Invité d'honneur de Cinécomédies de Lille en 2019, Michel Blanc s'était confié au fondateur du festival. Jérémie Imbert, très touché par la disparition de l'acteur, se souvient d'un homme d'une grande gentillesse.
Samedi 5 octobre 2019, dans une salle de cinéma de l’UGC de Lille. Après une projection de Marche à l’Ombre, quelques centaines de privilégiés assistent à une master classe de Michel Blanc dans l’une des salles sombres du complexe.
L’acteur est l’invité d'honneur du festival Cinécomédies. “C’était sa première, se souvient Jérémie Imbert, fondateur du festival. Il n’était pas du tout habitué de l’exercice mais avait accepté cette règle du jeu de venir répondre aux questions du public”. Pendant près d’1h30, les questions s’enchaînent. “À la toute fin, la salle s’est levée pour l’applaudir une ultime fois, poursuit-il. Et là, j’ai vu des larmes couler de ses yeux”.
Il aimait beaucoup les gens du Nord, il nous l’avait confié. Et ça s’est vérifié puisque les gens du Nord lui ont bien rendu lors d’une standing ovation à l’issue de la rencontre en 2019.
Jérémie Imbert, fondateur du festival Cinécomédies
Le fondateur de Cinécomédies, énormément touché par la disparition de l’acteur, se souvient d’un homme “émotif, très pudique, très touchant”. Michel Blanc, qui avait l'habitude de commander un Potjevleesch à la brasserie André lors de chacun de ses passages dans la capitale des Flandres, avait immédiatement accepté la proposition du festival.
Discret
Jérémie Imbert se souvient précisément du coup de fil passé quelques mois plus tôt pour inviter l’acteur. “Ça n’a pas été compliqué, concède-t-il. J’ai téléphoné et je suis tombé sur lui directement. La première fois que vous entendez Michel Blanc au téléphone alors que vous ne l’avez jamais rencontré de votre vie, vous avez tous les films qui vous reviennent en mémoire, et notamment son personnage culte de Jean-Claude Duss”.
C'était quelqu’un de très discret, de très humble, avec un talent immense surtout.
Jérémie Imbert, fondateur du festival Cinécomédies
Il se rappelle avoir alors bafouillé et s’être excusé. “Michel Blanc m’a dit : ne vous inquiétez pas, je suis quelqu’un de normal, je fais mes courses comme tout le monde”. Une franchise et une humanité qui ont marqué le fondateur de Cinécomédies.
Un des grands du cinéma français
Avec la mort de Michel Blanc à 72 ans, le cinéma français perd un monument du cinéma français. “Il y a eu De Funès, Bourville puis toute la génération des Belmondo, des Pierre Richard. La génération d’après, c’est la génération Splendid, explique Jérémie Imbert. Il est dans l’inconscient collectif depuis des années avec les Bronzés, c’est ça qui a tout déclenché”.
Un film et un personnage connu de tous : Jean-Claude Duss. Pour autant, renvoyer l’acteur à cet unique rôle serait une erreur, tient à préciser le fondateur de Cinécomédies. “On peut s’attendre à ce que les chaînes rediffusent les Bronzés, mais il ne faudrait pas qu’il soit réduit à ça. ll a su, au-delà de ce film, se faire une place à part dans le cinéma et dans la comédie en particulier notamment grâce à son audace, son inventivité. Je pense à son deuxième film qu’il a réalisé, Grosse Fatigue, qui est un film prodigieux”. Sans oublier les deux comédies qui ont suivi : Embrassez qui vous voudrez (tourné en 2001 au Touquet) et son dernier en date : Voyez comme on danse.
“Ce sont des diptyques très brillamment écrits. C’est ce qu’il y a de plus difficile d’écrire des comédies parce que tout est question de rythme”. Avant de conclure. “Michel Blanc a concentré tout son talent au service de ses films qui sont pour moi à inscrire en lettres majuscules dans l’histoire de la comédie et du cinéma tout court”.