Alors qu'une partie des Hauts de France est toujours dévastée par d'importantes inondations, propriétaires d'animaux et éleveurs agricoles tentent de sauver leurs bêtes. Autour d'eux, la solidarité s'organise.
"Je voulais absolument chercher mon chien pour le sauver", le maître de Djungo n'a pas hésité à retourner dans sa maison inondée de Blendecques pour sauver son terre-neuve d’une cinquantaine de kilos. Après les crues qui ont frappé de nombreuses communes du Pas-de-Calais, beaucoup d'animaux se retrouvent en grande détresse, à l'image de la SPA de Saint-Omer récemment évacuée.
Gaëtane Rault, relogée depuis deux semaines dans un hôtel avec ses deux filles, a elle aussi été surprise par la rapidité de la montée des eaux. Cette habitante de Tingry s'est résolue à laisser son petit Jack Russell terrier croisé Beagle dans son chenil, situé au fond du jardin. Elle précise : "je me suis arrangée, une personne va lui donner à manger tous les jours".
Avec un sentiment de "déchirement", la propriétaire cherche à présent une nouvelle famille pour son animal. "Je n'ai pas le choix, je vais aller dans un logement social, si je le prends, il saccagerait tout" affirme-t-elle.
Les éleveurs aussi en détresse
Inondations dans les exploitations agricoles du Nord et du Pas-de-Calais. @FNSEA @fdsea59 @FDSEA62 #înondations #tempêtes pic.twitter.com/htSKzuFoy7
— FNSEA Grand Bassin Parisien (@FnseaGBP) November 8, 2023
Christian Poiret, éleveur de Valencendre, évoque les terribles nuits d'inondation avec amertume : "j’aime mon métier et là en peu de temps, tout a été dévasté". Samedi 11 novembre, au soir, l'eau s'infiltre dans les différents bâtiments de son exploitation agricole. Les digues de 40 centimètres qu'il avait érigées quelques heures plus tôt cèdent, l'eau monte deux fois plus. Les 2500 poules du cheptel sont prises au piège et se noient.
Nos animaux on les aime alors ça fait mal aux tripes, c'est très éprouvant.
Christian Poiret, éleveur de Valencendre
L'exploitant agricole, qui pointe du doigt les digues pas assez entretenues et les cours d’eau plus suffisamment curés, tente de se reconstruire. Ses poules devaient partir "en retraite" dans quelques mois et donc être remplacées. De nouvelles poulettes arriveront fin février, "c'était prévu" assure-t-il. Le temps pour l'éleveur de se reposer un peu et de remettre sa ferme en état.
Lui a tout juste eu le temps de sauver une grande partie de ses bêtes. Vendredi 10 novembre, après deux vagues d'eau saisissantes, Francis Tardieu a dû réagir vite. Sept génisses venaient de perdre la vie, piégées dans leur box. "Il y avait 30 centimètres dans le bâtiment, il fallait sortir les autres vaches en prairie" explique l'éleveur de Frencq. Le lendemain matin, les 70 bêtes ont été emmenées dans une exploitation voisine.
L’éleveur l’assure : "nos animaux c’est un petit peu comme nos enfants, on n’aime pas les voir souffrir". Alors les voir réinstallées le rassure un peu. "Elles avaient les mamelons enflammés et des écoulements de lait, on a pu les traire même si elles restent choquées et stressées" soupire-t-il. Pour ne pas à nouveau les troubler, Francis Tardieu souhaite les laisser dans cette nouvelle exploitation tout l’hiver.
Un élan de solidarité
Depuis le début des inondations, la solidarité s’organise. Une page Facebook a vu le jour, dédiée au sauvetage et à l’aide de nos amis à quatre pattes. Sur son mur, de nombreuses propositions de prise en charge d’animaux de compagnie ou de terrains pour les brebis, moutons et chevaux ont été postées.
Les associations se mobilisent également. Du côté de Saint-Étienne-au-Mont, encore sous les eaux, l'association Charlie's Animal Guardians propose son aide sans relâche. La présidente affirme : "on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup de propriétaires d’animaux en difficulté" et ajoute "souvent, les animaux ne sont pas évacués où les centres ne veulent pas les prendre". Depuis le début des crues, elle a reçu une cinquantaine d’appels.
Charlotte Rischen évoque le cas d'une dame de 70 ans, dont la maison a été dévastée par les inondations : "elle a un petit chien de 14 ans qui a des problèmes ophtalmologiques, on devait l'aider rapidement". L'association lui a fourni des pâtés de diverses gammes, une brosse, du sérum physiologique et des pipettes anti-puce.
Les personnes ont déjà tout perdu donc c’est la moindre des choses qu’on puisse faire pour ces animaux et leurs propriétaires.
Charlotte Rischen, présidente de l’association Charlie's Animal Guardians
L'association devrait recevoir plus de 500 kilos de dons de croquettes pour chats de la société Zoomalia d'ici la fin de semaine. "On souhaiterait toucher un maximum la population, que les propriétaires en détresse n'aient pas honte de demander" assure la présidente de l'association.