités n'ont pas manqué de réagir, notamment en raison de l'importance du Troupézy dans la bonne santé économique du domaine skiable de Métabief. La préfecture du Doubs, dès le 20 décembre, déposait ainsi devant le tribunal administratif de Besançon un recours pour faire annuler cette décision. 

Elle indiquait ainsi douter de "la légalité" de cette fermeture. Selon elle, "le risque d’avalanche qui la motive n’est pas constitué, aucun élément ne démontre un risque d’avalanche sur le secteur concerné" et car "elle n’est pas proportionnée à l’objectif d’intérêt général poursuivi dès lors que l’interdiction couvre l’ensemble de la période hivernale". 

Des arguments qui ont su convaincre l'instance judiciaire, qui a décidé, ce jeudi 26 décembre, de suspendre la fermeture et d'autoriser à nouveau le ski sur la piste de Troupézy. "C'est un soulagement" s'est exprimé Philippe Alpy, directeur de la station de Métabief. "Cette décision est juste. Je ne voulais pas en arriver là et j'ai une pensée pour Michel Morel, qui savait depuis le début que cet arrêté était excessif".

Nous ne pouvions pas nous priver de notre meilleure piste rouge, très prisée, qui accueille beaucoup de skieurs. Nos avocats l'ont calculé : sans Troupézy, on perdait 700 000 euros à l'année.

Philippe Alpy,

directeur de la station de ski de Métabief

Le son de cloche est différent chez Miche Morel, maire de Jougne. "Je m'attendais à cette décision" a-t-il réagi. "C'était nous contre toutes les instances, le pot de terre contre le pot de fer. Eh puis les gens skiaient quand même, malgré l'interdiction. Je dénonce quand même la dangerosité de cette réouverture : beaucoup de skieurs du Troupézy viendront faire du hors-piste vers Piquemiette, sans la sécurisation nécessaire". Va-t-on vers un apaisement des deux parties dans ce dossier brûlant ? Rien n'est moins sûr.

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