Lille : pour la première fois en France, un coeur humain est transplanté à un patient porteur d'une prothèse cardiaque

Une équipe du CHU de Lille a implanté une prothèse cardiaque à un patient en attendant qu'un coeur humain soit disponible. Ce procédé, une première en France, a été un succès et pourrait aider à tarir la pénurie qui touche la transplantation cardiaque.

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Le CHU de Lille a réalisé une première en France : transplanter un coeur humain à une personne qui vivait jusque-là avec un coeur artificiel. Explications. A la fin de l'année 2020, Jérémy Hage, un habitant d'Armentières âgé de 30 ans, en insuffisance cardiaque, et suivi au CHU de Lille, a bénéficié de l'implantation d'un coeur artificiel de la société Carmat grâce à l'équipe du professeur André Vincentelli, chirurgien thoracique et cardio-vasculaire du CHU de Lille.

"Il a fait une décompensation cardiaque qui l'a conduit pour la première fois de sa vie à l'hôpital", explique le professeur. "Je suis rentré aux urgences le jour de mes 30 ans", se souvient Jérémy Hage en pensant qu'il en aurait pour une semaine ou quinze jours.  Le professeur continue : "Il ne pouvait plus en sortir car il était dépendant de médicaments intraveineux pour tonifier son coeur. La seule issue, c'était la transplantation mais nous n'avons pas trouvé de coeur dans le mois qui a suivi. Nous avons décidé d'utiliser le coeur artificiel de la société française Carmat". L'opération a nécessité la présence de trois anesthésistes-réanimateurs titulaires et deux chirurgiens sénior. 

"Je pense que nous rentrons dans une nouvelle ère"

Le patient a pu quitter l’hôpital pour le centre de réadaptation cardiaque Les Hautois, à Oignies (Pas-de-Calais). Il a pu rejoindre son domicile dans un deuxième temps. Sa nouvelle prothèse nécessitait seulement le port d'un petit sac pour déplacer les batteries. Finalement, le 4 avril dernier, après 3 mois d'attente, un coeur humain lui est transplanté. Cette stratégie, d'utiliser un coeur artificiel en attendant la transplantation d'un coeur humain, avait déjà été réalisée cinq fois en République tchèque et au Kazakhstan, avec succès, mais jamais en France. C'est désormais fait grâce à l'équipe du CHU de Lille. "J’arrive à me mouvoir, j'ai récupéré pas mal d’autonomie et avec les mois qui passent ça devrait aller mieux. Je peux marcher un kilomètre sans problème", raconte Jérémy Hage. "Dans les années qui arrivent, je vais refaire ma vie avec un rythme de vie différent", confie-t-il en remerciant les équipes du professeur Vincentelli.

L'opération a également permis de tester la prothèse cardiaque française Carmat avec succès. Selon le professeur, celle-ci est plus performante que les anciennes qui utilisaient un système de pneumatiques avec des compresseurs. Le patient était limité dans ses déplacements. En conséquence, le chirurgien André Vincentelli estime que la prothèse cardiaque française de la société Carmat va devenir le modèle de référence à l'avenir. Et que la stratégie de l'utiliser en attendant la transplantation d'un coeur va changer le domaine. "Je pense que nous rentrons dans une nouvelle ère qui va permettre de répondre à plus de demandes de transplantations", juge-t-il.

Car il y a toujours une pénurie de coeurs disponibles en France et les chiffres la traduisent : il existe un donneur pour deux receveurs potentiels. En conséquence, des patients décèdent parfois en attendant un don. "Cette prothèse doit nous aider à gagner du temps et à protéger les patients. Il n'y avait pas eu de nouveautés pour le coeur artificiel total depuis plus de 20 ans", continue le professeur. Chaque année en France, sont réalisées environ 450 transplantations cardiaques. L'espérance de vie médiane pour les patients concernés est de 17 ans. Certains, plus rarement, sont également équipés de coeur artificiel définitivement mais ne survivent que 5 à 6 ans. 

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