Entretien. France 3 Hauts-de-France a rencontré Cédric Klapisch, le réalisateur de la série "Salade grecque", présentée vendredi soir en avant-première mondiale, lors de la cérémonie d'ouverture de l'édition 2023 de Séries Mania. C'est une suite de "L'Auberge espagnole" revisitée 20 ans après mais avec quelle jeunesse cette fois-ci?
20 ans après le succès de "L'Auberge Espagnole", le réalisateur Cédric Klapisch remet donc le couvert avec "Salade Grecque" et les enfants de Wendy et Xavier. Deux des huit épisodes ont été présentés à Lille pour l'ouverture du festival Séries Mania 2023.
Cette jeunesse de 2023 ressemble à quoi ?
Cédric Klapisch : Si je dois résumer, elle est plus engagée. C'est-à-dire qu'elle a plus de problèmes, clairement. Il y a eu évidemment le Covid, récemment, il y a la guerre en ce moment en Ukraine, il y a les problèmes économiques que, peut-être, les gens en l'an 2000 avaient moins. Donc, tout ça fait que c'est une génération qui est plus engagée, plus activiste et qui est moins insouciante.
On découvre, on redécouvre Athènes avec des immeubles délabrés, des tags. Qu'est-ce que vous avez voulu nous dire ?
Évidemment, en allant à Athènes, il y a évidemment l'Acropole et le côté touristique de la Grèce. Mais il y avait aussi le présent de la Grèce, avec le fait qu'il y a des camps de réfugiés. Il y a la migration qui est présente à Athènes et c'est vraiment une notion de frontières de l'Europe qui est très présente.
Vous qui êtes un grand cinéaste, comment avez-vous approché ce monde des séries ?
J'essaie, quand je fais une série comme "Salade grecque", d'être dans la logique du cinéma, c'est-à-dire de faire quelque chose qui n'est pas fait pour passer un soir à la télé et qu'on oublie ensuite.
"Ça faisait dix ans qu'on n'avait pas travaillé ensemble avec Romain (Duris), et du coup, c'est assez émouvant de se retrouver. Et là, il y a eu certaines scènes où c'était difficile de ne pas pleurer."
Cédric Klapisch
Comme au cinéma, ça vous vient d'où cette envie, toujours, de découper l'écran, de découper l'image ? C'est pour mieux embrasser le réel, c'est pour vous rapprocher de plusieurs mondes, être à la fois à Paris, à New York, à Athènes ?
C'est vrai que dans "L'Auberge espagnole", il y a eu beaucoup ça, le côté multi-écrans où j’essayais de décomposer l'image. Mais je pense que c'est vraiment une image du monde d'aujourd'hui. C'est-à-dire qu'on fait toujours trois trucs à la fois. On téléphone, on gribouille un truc, on écrit un truc sur son ordinateur tout en téléphonant… Il y a le côté multifonction comme ça, ou multimédia. Donc, c'est vrai que pour moi c'est une image contemporaine, le fait de gérer plusieurs choses à la fois.
Pourrez-vous un jour quitter, abandonner les héros de l'Auberge espagnole ? Ou bien, c'est impossible, ils vous accompagneront durant toute votre carrière ?
Dans ce qu'on a vécu, notamment avec Romain Duris… ça faisait dix ans qu'on n'avait pas travaillé ensemble avec Romain et du coup, c'est assez émouvant de se retrouver. Et là, il y a eu certaines scènes où c'était difficile de ne pas pleurer. C'est-à-dire qu'il y a eu tellement de vécu ensemble avec ce projet-là, depuis l'Auberge espagnole qu'il y a parfois, quand Wendy et Xavier regardent leurs enfants en disant : "C'est fou, quand on s'est rencontrés, on avait le même âge qu'eux". Il y a des choses comme ça où eux, ils avaient du mal à le jouer, moi, j'avais du mal à regarder, c'était très émotionnel.
Séries Mania a enflammé la capitale des Flandres durant tout le week-end avec des projections un peu partout dans la ville. Retour sur la première journée du festival avec Christelle Massin.
Dans ce compte-rendu de la première journée du festival, France 3 Hauts-de-France a rencontré Cédric Klapisch, le réalisateur de la série "Salade grecque".
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