Témoignage. "On me parle souvent du sourire de Paul-Émile". À 17 ans, le jeune homme a perdu son combat contre le cancer, sa sœur raconte

Héloïse a perdu son frère d'un cancer. Un adolescent parti trop tôt. Leur maman a créé l'association du 111 des Arts qui récolte des fonds pour la recherche. L'occasion de partager leurs souvenirs entre rires et maladie.

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"L’annonce, je m'en souviens très bien. C'était en février. Paul-Émile avait 12 ans. J’en avais 20, je venais de partir dans le Sud, à Marseille, pour mes études. Le mot cancer a fait très peur. Je me souviens de ma mère me dire "ne va pas sur internet". Bien sûr, j'y suis allée, mais je ne comprenais pas grand-chose" commence Héloïse, la grande sœur de Paul-Émile Cronier.

Elle poursuit : "J’ai enchaîné les allers-retours pour aller le voir. Au début, il y a eu beaucoup de biopsies puis la chimio. Assez vite, il a été opéré des deux jambes pour enlever des tumeurs. Il s'est retrouvé en fauteuil roulant". Elle poursuit : "Il a fait de la rééducation et au bout d’un an, il tenait debout. C'est là qu'il a fait une première rechute. Il s'est, à nouveau, retrouvé immobilisé et en fauteuil. Je continuais mes études en école de commerce. J’avais l’impression de vivre 2 vies, étudiante déconnectée avec sa vie et tous les 15 jours, je rentrais le voir. J'étais 100 % avec lui, on traînait à la maison, on sortait, on regardait des séries..."

Une passion pour la mode

La seule fille de la fratrie, devient, comme elle le raconte, la "personal shopper" de son petit frère. Elle confie "Paulo était très intéressé par la mode. On faisait du shopping ensemble. Il était adolescent, il avait ce souci d’être beau dans son fauteuil. Il était calé sur les marques pointues qu’il fallait avoir. "Dans mon fauteuil, je peux au moins susciter de l’envie", plaisantait-il. C’était notre complicité." Plus tard, elle allait chercher les vêtements qu'il avait repérés sur internet. 

La culpabilité

Héloïse poursuit ses études qui l'entraînent en stage, six mois, à New-York. C'est à ce moment-là que le cancer de Paul-Emile décide de récidiver. Être à l'autre bout du monde est alors compliqué pour la grande sœur : "J'avais l’impression d'avoir deux vies et une grosse culpabilité d’être si loin. Alors, j’ai continué à jouer à l'assistante shopping, je faisais partir des colis". Une manière d'être présente.

Paul-Émile souffre d'un ostéosarcome, un cancer qui s'attaque aux os. Après les jambes, ce sont ses hanches, ses épaules qui sont atteintes. Et puis les poumons.

Héloïse confesse qu'elle comprend à ce moment-là que la bataille est perdue. "Là, je savais que ça devenait compliqué, que personne ne s’en sortait. Il restait 6 mois avant qu’il ne décède".

Pourtant, elle se souvient s'être insurgée, à Noël, quand elle a surpris une conversation familiale. "J’ai entendu qu'il ne serait plus là pour la naissance des jumeaux de notre frère avec un "Qu’est-ce que tu racontes ?" Je ne réalisais pas du tout. Pourtant, son état se dégradait. Pour moi, chaque jour de plus était un jour de gagné."

Alors, la jeune femme met en pause sa recherche d'emploi. "Paulo m'a dit : tu fais ce que tu veux mais moi j’ai besoin de toi" se souvient-elle. Elle se remémore les derniers jours, compliqués, et le départ de Paul-Émile, le 4 février 2016. "Il a réussi à tenir jusqu'à ce que mon frère Antoine soit de retour".

Le 111 des Arts, mettre du beau sur les maux

Deux ans plus tard, Dominique, la maman, lançait l'association le 111 des Arts avec deux autres mères endeuillées. Le (mauvais) hasard, a voulu que la petite sœur d'une amie de Paul-Émile, Justine, décède du même cancer. Les familles se sont alors rapprochées. 

En 2018, elles organisent la première édition de cette exposition-vente d'artistes contemporains au profit de la recherche contre les cancers pédiatriques. Héloïse se souvient avoir tout de suite adhéré à l'idée et s'être embarquée dans l'aventure : "Moi j’adore, c'est mon moment dans l’année. Le week-end d’ouverture surtout. C'est la concrétisation d’un projet. Tout au long de l’année, je m’occupe des réseaux sociaux, on donne notre avis. On est très proches avec mes frères et puis les copains de Paulo sont là aussi. C'est un bon moyen de se réunir !"

Une manière de faire vivre le souvenir de Paul-Émile, Justine et Joséphine. Panser les plaies.

"Paulo, ce que je retiens c'est la façon dont les gens me parlent de lui. Il a énormément marqué les gens, les médecins, les rééducateurs, les ambulanciers, on me parle de son sourire. J'adore parler de lui !" lâche sa sœur.

Elle conclut : "Je suis très contente qu’on donne à la recherche mais c'est parfois frustrant comme combat... Ce qui m'importe c'est qu’on donne aussi aux enfants à l’hôpital, pour des lits, des fresques, des vacances. C'est plus concret et c’était hyper important pour nous pendant la maladie de Paulo."

Le 111 des Arts c'est jusqu'au dimanche 29 septembre 2024 à La Halle aux sucres, 1 rue de l’Entrepôt à Lille. Parking : Place du Concert et parking Vieux-Lille. Lignes de bus : 6-10-14-56.

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