Thibaut Branquart est l'un des meilleurs mushers au monde. Il a décroché la deuxième place de l’Amundsen Race en février 2024, la prestigieuse course de traîneaux à chiens en Suède. Un sacré exploit pour le nordiste qui s’apprête à passer le flambeau à ses fils.
Voilà neuf ans que Thibaut Branquart est musher, c’est-à-dire conducteur de traîneaux à chiens, sur des courses de longue distance en Suède et en Norvège. Déjà vice-champion du monde il y a deux ans, il a terminé deuxième de la très prisée Amundsen Race, en février 2024 en Suède, avec ses huit chiens.
Thibaut Branquart n’est pas venu seul sur le plateau de Vous êtes formidables mais avec Téké, qui aura bientôt quatre ans : "C’est une chienne incroyable, c’est sa troisième saison, je ne l’ai jamais sortie d’aucune course. Elle a toujours envie de courir quelles que soient les conditions ! Dès qu’on repart d’un check-point, elle aboie pour motiver tout le monde. Ce n’est pas la plus costaud mais elle est exceptionnelle."
Une course comme une revanche
Cette deuxième place à l’Amundsen Race (du nom de Roald Amundsen, légende de l'exploration polaire) a une saveur particulière pour Thibaut Branquart : "C’est une course de 180 kilomètres dans le centre de la Suède où les mushers sont en autonomie. Elle est très importante pour moi car j’avais dû abandonner lors de ma première participation, qui était aussi ma première course de longue distance il y a neuf ans. J’avais très peu d’expérience à l’époque."
Cette expérience, le nordiste l’a acquise au fil du temps, devenant même vice-champion du monde il y a deux ans. Pas question donc de rester sur un échec : "J’avais décidé d’y revenir et cette année, en voyant que j’avais un team en forme. Je m’étais mis dans la tête d’essayer d’accrocher un podium."
Une météo compliquée
Les plus grandes difficultés rencontrées par Thibaut et son attelage ont été liées à la météo, très inhabituelle. Le musher se souvient : "Pendant tout l’entraînement cet hiver en Norvège, les chiens et moi, on a eu des températures très basses, -25° à - 30°, donc on était prêts pour ce froid-là."
"Le jour du départ de l’Amundsen Race, il pleuvait, il faisait des températures positives, donc c’était très différent. Il y avait de l’eau au-dessus de la glace sur les lacs, on a dû faire face à ça !"
"Les chiens avaient une fourrure adaptée à -30°. C’est comme si vous deviez aller courir dehors avec un gros blouson, mais eux, ils ne peuvent pas l’enlever ! Alors il faut adapter la préparation, l’hydratation et la nutrition."
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Heureusement, le nordiste avait d’autres cartes à jouer : "Notre atout, par rapport à d’autres attelages, c’est moi. Mes chiens sont en pleine forme et moi, je suis un sportif dans l’âme. Donc dès que ça monte un peu, j’aide beaucoup les chiens. J’avais identifié sur cette course de grandes côtes sur lesquelles j’espérais faire la différence." Pari gagné.
Musher et Lillois !
Thibaut Branquart est installé à Lambersart, près de Lille. Pas vraiment le terrain de jeu des huskies et des courses de traîneaux. "Le mushing, c’est une passion d’adolescence, d’enfance, explique-t-il, suite à des lectures de Jack London, puis à une rencontre avec Nicolas Vanier."
"J’ai traversé la Sibérie en tant que photographe pour une de ses expéditions, L’Odyssée sibérienne, et à partir de là, j’étais foutu ! Quand on a fait la Sibérie par -60°, on sait si on aime ça ou pas ! J’ai pris un premier chien, puis un deuxième, aujourd’hui j’en ai douze !"
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Sa passion l’a amené à devenir directeur sportif de La Grande Odyssée VVF. "Voilà vingt ans que cette compétition de 13 jours a été créée, précise-t-il. C’est la plus grande course de traîneaux à chiens par étapes, elle a lieu dans les Alpes tous les ans en janvier. J’y suis arrivé en tant que bénévole et aujourd’hui, je suis directeur sportif. C’est un événement très important pour moi, qui m’a fait grandir dans le mushing."
La relève est assurée
Thibaut Branquart est papa de trois garçons et son prochain défi, c’est de leur passer le flambeau. Il sourit : "Deux d’entre eux, Gustave et Paul-Emile, auront 16 et 14 ans l’année prochaine, donc le bon âge pour participer en catégorie junior à des courses en Norvège. Ce sera alors à eux de prendre le départ de grandes courses, avec six de mes chiens."
"Il va falloir qu’ils se préparent bien car sur ces courses-là, on est en autonomie complète, on n’a pas d’aide de l’extérieur et on doit attendre 24 heures pour que les secours soient envoyés en cas de problème."
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Le musher poursuit : "Mes fils vont venir avec moi en Norvège, ils vont s’entraîner dans tous types de conditions, le grand froid, les tempêtes. J’ai confiance en eux. Cela fait plusieurs années qu’ils participent avec moi à des entraînements dans ces milieux-là et je sais qu’ils sont très excités à l’idée de le faire !"
Avant de quitter le plateau de Vous êtes formidables, Thibaut Branquart tient à partager un de ses coups de cœur, le poème de Charles Bukowski Go all the way : "Je l'ai découvert grâce à un réalisateur qui a fait un film avec moi sur une de mes courses, L’appel du Nord. Ce poème raconte qu’il faut être prêt à aller au bout, quoi qu’il se passe et quelle que soit la difficulté du projet. Par exemple, devenir musher quand on vit dans le Nord-Pas-de-Calais et affronter la météo, le froid et la fatigue, une fois dans la course. Il ne faut rien lâcher !"