Baptiste Plichon est un photographe de 29 ans spécialisé dans l'argentique et habitant à Croix. Il anime une chaîne Youtube sur sa pratique, EMGK Photographie, qui rassemble plus de 15.000 abonnés à travers la France.
"Première chaine sur l’argentique en France". C'est l'une des façons dont se décrit Baptiste Plichon, l'animateur de la chaine Youtube EMGK Photographie, qui rassemble pratiquement 15.000 abonnés. Un succès, certes relatif par rapport aux mastodontes de la création vidéo sur la plateforme américaine, mais qui traduit un certain regain d'intérêt pour ce type de photographie, dont la pratique ne concernait jusque-là plus que quelques irréductibles, insensibles aux charmes des nouvelles technologies et des appareils photo numériques. C'est en tout cas ce que l'on croyait.
L'une de ses vidéos les plus vues sur les internets (50.000 fois), La photo argentique pour les ultras débutants, résume assez bien ce qui fait son succès : un ton pédagogique de fils et petit-fils de profs, des informations précises et de la diversité dans les sujets abordés. Ceux-ci s'articulent généralement autour de tests de pellicules, de boîtiers ou relient sa pratique à des thèmes de société : pourquoi la photo argentique coûte si cher ? ou la photo argentique, un désastre écologique ?. Pour autant, il ne souhaite pas être identifié comme seulement youtubeur : "je me définis avant tout comme photographe. Mon but n’est pas de vivre de la production de vidéos : j’ai toujours été sur Youtube pour accompagner mes passions, avant j'animais une chaîne de musique puis de jeux vidéo", raconte-t-il.
Ses vidéos permettent une mise à jour des informations disponibles sur le sujet. "Comme la chute de l'argentique a coïncidé avec l'arrivée d'internet, il y a de nombreuses informations qui ne sont pas disponibles en ligne et il y a un travail de numérisation à faire", estime Baptiste Plichon. Facile, pour ce diplômé en histoire de l'art et en médiation culturelle.
Son travail participe à rendre attrayant le sujet pour les plus jeunes. D'ailleurs les 18-35 ans constituent le coeur de son audience. Eux, qui ont toujours vu la photographie à travers un écran numérique, trouvent un nouvel intérêt à l'argentique. "Je ne suis pas le seul à dire qu'il y a un engouement autour de la pratique, les laboratoires de développement photo le constatent également", abonde-t-il.
"Beaucoup de gens pensent que l’argentique, c’est compliqué. Ce n'est pas vrai"
Dans le Youtube anglosaxon, ses collègues du même secteur, grâce une exposition internationale liée à la langue, explosent les audiences : la tendance de l'argentique serait donc mondiale. Elle traîne avec elle les explications de l'inflation des prix de ces vieux appareils photo, diffusés pour certaines références à plusieurs millions d'exemplaires. A Lille, la communauté de photographes argentiques, "assez importante" selon lui, gravite notamment autour de Photolix, un laboratoire photo situé rue d'Inkermann, à côté de la place de la République.
Lui a bifurqué vers l'argentique il y a quelques années, lassé par le numérique et poussé par sa femme. Sans formation professionnelle dans le domaine, il a réussi a en faire son métier en shootant à des mariages, en donnant des cours et en publiant donc des vidéos sur Youtube. Il déambule désormais de préférence avec un Canon Ftb QL ("un appareil robuste super simple qui fonctionne sans pile") qu'il charge souvent d'un film couleur Kodak Ektar ou Kodak Tmax pour faire du noir et blanc.
Dernièrement, avec sa compagne illustratrice, il a également développé "une box argentique" pédagogique : contre 20 euros tous les deux mois, il envoie à ce même rythme une pellicule choisie avec des conseils et des défis à réaliser à ceux qui le sollicite. "Beaucoup de gens pensent que l’argentique c’est compliqué. Ce n'est pas vrai. Je donne un cours en numérique qui dure douze heures alors que celui pour l’argentique, au bout d'une heure trente de théorie, mes élèves savent exposer correctement leurs photos. Les appareils sont simples à prendre en main : l'absence d'écran évite la distraction. Aussi, cela oblige à réfléchir en amont de la photo. En numérique, on réfléchit moins, ce qui amène de la frustration au début car on n'a pas le bon résultat", expose-t-il.
Questionné sur les particularités de la région vue par l'oeil d'un photographe, Baptiste loue "la richesse architecturale" des Hauts-de-France et de la métropole : "j’aime beaucoup le quartier d’Euralille et je trouve qu'il n'est pas assez mis en avant par les photographes locaux". Il cohabite avec l'éternel Vieux-Lille et ses maisons en briques rouges reconnaissables entre mille. En revanche, pour la lumière, peut mieux faire. "Les mois d’hiver peuvent être difficiles à cause de l'absence de lumière, alors que personnellement j'aime les contrastes", conclut-il.
Vous pouvez retrouver Baptiste sur Youtube, Instagram ou sur son site internet.