Déjà la dernière année à la tête de l'Orchestre National de Lille pour Alexandre Bloch. En 2016, il succédait à Jean-Claude Casadesus, le fondateur de l’ONL. Le maestro tirera sa révérence en juillet 2024 et sera remplacé par le chef d'orchestre américain Joshua Weilerstein. L’occasion de jeter un coup d’œil dans le rétroviseur.
La passation de baguette entre Jean-Claude Casadesus et Alexandre Bloch, c’était il y a huit ans déjà ! Après deux mandats de trois et cinq ans, le directeur musical de l’ONL entame sa dernière saison à la tête de l’Orchestre. Le maestro quittera la scène lilloise en juillet 2024, au profit du chef d'orchestre américain Joshua Weilerstein.
Pour cette ultime année, Alexandre Bloch présente un joli programme. Il détaille, enthousiaste : "Nous proposerons un grand cycle autour de la musique de Sibelius, un compositeur finlandais, qui commencera le 19 octobre."
"Nous aurons également un cycle George Benjamin, un compositeur et ami que j'aime beaucoup ; nous allons faire la création lilloise de son opéra, Written on Skin. Et il y aura aussi le plein de best of de la musique classique."
Quel regard porte le maestro sur ces huit années lilloises ? Petite interview sous forme de retour en arrière, même si l’heure n’est pas encore au départ.
Un premier bilan de ces années nordistes ?
On a fait tellement de choses ! Les concerts connectés avec les smartphones, les Just Play (NDLR : les musiciens découvrent une partition et travaillent l’œuvre sous la direction d’Alexandre Bloch, en présence du public), les concerts Babyssimo pour les tout-petits, les relaxations musicales pour les jeunes mamans…
On a proposé de grands cycles comme Mahler, on est parti en tournée dans plein de pays différents, et puis on a une belle discographie avec un dernier album qui va sortir le 6 octobre 2023 autour de Bartók. Plus d'un tiers des musiciens ont changé depuis sept ans, soit une trentaine, c'est énorme ! Cela a permis de retravailler de façon différente avec de nouveaux musiciens.
Le tout premier projet, c'était Démos, l’orchestre d'enfants ?
Le côté transmission est important pour la nouvelle génération, pour ce qu'on peut apporter aux enfants, leur développement cognitif entre 7 et 12 ans. On leur donne le goût de la discipline, du travail, de l'écoute et du partage et eux, ils nous rendent beaucoup aussi ! On a fait deux cycles, donc plus de 250 enfants ont participé.
Et l'aventure continue, avec Opus (Orchestre pédagogique d’utilité sociale), l’un des premiers orchestres labellisé réseau Démos, et pour les enfants qui ont déjà participé au projet, on a créé un orchestre l'année dernière, qui s'appelle l'Orchestre des Jeunes Métropolitains.
Quelle est votre plus belle réussite ?
J’ai réussi à donner envie à des milliers de personnes d’écouter un orchestre symphonique pour la première fois, grâce à de nouveaux formats comme Smartphony ou Just Play et bien d'autres ! L'idée étant de partager la musique avec le plus grand nombre, toujours à un niveau au top.
Et votre plus beau souvenir ?
J’en ai plein, c'est dur de choisir ! (Rires). Le plus drôle ? Je me souviens de plein de moments de répétitions où tout à coup, il y a eu un fou rire général. Et c'est ça qui est chouette avec les musiciens de l'ONL !
Le plus émouvant ? Un jour, j’ai pleuré à la fin de la Symphonie n°3 de Mahler. C'est un moment de telle exubérance de bonheur. Je n'avais jamais dirigé une fin de symphonie en pleurant de bonheur, content d'être là, heureux d'être à la tête d'un orchestre fabuleux !
Un petit regret ?
Devoir choisir ! J'ai tellement de projets, je ne peux pas tous les faire. Un jour, le temps fera qu'on y arrivera, mais pas tout de suite.
Que reste-t-il à accomplir pour cette dernière saison ?
Vivre des émotions intenses avec l'Orchestre, avec notre public et continuer à faire découvrir le grand répertoire symphonique, notamment le cycle des symphonies de Sibélius, ce compositeur finlandais que nous allons jouer le plus cette année.
La suite pour vous, après l'ONL ?
Qui sait ? Pas de direction d'orchestre prévue mais j'aime bien l'idée de rencontrer encore plus d'orchestres par le biais d’invitations, d'avoir encore plus de temps pour voyager et me nourrir de différentes musicalités.
L'Orchestre National de Lille ouvrira son cycle dédié à Sibelius avec la Symphonie n°2. Ce sera le 19 octobre 2023, avec en première partie le Concerto pour alto de Bartók.
Quant à Joshua Weilerstein, 36 ans, il prendra les rênes de l'ONL en septembre 2024. Après six ans à la direction musicale de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, il est actuellement chef du Aalborg Symphony Orchestra au Danemark.
