Depuis ce jeudi 25 février, les personnes de 50 à 64 ans peuvent se faire vacciner contre le Covid-19 par leur médecin généraliste. Les patients qui présentent des pathologies sont prioritaires. Exemple à Armentières, dans l'agglomération de Lille.
"Vous ne pouvez pas transmettre la maladie à quelqu'un à partir du moment où vous êtes vaccinée." Le docteur Bertrand Demory, qui officie à Armentières, dans le Nord, tente de rassurer comme il peut Annie Rodriguez. Cette patiente fait partie de la dizaine des 50-64 ans vaccinés en premier contre le Covid-19, ce jeudi 25 février. Elle a décidé d'appeler son médecin généraliste pour se faire injecter une dose dès qu'elle a su que c'était possible. "Mon conjoint a des problèmes de santé. Je voulais éviter d'avoir le virus pour lui refiler, car je ne suis pas sûr qu'il s'en sortirait s'il l'avait. Mais il avait peur que même vaccinée, je puisse le contaminer."
Depuis ce jeudi, il est possible de se faire vacciner chez son médecin généraliste. Le docteur Demory est allé chercher son flocon d'Astra Zeneca - qui contient 10 doses vaccinantes à injecter dans les 48 heures suivant l'ouverture du flacon - à la pharmacie, tout en respectant la chaîne du froid. Puis il a choisi les patients prioritaires. "J'ai identifé une population cible. La plupart sont atteints de comorbodité", explique t-il. Il a surtout appelé certaines personnes qu'il considérait à risque ou souffrant de pathologies, mais certaines se sont manifestées d'elles-mêmes, à l'image d'Annie Rodriguez. Le médecin généraliste tient un fichier qu'il met régulièrement à jour.
1h30 de voiture pour se faire vacciner
Mireille et Lucien Bouchery habitent à Humbercourt, dans la Somme, entre Amiens et Arras. Ils ont fait 1h30 de voiture pour se faire vacciner à Armentières par leur médecin traitant. "Nous n'avons pas encore trouvé de médecin traitant à Humbercourt", avoue le mari. "Avant hier, je suis allé chercher des cachets pour ma tension et le docteur m'a proposé de me faire vacciner. Après une petite hésitation, j'ai dit oui." Mirelle, elle, n'a pas hésité. "Quand le médecin nous a dit qu'on était des patients à risque..." Elle avoue qu'ils ne sortent que très peu de leur logement, "une à deux fois par mois pour faire les courses. On veut être sûrs de ne rien attraper". Méfiante, elle espère, une fois vaccinée, vivre des jours meilleurs. "C'est quand même stressant ! Je serai sans doute un peu plus rassurée qu'avant."
Dans 10 semaines, le docteur Bertrand Demory convoquera de nouveau ces patients vaccinés pour l'injection d'une deuxième dose. Il ne devrait pas éprouver de difficultés à trouver sa dizaine de patients par semaine tant sa liste s'allonge. Le médecin est même prêt à se dégager du temps pour cette mission.
"Dans l'organisation quotidienne de mon activité, je pourrais peut-être faire à l'avenir deux à trois séances de 10 vaccinations par semaine, à condition d'avoir les doses. Au niveau national, si les 60 000 généralistes vaccinaient 10 patients par semaine, ça ferait 600 000 vaccins par semaine. Si on fait le double ou le triple par semaine, on arrive à des chiffres faramineux par rapport aux taux de vaccination actuel."
Prometteur. Mais il est conscient que le principal problème est le manque de doses."Ce devrait plus être un problème de disponibilité des vaccins que la disponibilité des practiciens." Ou même de patients.