Pas officiellement déclaré candidat aux primaires de son parti Les Républicains (et cela agace ses concurrents), Nicolas Sarkozy tiendra un meeting ce soir près de Lille, vraisemblablement sur les thèmes de l'autorité et "la fierté d'être Français".
Nicolas Sarkozy, président des Républicains (LR) et vrai-faux candidat à la primaire de la droite pour 2017, revêt tous les jours un peu plus ses habits de campagne, au grand dam de ses concurrents qui lui reprochent cette double casquette. Ce mercredi soir, après avoir inauguré les nouveaux locaux du parti à Lille, il devait délivrer à Saint-André-lez-Lille (Nord) un discours sur ses thèmes de prédilection, l'autorité et l'identité nationale.
Une trentaine de parlementaires l'accompagnent à Saint-André-lez-Lille, dont le chiraquien François Baroin, président de l'Association des maires de France - qui vient d'officialiser son soutien -, Eric Woerth, le numéro trois du parti, Eric Ciotti, Luc Chatel, Rachida Dati, le président fédéral LR Gérald Darmanin et le secrétaire départemental Bernard Gérard. Ils devraient tous à 18h30 dans la grande salle des Halls de la Filature.
Un discours sur l'identité nationale
Ce sera son premier gros meeting depuis celui de Strasbourg, en novembre, 12 jours après les attentats. Il avait alors dénoncé "l'affaissement de la République", critique récurrente du patron de la droite, qui ne cesse de brocarder un pouvoir
socialiste "sans cap, sans politique, sans vision". "Ce ne sera pas un discours programmatique mais un discours sur les valeurs. Il s'adressera au peuple de France", assure son entourage. "Ce sera un peu la suite de son discours de Nîmes en 2006", ajoute-t-on.
Le 9 mai 2006, M. Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur et, comme aujourd'hui, pas encore officiellement candidat, avait longuement parlé de la France et de ce qui fait son identité : sa culture, son patrimoine, son histoire... "Il nous faut affirmer notre fierté d'être Français", disait-il alors. "D'où vient la tentation communautariste qui s'oppose à l'idée que je me fais de la Nation ?", s'interrogeait-il également.
Ces mots ont, pour l'ancien président, gardé toute leur actualité, le poussant, devant le think tank France Fière le 24 mai, à proposer "un nouveau pacte d'assimilation", un "enjeu fondamental pour la France de demain". Il devait redire dans le Nord que, pour lui, "appartenir à la communauté française, c'est se reconnaître dans cette civilisation que des terroristes aveuglés par la haine de l'islamisme radical ont voulu atteindre deux fois dans notre pays en 2015".
Au concept d'"identité heureuse" longtemps défendu par Alain Juppé, favori de la primaire de novembre selon les sondages, M. Sarkozy veut opposer celui d'"identité nationale", l'une de ses martingales gagnantes de 2007 (avec le "travailler plus pour gagner plus").
Candidat non-déclaré
Ses concurrents - outre le maire de Bordeaux, c'est le cas de François Fillon et de Bruno Le Maire, candidats déclarés depuis des mois et qui multiplient les réunions publiques - s'agacent de voir Nicolas Sarkozy coiffer simultanément deux casquettes. Celle du patron de LR qui veut le rester aussi longtemps que le lui permettent les statuts du parti (le 25 août dernier délai, soit quinze jours avant le dépôt officiel des candidatures le 9 septembre) et celle du candidat à la primaire (20 et 27 novembre), qui ne veut en rien céder du terrain à ses rivaux.
Un acteur de la primaire a confié :
Sarkozy est comme un dingue en ce moment. Il m'a dit récemment : "Regarde-moi bien, je vais les exterminer"
La lutte est d'autant plus acharnée que tous ont la conviction (sondages calamiteux de François Hollande aidant) que le vainqueur de la primaire remportera la présidentielle, six mois plus tard.
L'ambiguité fait polémique dans son camp
"La présidence du parti, c'est son choix, c'est lui qui maîtrise le calendrier, il est face à sa conscience", a lâché mardi soir sur TF1 François Fillon à propos de Nicolas Sarkozy.
"Chacun conçoit les choses à sa manière, mais pour être candidat, il lui faudra sans doute prendre un peu de distance avec les appareils partisans, qui souffrent d'un discrédit profond. J'espère que cela viendra vite. Vous voyez, moi aussi, je suis impatient !", a pour sa part affirmé Alain Juppé au Figaro.
Lui aussi candidat, Hervé Mariton appelle Nicolas Sarkozy à "afficher la couleur". "Il faut être franc du collier. Ca veut dire aussi, quand on est candidat, de l'assumer explicitement, plutôt que d'être candidat tout en l'étant sans l'être, enfin avec toutes ces hypocrisies qui sont dans la démarche de Nicolas Sarkozy aujourd'hui".