La mairie Rassemblement National d'Hénin-Beaumont est accusée d'ingérence et de pression sur le théâtre L'Escapade. Après une mobilisation sur scène le 25 septembre, les artistes, à l'appel de la CGT spectacle, sont en grève illimitée. De son côté, le RN voit dans la mobilisation une opération "politique".
C'est une mise en scène dont les intermittents du théâtre L'Escapade d'Hénin-Beaumont se seraient bien passés. Le 25 septembre, comédiens et techniciens du collectif "l'Intruse" ont envahi la scène lors de la présentation de la saison 2024-2025, banderole à la main : "Théâtre en danger".
Cette action a rapidement été suivie d'un appel à la grève illimitée de la CGT spectacle le 3 octobre. Au cœur des revendications, les ingérences de la mairie RN dans l'activité du théâtre. Le syndicat dénonçant alors une volonté de la mairie de "mettre la main sur ce lieu de culture indépendant".
"Ingérence" et "pressions salariales"
Depuis 2014, la mairie d'Hénin-Beaumont est dirigée par Steeve Briois, du Rassemblement National. Pour les intermittents grévistes, cette municipalité soumettrait le théâtre L'Escapade à des formes "d'ingérences" ainsi qu'à des "pressions salariales."
"Théâtre en danger" à Hénin-Beaumont
— Marine Tondelier (@marinetondelier) September 25, 2024
Un collectif d'artistes de toute la région, amis de « l’Escapade », a interrompu ce soir le lancement de la saison.
L'indépendance de l'association gérante doit primer et la mairie la respecter. Nous en reparlerons.
Soutien aux équipes ! pic.twitter.com/XSbyKLWBx3
Ces pressions entraînent, selon les personnes mobilisées, une situation de sous-effectif pour faire tourner l'établissement. Jean-Yves Coffre, directeur de l'établissement est notamment en arrêt maladie depuis le mois d'août. Il serait "accusé par la mairie de « harcèlement moral » – ce qu’il conteste avec la dernière énergie –, il est sous la menace d’un licenciement exigé par le maire Steeve Briois ainsi que par Jean-Luc Dubroecq [président de l'association qui gère l'Escapade], qui a toujours su composer avec les désirs de la municipalité", relate un article de Télérama.
Nous ne prenons pas cette décision de gaité de cœur.
Collectif L'Intruse
Mais quelle est la responsabilité du Rassemblement National dans ce mécontentement ? Les grévistes du théâtre l'Escapade dénoncent la signature d'une nouvelle convention entre le président de l'association du théâtre et la mairie RN, sans aval du conseil d'administration, ni du directeur. Cette convention prévoit que la municipalité "puisse reprendre la gestion du lieu avec un préavis de 60 jours" explique Maxime Séchaud, secrétaire général adjoint de la CGT Spectacle. En d'autres termes, la mairie peut à tout moment reprendre les rênes de ce lieu culturel.
"Nous sommes en grève afin d’alerter sur la reprise en main imminente du théâtre de l’Escapade par la mairie Rassemblement national. (...) Nous ne prenons pas cette décision de gaîté de cœur. Elle implique de graves conséquences sur nos métiers, à court et long terme et nous expose à plus de précarité encore, en tant que compagnie, mais aussi en tant que travailleur.euses du spectacle", a fait savoir le collectif "l'Intruse" sur ses réseaux sociaux.
De son côté, la mairie d'Hénin-Beaumont a accusé par voie de communiqué le conseil d'administration du théâtre de "répandre de fausses informations", déplorant une mobilisation qui est une opération "politique" orchestrée selon elle par La France Insoumise.
"On n'a jamais rien imposé" assure le RN
Face à ces accusations d'ingérence, le Rassemblement National réplique. Christopher Szczurek, chef de la majorité RN au conseil municipal et sénateur du Pas-de-Calais, se défend de toute forme de pression.
"On n'a jamais rien imposé", lance-t-il, ajoutant que la subvention d'environ 300.000 euros versée au théâtre avait toujours été reconduite depuis 2014. Mais en arrivant à la tête de la municipalité en 2014, Steeve Briois a cassé "la convention triennale qui lie la ville au centre culturel pour la remplacer par une convention annuelle, et baisse dans la foulée la subvention d’un peu plus de 100 000 euros", relate Télérama. Une épreuve donc pour ce théâtre qui dépend grandement des financements de la ville.
À Hénin-Beaumont, l'Escapade accueille chaque année une centaine d'artistes et de techniciens. Lieu de vie et centre culturel, ce théâtre est une association qui s'emploie à "démocratiser l'accès à la culture", peut-on lire sur son site internet.
Avec AFP