"On se sent trahi, tout a été fait dans notre dos" : dix pistes de ski ferment sur sa commune, la colère de ce maire du Haut-Doubs

Le domaine skiable de Métabief a décidé, le 12 septembre 2024, de suspendre l'activité de cinq remontées mécaniques dans le secteur de Piquemiette, à Jougne (Doubs). La commune perd donc une dizaine de pistes. Le maire de la commune, Michel Morel, dénonce cette décision.

Ce vendredi 13 septembre 2024, Michel Morel a le cœur lourd. Et les mots amers. Il y a quelques heures, le maire de Jougne (Doubs), village membre du Syndicat mixte du Mont d'Or (SMMO), organisme regroupant plusieurs communes qui gèrent les installations de loisirs de Métabief, s'est vu confirmer la suspension d'exploitation des cinq remontées mécaniques desservant la dizaine de pistes de ski de Jougne, sur le secteur de Piquemiette.

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Une décision prise par le SMMO, représenté par son président et directeur de la station de Métabief, Philippe Alpy. Résultat, le domaine skiable s'ampute de 30 % de ses pistes de ski. "Une nécessité économique et écologique" a expliqué Philippe Alpy. "Différents scénarios ont été étudiés, il a fallu faire un choix. Nous avons pris cette décision car Piquemiette est l'espace le moins fréquenté de la station de Métabief. Et qui pourtant génère le plus de coûts de fonctionnement. C'est un sacrifice pour la survie du domaine skiable dans son ensemble".

"On se sent trahi"

La fin de Piquemiette, station historique et emblématique du Haut-Doubs ? L'annonce a fait l'effet d'une bombe dans le paysage franc-comtois. "Je ne vais pas vous mentir, je savais que ça arriverait un jour" confesse Michel Morel. "La neige se fait plus rare et il faut s'adapter au changement climatique. Mais pas de cette façon. C'est un scandale. On se sent trahi".

Philippe Alpy m'a appelé il y a trois jours pour m'annoncer la nouvelle. Puis, nous avons eu une réunion avec toutes les parties concernées jeudi 12 septembre. Je suis tombé des nues. On base la fermeture sur une étude, sur des chiffres que nous n'avons même pas consulter.

Michel Morel,

maire de Jougne

C'est sur cette fameuse étude que s'est appuyée le SMMO pour prendre sa décision. Dans celle-ci, il est écrit que seulement 15 à 20 % des skieurs de Métabief vont s'étalonner à Piquemiette. Alors que le secteur représenterait 40 % des dépenses du domaine skiable.

"Cette étude, je la conteste" reprend Michel Morel. "Nous avons ici les rares pistes du domaine à ne pas avoir besoin de neige artificielle. Les pistes de Piquemiette ont souvent sauvé les mauvaises saisons en attirant les Suisses et les skieurs expérimentés".

L'eau de Jougne continuera à alimenter le domaine skiable

Pour l'édile, c'est d'abord la manière de faire qui irrite. "On ne peut pas, sans dialogue, sans prévenir, tirer un trait et tout supprimer" s'exclame-t-il. "Je suis le premier à vouloir faire des économies. Mais il aurait fallu en discuter ensemble". Michel Morel pointe aussi du doigt l'impact de cette décision sur les commerçants. "On est mi-septembre, certains ont déjà embauché, fait leur stock. Et là, on dit stop. Pour eux, c'est foutu. J'ai loué il y a quelques mois un restaurant à un jeune couple qui a tout quitté pour s'installer. Vous imaginez ?"

Derrière les conséquences économiques pour les commerçants locaux, Michel Morel crie au "deux poids deux mesures". "Pour se donner bonne conscience, le syndicat se cache derrière la transition écologique alors qu'il y a peu, il dépensait des milliers d'euros en forage à Métabief pour trouver de l'eau nécessaire à la neige artificielle" reprend-il. "En 2013, nous avions accepté que l'eau de l'étang de Jougne soit utilisée pour ravitailler tout le domaine skiable".

Il a fallu créer une retenue collinaire en hauteur, et les canalisations pour remonter l'eau. Là, bien entendu, ma commune ne posait pas problème. Et on ne m'a pas parlé d'écologie ni d'économie.

Michel Morel,

maire de Jougne

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"On a l'impression qu'on s'est servi de nous. Et maintenant, qu'on nous jette brutalement" s'attriste le maire. "On paye des années d'incurie au niveau du fonctionnement du domaine skiable. On paye les pots cassés. C'est trop facile".

500 000 euros d'économie pour la station de Métabief ?

Michel Morel ne compte pas en rester là. S'il assure ne pas vouloir déposer de recours sur cette décision "opaque", il a convoqué un conseil municipal exceptionnel samedi 14 septembre et réfléchit "à des solutions de repli pour Piquemiette". 

Philippe Alpy, président du Syndicat Mixte du Mont-d'Or (SMMO) et de la station de ski de Métabief, assume sa décision "responsable", susceptible selon lui d'économiser 500 000 euros "en masse salariale, neige de culture et damage des pistes". "Nous irons également rencontrer les commerçants de Jougne dès la semaine prochaine" a-t-il conclu. Pas sûr que cela suffise à leur remonter le moral.

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