A chaque journée nationale d'action contre la réforme des retraites, certains cours sont proposés en distanciels à Lille. Une mesure qui ne convient pas à tous, étudiants comme enseignants.
A la veille d’une nouvelle journée d’action contre la réforme des retraites, le suspens demeure à l’université de Lille. Quelle ampleur prendra la mobilisation ? Des cours seront-ils à nouveau donnés en distanciel ? Cette perspective fait bondir certains étudiants et enseignants. "Les cours à distance sont discriminatoires" explique Léo Ménager, secrétaire général du syndicat étudiant UNEF de Lille
"C'est cracher sur la pédagogie"
Léo Ménager - secrétaire général de l'UNEF de Lille
"Tous les étudiants ne sont pas équipés pour suivre ces cours ! Il y a une précarité numérique, ce genre de pratique, c’est cracher sur la pédagogie. On n'a pas la même qualité de cours sur place et à distance, on ne peut pas interagir de la même façon avec l’enseignant"
D’après cet étudiant, à chaque journée d’action, certains cours ont été donnés en visioconférence. Tous les sites lillois seraient concernés.
"Les cours a distance sont un pis-aller"
Judith Hayem - professeur des universités en anthropologie
Même incompréhension pour certains enseignants. "La situation à Lille est complexe" explique Judith Hayem, directrice d'étude en sociologie "Certains cours ont été donnés en distanciel les jours de blocage. Or cela ne doit se faire qu’en cas de circonstances exceptionnelles comme une pandémie. Il n’y a pas eu de discussion préalable. Vous imaginez les étudiants qui arrivent à 8h voient la fac bloquée et doivent se rendre chez eux pour démarrer le cours en visio-conférence à 8h30 ! Pour certains c’est impossible ! les cours à distance sont un pis-aller, ça ne remplace pas un cours en classe"
Sollicitée, Christel Beaucourt vice-présidente de l’université de Lille chargée de la formation a réagi : "Lorsque les campus ont été fermés administrativement car bloqués, les cours en distanciel ont en effet étés proposés, en intégrant une modalité asynchrone pour qu’ils puissent être suivis en différé. Cela a été discuté en comité de direction, avec l’ensemble des doyens des différentes composantes de l’université. Cette décision a été prise car il y avait des attentes en ce sens de la part de certains étudiants et enseignants"
"On a essayé de satisfaire tout le monde"
Christel Beaucourt - vice-présidente de l'Université de Lille
Sur le côté contraignant et moins interactif de ces cours en distanciel, la vice-présidente de l’université explique : "Le distanciel est une solution lorsqu’il est prévu et que la modalité a été anticipée, certains cours se déroulent déjà comme ça et sont conçus pour pouvoir s’adapter. Certaines fonctions de la visio-conférence permettent des interactions, plongent l’étudiant dans un univers semblable à une classe. On n’est pas à l’optimum, je ne peux pas vous dire le contraire mais on a essayé de satisfaire tout le monde. Il y a forcément des mécontents. On a essayé d’anticiper et de prévenir les étudiants la veille quand c’était possible et que l’on sentait que le blocage aurait lieu. En revanche on n’a pas engagé une politique pour étendre cela. J’ajoute que certains étudiants solidaires avec ceux opposés à la réforme leur ont demandé de ne pas bloquer les enseignements."
Les étudiants ont par ailleurs d’autres préoccupations : "Nous nous sommes battus pour que ces cours donnés en distanciel ne se retrouvent pas dans les partiels et examens" déclare Léo Ménager de l’UNEF.
Là aussi, la vice-présidente explique : "Pour les évaluations, nous avons demandé aux enseignants de tenir compte de ce semestre perturbé et d’éviter le plus possible d’interroger les étudiants sur des cours ayant été donnés en distanciel. Parfois c’est très compliqué."
Le déroulement de la journée de demain sera particulièrement suivi par les professeurs et étudiants hostiles aux cours en distanciel.