Des pigeons capturés et asphyxiés à Lille : c’est ce que dénonce une association de protection des animaux. La Ville se défend et affirme mettre tout en œuvre pour “limiter la souffrance animale”. D’après Paris Animaux Zoopolis, des solutions éthiques pourraient être mises en place. La mairie affirme étudier ces possibilités.
La mairie de Lille est dans le viseur de l’association PAZ (Paris Animaux Zoopolis). Cette association de protection des animaux milite pour l’arrêt des méthodes “cruelles” de régulation de la population des pigeons. Ce samedi 30 décembre 2023, l’association avait organisé un happening dans la rue de Béthune, pour sensibiliser les passants à l’aide de pancartes.
Des pigeons asphyxiés à l'Argon
Elle appelle toutes les villes à utiliser des méthodes éthiques. Elle pointe notamment du doigt la mairie de Lille, qui utilise la méthode du gazage pour tuer les volatiles. “C’est une méthode légale et largement utilisée. Mais la mort est lente et douloureuse : les oiseaux sont placés dans des caissons et meurent asphyxiés”, explique Amandine Sansivens, cofondatrice de la PAZ.
Interrogée à ce sujet, la Ville de Lille explique sa volonté de régulation “du fait des risques infectieux liés à leurs défections”. Elle affirme qu’elle “met en œuvre plusieurs méthodes avec une préoccupation permanente pour le bien-être animal” pour réguler la population de pigeons bisets – les pigeons ramiers et voyageurs n’étant pas concernés. La Ville dit “veiller à ce que tous les moyens pour limiter la souffrance animale soient employés” et “exige un encadrement strict” dans la capture et de l’euthanasie de ces oiseaux. Elle précise enfin que “la méthode d’euthanasie oblige à une électronarcose [perte de connaissance] avant asphyxie à l’Argon [et non au CO2] qui supprime toute aversion et souffrance.”
On estime que les mairies sont dans une sorte d’habitude : elles tuent les pigeons sans se poser la question du bien être animal et sans se demander s’il y a d’autres alternatives… Alors qu’elles existent.
Amandine Sansivens, cofondatrice de la PAZ
D’autres communes des Hauts-de-France (Roubaix, Arras, Beauvais et Creil) utilisent cette méthode du gazage et sont également mises en cause par l'association PAZ. La commune d’Abbeville n’a quant à elle pas voulu répondre concernant ses méthodes.
Amandine Sansivens, la représentante de l’association PAZ, explique par ailleurs que le gazage, “en plus d’être cruel, est inefficace sur le long terme”. Elle préconise d’autres méthodes, “éthiques et efficaces”. “On estime que les mairies sont dans une sorte d’habitude : elles tuent les pigeons sans se poser la question de la condition animale et sans se demander s’il y a d’autres alternatives… Alors qu’elles existent.”
Les pigeonniers contraceptifs, une méthode éthique
La PAZ recommande, si une ville souhaite réguler sa population de pigeons, la mise en place de pigeonniers contraceptifs. Il s’agit de maisons en bois mises à disposition des pigeons. Ils peuvent y faire leur nid et y pondre. Pour réguler la population, les œufs sont alors retirés et remplacés par des œufs factices, ou alors secoués, pour empêcher leur éclosion. C’est la méthode utilisée par la ville de Tourcoing : “Ce sont de très bons élèves, avec des pigeonniers bien entretenus par la SPA.”
La Ville de Lille, quant à elle, affirme “étudier financièrement et géographiquement les possibilités d'installations prochaines de pigeonniers à visée contraceptive”. Elle explique par ailleurs “travailler aux conditions de retour de faucons pèlerins” – déjà présents chez nous. Ces prédateurs effraient naturellement les pigeons et régulent leur population.
Amandine Sansivens s’agace du discours de la mairie : “Il n’est pas entendable que des mairies créent des délégations au bien être animal tout en employant des méthodes cruelles et létales.” L’association PAZ “attend une prise de conscience de la part des villes”. Elle a déjà réussi à amener les villes de Marseille, Rennes et Annecy à mettre fin au gazage des pigeons. Elle espère désormais que Lille rejoindra réellement le mouvement. L’association a ainsi lancé une pétition, “afin de convaincre le Maire de mettre un terme à ces méthodes”. Elle compte pour le moment un peu plus de 1800 signatures.