"J'en ai pleuré" : à Métabief, les commerçants face à la direction de la station de ski après la fermeture d'un tiers des pistes

Lundi 16 septembre, la direction de la station de ski de Métabief (Doubs) avait donné rendez-vous aux acteurs impactés par la suspension de cinq remontées mécaniques dans le secteur de Piquemiette, à Jougne. Une réunion houleuse, qui n'a pas permis d'apaiser les esprits des commerçants et habitants.

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Près de cinq heures de réunion houleuse, à huis clos. Lundi 16 septembre 2024, le président du Syndicat mixte du Mont d'Or (SMMO) et directeur de la station de Métabief, Philippe Alpy, faisait face pour la première fois aux commerçants du domaine skiable, quelques jours après avoir annoncé la "suspension d'exploitation" du secteur de Piquemiette.

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Cinq remontées mécaniques à l'arrêt, une dizaine de pistes non desservie (environ 30% de la station), plusieurs commerces en danger : cette décision avait provoqué la colère de plusieurs professionnels et acteurs du territoire. Notamment celle du maire de Jougne, commune particulièrement impactée.

150 personnes présentes contre la fermeture de Piquemiette

Preuve de l'ambiance tendue qui régnait le 16 septembre au soir, trois voitures de gendarmerie étaient présentes sur place pour assurer la tranquillité et filtrer les entrées : seuls les "socioprofessionnels" étaient autorisés à entrer dans la salle Paul Charlin de Métabief, là où se déroulait la réunion.

Ce sont ainsi pas moins de 50 personnes qui sont venues démontrer leur soutien aux commerçants jougnards. "C'était important de venir ce soir" explique l'une d'entre elles à nos journalistes Elea N'Guyen Van-Ky et Guillaume Soudat. "Métabief sans Piquemiette, c'est plus Métabief. On construit des logements mais on ferme des pistes, ce n'est pas logique".

Moi j'ai vécu et enseigné ici pendant 55 ans. J'aime ma station. Je pense à tous les commerçants, tous les locaux. On en a gros sur le cœur.

Une femme venue apporter son soutien aux commerçants de Jougne

"La station doit continuer à vivre, à évoluer, avec Piquemiette" continue la septuagénaire. "On sait qu'il doit avoir du changement, mais il faut nous laisser l'opportunité de le faire. Cette fermeture, j'en ai pleuré".

"Il est important d'être nombreux ce soir" confie un autre homme. "Ce que les gens ne comprennent pas, c'est qu'aujourd'hui c'est Piquemiette. Mais demain ce sera Super-Longevilles et dans cinq jours Métabief. On est conscient des problèmes écologiques et économiques, mais cette solution n'est pas la bonne".

"On a eu aucune réponse"

Entre les murs de la salle des fêtes, une centaine de professionnels et d'élus locaux venus de Jougne, bien sûr, mais également de Longevilles-Mont-d'Or et Métabief, les autres communes du domaine skiable. Dans leur bouche, deux questions récurrentes : "pourquoi ne pas avoir été prévenu plus tôt de cette suspension ?" et "cette suspension est-elle définitive ?" Des interrogations qui ont mené à des discussions intenses, où les voix se sont souvent élevées, sans parvenir à convaincre.

"On est rentré à 18h, on sort après 21 h 30. Eh bien on a eu aucune réponse à nos questions" souffle Jérôme Tyrode, propriétaire du "Chalet du pisteur", restaurant situé en haut des pistes de Piquemiette. "On n'a même pas su me dire si la suspension était définitive ou non. Alors que c'est quand même la moindre des choses pour la viabilité de nos commerces. Si on avait su ça il y a six mois, on n'aurait pas réinvesti des sommes cet été".

On aurait dû faire cette réunion en avril, à la fin de la saison dernière. Là on est à trois mois de l'ouverture. C'est ubuesque. Moi, avec mon établissement en haut des pistes, c'est fini. On sait que la situation est complexe, mais on a pris cette décision sans nous prévenir. C'est très brutal. 

Jérôme Tyrode,

propriétaire du "Chalet du pisteur"

"On nous fait porter le chapeau du mauvais bilan financier de la station" reprend-il. "On est le bouc émissaire. On nous fait des promesses sur des investissements pour développer le tourisme "quatre saisons", mais on n'a jamais rien eu. C'est un choix politique".

"La fermeture est irrémédiable"

Même amertume dans la bouche d'Aimé Sandona, propriétaire d'un magasin de sport en bas des pistes de Jougne depuis plusieurs dizaines d'années. "On a tourné en rond pendant plusieurs heures" lâche-t-il. "Moi, je vais rester ouvert cet hiver, 7 jours sur 7, 12h par jour, pour rentrer dans mes frais. Après, ce sera fini. La fermeture est irrémédiable. C'est une catastrophe pour Piquemiette, mais aussi pour tous les commerçants du domaine skiable, car ils vont peut-être subir le même sort que nous".

C'est d'ailleurs ce qui transparaissait dans les interventions des professionnels de Longevilles ou Métabief. Une inquiétude quant à leur avenir auquel a voulu répondre Philippe Alpy. "Il y avait des changements drastiques à faire, avec un calendrier subi" assure-t-il. "Mais à Piquemiette, on ne pouvait pas faire autrement. Maintenant, on va construire ensemble l'avenir de la station, à investir pour la transformer avec les acteurs locaux".

Une piste évoquée pour assurer la viabilité financière de la station de Métabief : un changement des statuts du SMMO, avec l'intégration d'acteurs privés. Affaire à suivre dans les prochains mois. Une chose est certaine : la suspension du secteur de Piquemiette sera bien effective dès les prochains mois.

Certains locaux s'attachent à un dernier espoir de volte-face dans ce dossier : dans ce sens, une pétition en ligne "Non à la fermeture de Piquemiette" a été publiée le 14 septembre. Elle a recueilli 2 300 signatures à l'heure où nous écrivons ces lignes. 

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