Mort d'un étudiant en médecine à Lille: le père de la victime et un député du Nord incriminent les soirées d'intégration

Les circonstances du décès de Simon, 20 ans, après une soirée d'intégration en fac de médecine, n'ont pas encore été élucidées. Mais le père de la victime et Vincent Ledoux, député du Nord, pointent du doigt les soirées d'intégration.

Le mystère n'est pas résolu et la famille est toujours en quête de réponses. Dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 juillet, le corps sans vie de Simon Guermonprez, 20 ans, a été retrouvé à Sainghin-en-Mélantois (Nord), en métropole lilloise, au bas d'un pont sur l'autoroute A27 en direction de la Belgique. 

Le jeune homme, qui passait en deuxième année de médecine, rentrait d'une soirée d'intégration dans les fossés de la Citadelle aux alentours de 23h45. Il avait pris le métro avec un ami de promotion qui est descendu à la station du métro Pont de Bois. Simon, de son côté, est descendu une station après, à Triolo.

Et c'est là que la situation devient floue. Il prend un Uber - dont le chauffeur a été identifié - et son corps est retrouvé une heure après, aux alentours de 2 heures du matin, à 500 mètres de son domicile.

Les soirées d'intégration pointées du doigt

Le père de Simon, Daniel, est catégorique et pointe du doigt les soirées d'intégration. Il affirme que son fils ne buvait pas d'alcool en temps normal et aurait été poussé à le faire ce soir-là. "Il n’aimait pas cela, il ne savait même pas ce que c'était ''d'être ivre'' et c’est sans doute par l’emprise de cet alcool imposé (ou peut-être d’autres substances inconnues ingérées à son insu) qui l’a amené à l’acte fatal quand le Uber l’aurait déposé devant notre maison." Son fils aurait été "très certainement dans un état second sans être conscient de ses actes et ne devait plus être lui-même."

Il dénonce également "un process bien établi et obligé dans cette soirée festive pour pouvoir continuer ses études et être 'intégré', sinon tout le monde sait que dans le cas contraire les étudiants sont rejetés , humiliés de manière très insidieuse".

Selon, Daniel Guermonprez, son fils "était très raisonnable et il n'a pas voulu prendre sa voiture en sachant qu'il y aurait de l'alcool et que c'était malheureusement un passage obligé pour être intégré dans cette soirée d'intégration". Simon n'aurait pas voulu non plus poursuivre la deuxième partie de soirée "car il a dit à son ami de promo avec qui il a pris le métro qu'il était déjà fatigué". 

Le père de famille souhaite éviter tout amalgame ou toute rumeur sur un possible état suicidaire ou un mal-être psychologique de son fils : "si nous prenons la dernière année où nous avons vécu avec Simon, il y a eu 364 jours de bonheur partagé avec aucune idée suicidaire". 

Contacté, le parquet de Lille informe que "l'enquête est toujours en cours et le chauffeur a été identifié" et confirme qu'une "autopsie a été effectuée" mais que des expertistes supplémentaires sont attendues.

Une charte de "bonne conduite"

Le député du Nord Vincent Ledoux (groupe Agir ensemble) explique dans une lettre adressée à Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, que "plusieurs témoignages affirment qu'il s'agirait d'une soirée d'intégration 'obligée', où les organisateurs et étudiants en médecine administrent de l'alcool directement via des seringues dans la bouches aux jeunes étudiants."

Il ajoute que "de nombreux témoignages d'étudiants affirment que les soirées d'intégration et bizutages" restent pratiqués de façon officieuse dans "de nombreux établissements d'enseignement supérieur". 

Il faut impérativement que ces organisateurs s'engagent à signer une charte de 'bonne conduite' AVANT toutes soirées dite ''d'intégration'.

Daniel Guermonprez, père de Simon.

Daniel Guermonprez veut désormais que le décès de son fils serve de prise de conscience aux organisateurs de ces soirées d'intégration. "Il faut impérativement que ces organisateurs s'engagent à signer une charte de 'bonne conduite' AVANT toutes soirées dite ''d'intégration'", écrit-il dans un post Facebook. Il demande aux personnes sensibles à cette affaire d'écrire un message au député de leur circonscription.

Vincent Ledoux, quant à lui, propose à Frédérique Vidal dans ledit courrier, de mener une "concertation avec les représentants étudiants et des établissements d'enseignement supérieur pour évaluer des dispositifs mis en place actuellement afin que ce type de drame qui dévaste des familles complètes ne se reproduise plus".

Des "événements sans organisation officielle"

L'Association Corporative des Etudiants en Médecine de Lille (ACEML), qui n'a plus de lien avec l'organisation de l'intégration depuis 2013, dit être "de tout coeur avec la famille de Simon, dont le décès endeuille toute la faculté de médecine et l'université de Lille". Selon elle, ces soirées sont des "événements sans organisation officielle".

L'ACEML se dit "très fréquemment impliquée dans le relai de messages de prévention notamment ceux de l'ANEMF [Association nationale des étudiants en médecine de France] sur différentes thématiques." La faculté de médecine a d'ailleurs "mis en place un numéro de soutien pour les étudiants qui en ressentent le besoin après le drame". 

Un appel à témoins toujours en cours

La police nationale est toujours à la recherche de témoins susceptibles "d'apporter des éléments à l'enquête". Simon Guermonprez avait les "cheveux châtains", une corpulence "mince" et mesurait 1m70. Ce soir-là, il portait un "pantalon kaki, un t-shirt bordeau Nike, une paire de baskets blanches Nike". 

Si vous possédez des informations, veuillez contacter les enquêteurs par téléphone au 03 20 19 49 59. 

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